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Dissertations Corneille

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ement, c'est devoir répondre aux exigences de l’histoire, c'est vouloir l’histoire, acquérir les moyens d’une existence plus conforme à la quête d’un sens de l’histoire. C'est pourquoi l’acteur historique ne peut manquer de vouloir faire l’histoire, d’assumer les difficultés de la présence réciproque des hommes au sein d’une même histoire en provoquant celle-ci à devenir ce qu’elle est vraiment. h Ainsi l’histoire ne peut-elle se borner à être seulement un objet de l’observation et du récit : elle devient peu à peu le moyen d’une redéfinition permanente de l’homme. En tout temps, les hommes sont entrés dans des confrontations mutuelles pour atteindre des objectifs divers : sécurité, jouissance, richesse, pouvoir. Mais il y a un plan plus fondamental sur lequel repose la poursuite perpétuelle de ces objectifs ; il y a derrière eux une finalité plus haute et sublime : il y a une concurrence nouvelle, qui se fait jour peu à peu, et qui porte sur la façon de faire l’histoire. Veillons donc à ne pas avoir une conception étriquée de l’histoire : nous aurions tort de ne voir en elle que le résultat contingent de toutes les actions qui ont été appelées par ces objectifs. Car la conception et la pratique de l’histoire deviennent pour les hommes une justification qui les autorise à poursuivre ces mêmes objectifs. Et réciproquement, ils attendent qu’à travers leurs occupations

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particulières se révèle une bonne fois pour toutes le sens universel de cette histoire, afin qu’ils puissent s’y reconnaître sans arrière-pensées. h « Faire l’histoire » peut donc devenir un but à part entière. Une histoire, et en dernier ressort, l’histoire de l’humanité, c'est le récit non pas seulement de ce qui s'est passé, c'est une démonstration. Une démonstration, cela veut dire à la fois : la mise en scène par chacun de ce qu’il est, la révélation de ce qui est essentiel par-delà les péripéties accidentelles, autrement dit encore la mise en lumière de la vérité. On fait l’histoire non seulement pour obtenir les moyens de la vie, mais aussi pour proclamer son droit à la vie. C'est pourquoi il faut invoquer les grands principes, la liberté et l’égalité ou la justice. C'est pourquoi aussi on finit par croire au tribunal de l’histoire. Il est vrai cependant qu’en s’adressant ainsi à l’histoire, l’agent humain n’entre pas en dialogue avec une instance abstraite et lointaine. Faire l’histoire, c'est choisir ses partenaires, les recevoir du hasard aussi. Le souci de faire histoire n'est jamais que l’exaspération des dilemmes de l’action. Ainsi le chemin de la gloire est-il parsemé d’écueils. On doit faire l’histoire avec les autres, mais aussi contre eux. Le devoir de faire l’histoire reste donc à la fois impérieux et enveloppé de toutes sortes d’obscurités. Plan proposé ► L’acteur historique désire créer un nouvel avenir h Le héros cornélien le crée par son sacrifice h Chateaubriand veut le marquer par son œuvre littéraire h Marx veut le renouveler par la révolution ► mais il ressent la vanité de son action et doit assimiler la négativité de son expérience h Horace est une victime

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h Chateaubriand est déçu par les personnalités de son temps h Marx se montre fataliste ► Finalement, l’histoire n’a aucun sens h Horace est un héros du passé h Pour Chateaubriand, la fin de l’histoire reste cachée h Marx lui-même doute du sens de l’histoire Dissertation rédigée Il n’existe pas dès l’origine d’homo historicus. L’Homme ne crée son histoire que par la patiente expérience des rapports collectifs et aussi par l’expérience de la violence, qu’il désire juguler pour créer une histoire future plus sereine. Allant plus loin, il conçoit l’histoire comme une marche dont il imagine le but idéal, et ce but justifie son action. Mieux, elle la rend nécessaire. Dès lors, « faire l’histoire » devient « un devoir ». « Fais ce que dois », selon la maxime de la Renaissance, et pour cela, « deviens ce que tu es ». Cependant, le seul fait d’être dans l’histoire autorise-t-il à penser que l’histoire est faite pour soi ? Mieux, qu’on peut la faire évoluer selon son idée, « à son image » ? Surtout, qu’elle a un sens, orienté au bénéfice de l’homme par une force (la Providence ou la Raison) qui dépasse l’homme lui-même ? Nous constaterons donc que l’homme, comme acteur de l’histoire, ne peut que désirer la faire, la maîtriser pour l’embellir. Pourtant, il devra reconnaître la faiblesse de sa condition, la médiocrité de ses grands hommes, l’incertitude d’un avenir grandiose. Finalement, il pourrait être rejeté dans le sentiment de l’absurde et admettre pour tout « devoir de nier l’histoire ».

