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Recherche Et Externalités

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es et des techniques) ainsi sollicitées pour essayer de définir quel sens peut avoir le concept d’externalité dans leur champ d’analyse.

Ces confrontations permettent également d’entrevoir dans quelle mesure les phénomènes que les économistes examinent avec l’appareil solidement instrumentalisé de la théorie des externalités sont appréhendés autrement (avec d’autres concepts, d’autres grilles de lectures, d’autres instruments) par les autres disciplines, afin d’enrichir le travail des économistes mais surtout de tenter de fonder une approche interdisciplinaire. Le domaine de l'économie de la Recherche, et en particulier celle de la Recherche et Développement (R&D), fournit un cadre privilégié pour ces rapprochements. Des évolutions très nettes marquent en effet une pensée économique longtemps dominée par la vision traditionnelle des externalités, mais qui s’attache de plus en plus à des questions similaires à celles posées par la sociologie ainsi que la gestion de la technologie.

Afin de retracer ces évolutions, nous tenterons dans une première partie de synthétiser ce qui constitue l’essentiel de la théorie des externalités en économie; dans une deuxième partie, nous nous attacherons plus précisément à l’étude des externalités de la R&D, telles que les a progressivement définies et analysées la science économique. En conclusion, nous essayerons d’élargir notre propos en examinant quelques convergences entre les disciplines de l'économie, de la gestion et de la sociologie, sur le plan théorique de la définition des externalités, et sur le plan des thèmes de recherches communs qui semblent émerger.

1 Les externalités en économie

Nous traiterons ici des externalités en général, c’est-à-dire sans référence spécifique aux externalités de la R&D qui constituent, comme nous le verrons plus loin, une catégorie très particulière d’externalités[1]. Le propos de cet article n’étant pas de retracer en détail la longue histoire des moult controverses qu’a suscité “l’un des concepts les plus insaisissables de la littérature économique” (Scitovsky, 1954), ni de présenter les différentes formalisations mathématiques souvent sophistiquées qui en ont été proposées, nous tenterons l’exercice périlleux d’une présentation très résumée et forcément simplificatrice des principales définitions, interprétations et solutions proposées par les économistes pour traiter cette question.

1.1 La définition moderne des externalités

C’est principalement dans les années 40 et surtout 50 que le concept moderne d’effets externes s’est progressivement affiné[2]. C’est ainsi que de la relation entre un “environnement social” (l’industrie) et une entreprise particulière appréhendée dans une perspective dynamique, caractéristique des économies externes de A. Marshall, on est passé à une analyse qui a pour termes de référence d’une part la mise en relation par le marché d’agents clairement identifiés, et d’autre part la recherche d’un équilibre général par nature statique.

Les effets externes désignent d’une manière générale les relations entre agents qui ne passent pas par le mécanisme des prix. Ils correspondent aux externalités que Viner, 1931 et Scitovsky, 1954 ont qualifiées de technologiques. Le problème est que ces “interactions directes” se situant hors marché, l’agent qui “émet” des effets externes positifs n’est pas rétribué par celui qui en bénéficie, pas plus que l’agent qui “émet” des effets externes négatifs ne dédommage celui qui les subit. De la sorte, l’équilibre concurrentiel de marché obtenu grâce aux mécanismes des prix ne correspond pas en présence d’effets externes à un équilibre social optimal au sens de Pareto[3], car l’agent émettant des externalités positives (négatives) a, par intérêt privé, tendance à limiter (hausser) son activité au-dessous (au-dessus) du niveau “optimal” d’un point de vue social; d’où l’interprétation de ces effets en termes de défaillances de marchés, pilier fondamental de l'analyse standard (elles jouent le rôle de “vilain de la pièce” selon Scitovsky, 1954).

Une dimension centrale des externalités soulignée en particulier par J.M. Buchanan et W.C. Stubblebine, 1962 est l’absence de contrôle exercé par le récepteur sur l’effet externe. La plupart des définitions des externalités introduisent également du côté de l’émetteur, de manière plus ou moins explicite, la notion tout aussi cruciale d’effet fortuit ou non délibéré, mais induit par une autre activité faisant elle l’objet d’un calcul économique (Mishan, 1971, Catin, 1985).

