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Commentaire Leconte De Lisle

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ception personnelle de la poésie. Dans un premier temps nous nous intéresserons à la manière dont le sonnet est travaillé, avant d’étudier le refus du lyrisme par l’auteur.

Pour commencer, nous allons prouver que le sonnet possède une structure particulière dont l’aspect musical renforce la métaphore animale.

Un sonnet est un poème à forme fixe. D'ordinaire l'on distingue parmi les sonnets réguliers les « français » comme celui que nous avons à étudier, « italiens », « élisabéthains » ou « shakespeariens ». Le sonnet est un genre qui a été pratiqué dans une bonne partie de l'Europe, tant dans les poésies syllabiques que rythmiques. Dans la littérature française ce type de poème a été largement illustré tout au long de son histoire, par des auteurs aussi célèbres que Leconte De Lisle comme Ronsard, Baudelaire ou Mallarmé. Le sonnet apparait en France en 1536. « Les monteurs » comportent deux strophes de quatre vers, des quatrains suivis de deux strophes de trois vers, des tercets. Ce sonnet détient une mesure précise des vers : quatorze vers en alexandrins, c'est-à-dire 12 syllabes, à rimes riches et ne tolère aucune répétition de mots. Il possède une disposition des rimes particulière. La rime est en poésie un jeu d'homophonie entre des phonèmes répétés à la fin de plusieurs de vers. Elle est ainsi constituée par le retour de sonorités identiques. La rime a remplacé l'assonance médiévale en imposant cette reprise des sons consonantiques qui suivent éventuellement la dernière voyelle tonique : les poètes du XVIe siècle et leurs successeurs comme Malherbe ont par ailleurs défini peu à peu des règles contraignantes qui se sont imposées jusqu'à la fin du XIXe siècle et que l'analyse littéraire retient dans l'étude des rimes. Le premier quatrain de ce poème est organisé par des rimes embrassées du type ABBA puis ces rimes sont inversées en BAAB dans le deuxième quatrain. Les tercets détiennent des rimes du type CCD puis EDE. L’auteur respecte l’alternance entre les rimes féminines, celles qui se terminent par un e muet : « poussière » « carnassière » et les rimes masculines « été » «ensanglanté». De plus, on s’aperçoit aussi que les deux premières strophes sont composées des mêmes rimes. Le sens est complet ou du moins suspendu à la fin de chaque strophe. Le dernier vers (chute), bien préparé, apparaît comme le sommet du poème. Même la sonorité du poème atteint la perfection. Le poème est confectionné à l’aide d’allitérations et d’assonances. Le terme « allitération » du latin ad ("à") et littera ("lettre") est une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou plusieurs consonnes, à l'attaque des syllabes accentuées, à l'intérieur d'un même vers ou d'une même phrase. Elle vise un effet essentiellement rythmique. Elle permet de lier phoniquement et sémantiquement des qualités ou caractéristiques tenant du propos afin d'en renforcer la teneur ou la portée sur l'interlocuteur. Dans ce sonnet, les sons [r], [m] et [p] reviennent souvent notamment avec des mots, pour le son [r] « morne » « meurtri » « poussière » « hurlant » « promène » ; pour le son [m] « Morne » « meurtri » « animal » et pour le son [p] « poussière » « plein » « pavé » « plèbe ». Ainsi, nous avons l’impression que la souffrance de l’animal est pénible, désagréable. Le terme « assonance » lui, vient du latin adsonare (« répondre à un son par un autre son ») qui consiste en la répétition d'un même son vocalique (phonème) dans plusieurs mots proches. On emploie pour regrouper ces deux termes : l’homophonie. Ces jeux phonétiques cherchent parfois à inspirer au lecteur une relation entre le sens, le thème du texte et l'effet d'insistance inscrit dans sa matière sonore. On parle dans ce cas traditionnellement d'"harmonie imitative" c'est-à-dire un effet musical visant à l'imitation de ce qui est représenté. Ces sonorités renforcent l’aspect horrible de la scène. Les mêmes allitérations que dans le premier quatrain montrent que l’auteur a passé du temps à concevoir sa poésie, qu’il a recherché les moindres détails pour faire ressortir ses pensées même au niveau sonore. Il semble vouloir concevoir un poème comme un joaillier conçoit un bijou et ainsi faire de son poème un bijou sonore. L’auteur utilise une comparaison pour comparer son cœur à la souffrance de l’animal exhibé comme nous l’indique l’expression « Tel un morne animal ». Cet animal connait des souffrances épouvantables, d’ailleurs une énumération insiste sur cette souffrance physique et morale avec des mots tels que « meurtri » « morne » « hurlant » « la chaîne au cou » « au chaud soleil d’été ». Nous remarquons que ces termes sont de plus en plus fort ce qui nous amène à dire que l’auteur utilise la gradation pour intensifier la pitié et la douleur de l’animal. L’animal est privé de liberté et connait une terrible expérience. De la même manière, la sonorité de ces mots renforce la barbarie de la scène et la cruauté de la scène avec les sons [ch], [r], [m] et [p]. Ces sons évoquent la brutalité et la férocité mais aussi la « non fluidité » du poème c'est-à-dire que ces sons permettent d’entrecouper les mots comme pour mettre en relief l’atrocité , l’inhumanité, le sadisme du montreur. L’expression « la chaine au cou » indique qu’il est privé de liberté et ne peut pas agir comme il veut, il doit obéir à son montreur qu’il le veuille ou non. L’animal est soumis à divers tortures notamment l’humiliation, il a soif et est liquéfié dans la chaleur d’un « chaud soleil d’été ». Il est ainsi soumis à la domination de l’homme sadique comme le cœur du poète à celle de la foule. La métaphore « cœur ensanglanté » met en relief la sensibilité du poète. En effet, le cœur symbolise l’amour, les sentiments, les émotions. L’adjectif « ensanglanté » désigne quelque chose qui saigne qui est donc blessé. Nous pouvons affirmer qu’ici le cœur du poète est blessé (au sens figuré) comme l’animal maltraité. Nous pouvons dire que le travail de Leconte de Lisle sur ce poème semble minutieux et réfléchi car il n’expose pas directement son état moral mais le dissimule derrière une figure de style. La métaphore en poésie possède une fonction spécifique. Sous une forme condensée et plus brillante que la comparaison, la métaphore crée une analogie. Ainsi la métaphore « le cœur ensanglanté » du poète décrit ses émotions profondes sans pour autant nous divulguer ses sentiments. De même, l’utilisation de plusieurs figures de styles telles que: la gradation, l’énumération, la comparaison, la métaphore indique que l’auteur a travaillé sur l’aspect monstrueuse du poème en recherchant des mots et des sons pour crée une atmosphère afin que nous puissions imaginer la scène.