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► Fait l’histoire, tout d'abord, celui qui ouvre les temps à de nouveaux possibles. L’histoire n’advient pas si on ne la fait ; rien ne vient révéler aux hommes la pertinence de leurs entreprises, sinon l’audace avec laquelle ils s’y livrent. C'est un devoir d’ouvrir la brèche par laquelle les temps se renouvellent. h Dans le théâtre de Corneille, qui adopte les formes de la tragédie, le débat de l’histoire est accaparé par le héros. Dans Horace, c'est un combat qui doit décider du sort de deux cités en conflit. C'est la proximité de sang qui incite les deux cités à renoncer à la bataille rangée des armées dressées pour leurs rois. Mais paradoxalement ce sont les familles les plus liées l’une à l’autre, entre les deux cités, qui doivent payer le prix : les Horace et les Curiace doivent faire le sacrifice de leur vie et de leurs amours, pour que la concorde règne entre leurs concitoyens. Leurs sœurs, en les épousant, ont fait d’eux non plus des étrangers, mais des frères, et ils se doivent mutuellement affection et protection. Mais ces mariages sont aussi responsables d’un bouleversement dans la définition des affiliations, et le combat en duel que leurs cités respectives leur confient est à la fois un honneur et une réparation. Le devoir qui incombe aux Horace et aux Curiace a quelque chose d’exceptionnel, et seuls des êtres d’une exceptionnelle valeur sont susceptibles de la soutenir. Horace tout particulièrement s’en montre conscient, il va même jusqu’à se réclamer du danger qui certes lui est imposé, mais qui est seul capable de manifester la hauteur où il est parvenu : « Le sort qui de l’honneur nous ouvre la barrière / Offre à notre constance une illustre matière ; / Il épuise sa force à former un malheur / Pour mieux se mesurer avec notre valeur » (v. 431). L’idée du sacrifice gouverne aussi les débats féminins, dès le début de la pièce : « concevez des vœux dignes d’une Romaine » (v. 24). L’attachement de Sabine pour Rome est médiatisé par ses liens familiaux et matrimoniaux à ses frères et à son mari. Cette proclamation de double allégeance personnelle est réitérée par elle sur le plan politique. « Je sais, dit-elle, que ton Etat, encore en sa naissance, / Ne saurait, sans la guerre, affermir sa puissance ; / Je sais [...] / Que les Dieux t’ont promis l’empire de la terre » (I, 39 et suiv.). Sabine participe par le cœur et s’identifie presque à l’élan qui pousse Rome au-delà

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de ses frontières vers d’autres territoires. Cette déclaration l’autorise à s’inquiéter pour le danger couru. Sabine morigène Horace, en son absence cependant, en invoquant le passé, l’origine commune : « Mais respecte une ville à qui tu dois Romule. / Ingrate, souviens-toi que du sang de ses rois / Tu tiens ton nom, tes murs et tes premières lois. Albe est ton origine : arrête et considère / Que tu portes le fer dans le sein de ta mère » (I, 52). Quant à Camille, aux conseils de Julie, qui lui suggère de rester pleinement Romaine, en épousant Valère plutôt que Curiace, Camille proteste de la sincérité de son amour pour celui-ci. Julie argumente sans détours pour qu’elle trahisse son amant ; mais cette proposition lui semble alors choquante : « - Camille : Quoi ! le manque de foi vous semble pardonnable ! - Julie : Envers un ennemi qui peut nous obliger ? » (I, 2, v. 156). Julie exprime la netteté cruelle de la solidarité ethnique, en disant son acceptation du combat. « Par là finit la guerre et la paix lui succède ». Camille se montre alors ferme, in extremis elle proteste de ses sentiments patriotiques. hPour Chateaubriand aussi, l’histoire est l’occasion de connaître la grandeur, et d’apprécier les petitesses. De quel héroïsme les hommes du 19e siècle sont-ils capables ? Pour lui-même, Chateaubriand ne prétend pas avoir d’ambition politique : il veut plutôt marquer l’histoire par la littérature. Cela ne l’a pas toujours empêché de rendre service, au parti de la légitimité surtout, mais aussi à Bonaparte, et de manière plus marginale, aux intérêts de la république. Il a observé les grands hommes, et son jugement n'est pas constant. Le premier d’entre eux est Napoléon. « La marche du monde s’accomplissait ; l’homme du temps prenait le haut bout dans la race humaine » ; le sourire de Bonaparte « était caressant et beau ; son œil admirable [...]. Il n’avait encore aucune charlatanerie dans le regard, rien de théâtral et d’affecté. [...] Tous ces hommes à grande vie sont toujours un composé de deux natures,

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