Les externalités de production et de consommation sont fréquemment distinguées, suivant la nature de l’activité qui génère l’externalité. Parmi les exemples classiques peuvent ainsi être citées les externalités de production positives (et dans ce cas réciproques) entre un apiculteur et un exploitant de pommiers (les abeilles butinant et fécondant les fleurs du verger), et la pollution générée par une entreprise industrielle comme externalité de production négative. Lorsqu’une personne joue de la musique bruyante et désagréable à l’oreille de son voisin à 3 h du matin, il y a externalité négative de consommation; alternativement, bénéficier de la vue des fleurs du jardin d’un voisin constitue une externalité positive de consommation.

1.2 Causes et interprétations des effets externes

Même si, resituées dans le contexte de l’équilibre général, les externalités sont appréhendées en termes de défaillances de marché, un certain degré de confusion et même d’imprécision a toujours régné sur leur exact statut en la matière, et notamment sur leur lien avec d'autres causes de défaillances de marché (existence de biens publics, indivisibilités, rendements croissants, structure de marché monopolistique,…). Le débat s’est clarifié avec la distinction entre causes de défaillance de marché et cas de défaillance de marché, parmi lesquels figurent les externalités[4]. Pour simplifier, il est possible de distinguer deux séries de sources (ou de causes) d’externalités : les premières sont relatives aux caractéristiques des biens qui sont en jeu dans les cas d’externalités, les secondes sont liées de manière générale aux conditions dans lesquelles les émetteurs et récepteurs sont en relation.

L’externalité va apparaître si, dans le cadre d'une production (ou consommation) rationnelle au sens économique d'un bien, un autre bien produit de manière fortuite (produit "joint") présente les propriétés d’un bien public ou d’un bien mixte (possédant à la fois des caractéristiques de bien public et des caractéristiques de bien privé). Ces propriétés sont la non rivalité (la consommation d'un bien par un agent ne prive pas un autre agent de sa consommation) et le non exclusivisme ou la non appropriabilité (il est impossible d’empêcher un agent ne payant pas le prix d'un bien de le consommer) : un bien public pur possède les deux propriétés, un bien privé pur aucune des deux, et un bien mixte l’une des deux[5]. Le "produit joint" en question est ainsi non complètement appropriable et ne peut faire l’objet d’un marché : ses effets positifs ou négatifs ne sont pas payés sur un marché classique, donc ne sont pas pris en compte dans les calculs de maximisation des agents privés; d’où la divergence privé-public.

Les conditions de mise en relation des émetteurs et récepteurs seront d’une manière générale propices à l’apparition d’externalités si l’ensemble des éléments, notamment informationnels, nécessaires à une transaction sur un marché classique ne sont pas disponibles, et sont trop coûteuses à collecter; autrement dit si des coûts de transaction au sens large existent et sont trop importants pour que le mécanisme de marché puisse fonctionner normalement. Ces coûts peuvent être de différentes natures : coûts d’exclusion physique, coûts d’identification des émetteurs et récepteurs, coûts de recherche d’information sur la nature des biens (qualité, quantité) et leur impact sur le récepteur (cf le problème de la révélation des préférences et de la technologie des agents), coût de négociation, coût de réalisation et de contrôle de la transaction. De la sorte, même s’il existe techniquement une possibilité d’appropriation du bien qui véhicule l’externalité, ce droit de propriété ne peut s’exercer sans supporter un coût prohibitif. La pollution d'une rivière par une une usine touchant d'autres entreprises en aval fournit un exemple classique de cette situation : l'identification précise du volume de produit polluant déversé, celle de son impact sur l'eau de la rivière, et par suite sur les activités des agents affectées peuvent être techniquement réalisables mais risquent d’être extrêmement coûteuse.

On voit donc que l’absence de marché, pour des raisons techniques ou financières, constitue l’une des caractéristiques fondamentales des externalités; ce constat va servir de base à quelques-unes des propositions de “correction” des divergences privé-public causées par les externalités.

1.3 L’internalisation des externalités

Sous

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