Nous pouvons dire que le sonnet est travaillé par sa structure classique et ses rimes riches, variées, et en harmonie avec le thème du poème. La sonorité des mots et les divers figures de styles nous indique que le poète confectionne son poème comme joaillier conçoit un bijou en voulant ainsi atteindre la perfection à sa manière.

Dans cette seconde partie, nous allons nous consacrer plus particulièrement sur l’image péjorative de la foule qui ressort du poème. Nous allons par la suite justifier le choix de la pudeur par Leconte de Lisle avant de constater son opposition face au romantisme.

L’auteur utilise le registre polémique qui vise à inspirer au récepteur une adhésion intellectuelle à des valeurs jugées menacées. Pour ce faire, il utilise un lexique moral mélioratif (vertu, liberté, beauté) qu'il oppose à celui du dérèglement et de la dépravation (termes violemment péjoratifs). Leconte de Lisle interpelle directement la foule par l’expression « Ô plèbe » ou à l’aide des adjectifs possessifs : « ton » « ta ». Le mot « Plèbe » signifie la foule avec une nuance de mépris ce qui montre son opposition face à elle. De plus, il s’adresse à la foule qui n’est qu’un interlocuteur fictif. L’auteur emploie donc le dialogisme pour exprimer son désaccord, sa colère. L’image de la foule est péjorative car elle est décrite comme « voyeur » c'est-à-dire qui prend du plaisir à regarder l’animal maltraité. Nous pouvons nous référer à l’image du vampire qui est attiré par le sang, la foule, elle, vient se nourrir de la douleur de l’animal, du spectacle donné grâce en parti au mot « carnassière ». De nombreuses connotations négatives dévoilent l’opinion et les pensées de l’auteur par rapport à cette foule qu’il traite d’ « Histrions », de « prostituées ». Comme si la population violait ce que ressent un auteur, son intimité. Il reproche au public notamment son manque de respect, sa grossièreté et sa stupidité. La foule est décrite comme bête, qui regarde quelque chose sans ressentir aucun sentiment, aucunes émotions comme l’indique l’exemple «ton œil hébété ». Il considère que dévoiler ses sentiments n’apporte rien en particulier à la population puisque pour elle, il ne s’agit que d’un amusement superficiel qui n’entraîne aucune réflexion. L’exemple « un feu stérile » désigne ce spectacle qui n’aurait pas d’effet, de conséquence sur la foule. Leconte de Lisle informe qu’il est inutile d’exprimer ses sentiments car la foule ne l’apprécie pas à sa juste valeur, elle

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