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Lecture Analytique L'HuîLecture

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s'orner.

Commentaire littéraire :

I. Une écriture apparemment descriptive

Cette impression est accentuée par le choix du poème en prose au lieu de la poésie versifiée, et par le titre même du poème.

A. Une description organisée en trois temps

a) Une certaine progression

Le texte est construit en 3 temps = 3 paragraphes.

- Premier paragraphe : description extérieure de l'huître : « d'une apparence ». Description très générale.

- Deuxième paragraphe : on passe à une description intérieure de l'huître, comme l'indique les premiers mots du paragraphe : « A l'intérieur ». La description est aussi plus précise.

- Troisième paragraphe : description d'un élément particulier à l'intérieur de cette huître : la perle. La particularité de cette description est marquée par les premiers mots : « parfois très rare ».

Cette progression de l'extérieur vers l'intérieur et du général au particulier est également marquée par un raccourcissement de la taille des paragraphes. Francis Ponge focalise sur des éléments de plus en plus précis. Le premier paragraphe est constitué de plusieurs phrases (5), le deuxième est une seule longue phrase, et le troisième est une seule phrase courte.

b) L'extérieur de l'huître : la solidité

Elle est comparée à un « galet » -> idée de solidité et de longévité.

Ponge insiste sur la difficulté pour ouvrir l'huître :

« apparence plus rugueuse » : désagréable au toucher, il est difficile de s'en saisir.

« opiniâtrement clos »

Solution pour l'ouvrir = solution en trois temps, donne l'impression d'un mode d'emploi (cf. rythme ternaire marqué par les virgules). Il faut « s'y reprendre à plusieurs fois ».

Des instruments sont nécessaires : torchon, couteau ébréché.

Nécessité d'utiliser la violence pour ouvrir l'huître : « Les coups qu'on lui porte », utilisation d'une arme (couteau).

« les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles » : deux verbes exprimant une violence renforcée par l'allitération en [k] (qui rappelle le son des coups).

c) Un intérieur rempli d'éléments hétéroclites

Le fait que la description de l'huître faite par Ponge dans le second paragraphe ne soit constituée que d'une seule phrase avec beaucoup de juxtapositions insiste sur une sorte de difficulté pour définir la nature de l'intérieur du coquillage.

L'expression « tout un monde » est renforcée par « à boire et à manger » (double sens : au sens propre signifie qu'il y a de l'eau et le fruit de mer et au sens figuré est une expression signifiant qu'on y trouve beaucoup de choses de qualité différente).

Enumération d'éléments appartenant à des réalités diverses : les « cieux », « une mare », le « sachet », « dentelle ».

Caractère insaisissable de certains éléments :

- « les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous » : il devient difficile de distinguer lequel est lequel, tout se mélange.

- « qui flue et reflue à l'odeur et à la vue » : expression d'une mobilité qu'aucun sens se semble en mesure de fixer, ni l'odorat ni la vue.

Juxtaposition de termes nobles et péjoratifs (« nacre », « mare », « visqueux et verdâtre », « dentelle noirâtre » la dentelle est une matière noble mais l'adjectif noirâtre la dévalorise) -> difficile de donner une valeur à l'huître.

d) La perle

Le poème finit sur un paragraphe élogieux sur l'huître.

La beauté : « perle », « nacre » (= l'intérieur de l'huître), « orner » = fonction esthétique.

La rareté : « très rare » : superlatif, « formule » = petite forme : ce n'est pas abondant.

B) Une démarche apparemment objective (de « objet »)

Le poète énonce d'emblée ce dont il va parler : « L'huître » : premier mot et titre du poème.

Les deux premiers verbes = verbe « être » : il s'agit de déterminer une identité, de définir.

Eléments propres à une définition : la taille (« grosseur »), la couleur (« blanchâtre », « blancs », « verdâtres », « noirâtre »), la consistance (« rugueuse », « visqueux »), la matière (« nacre »).

L'énonciation montre une recherche d'objectivité :

- Tournures impersonnelles : « on peut », « on trouve », « s'y reprendre à plusieurs fois »...

- Tournures se rapprochant d'une notice explicative : « il faut alors la tenir », « se servir d'un couteau ».

C) Une recherche du détail

Précision : « au creux d'un torchon », « couteau ébréché », « marquent son enveloppe de ronds blancs »...

Recours à des comparatifs de supériorité ou d'infériorité : « plus rugueuse », « moins unie » -> caractérisation précise de l'objet.

Description qui fait appel aux sens pour permettre au lecteur de se représenter au mieux l'objet dont il est question :

- La vue : « couleur », « brillamment », « blanchâtre », « ronds blancs », « vue »...

- Le toucher : « rugueuse », « ébréché », « visqueux ».

- Le goût : « à boire et à manger ».

- L'odorat : « odeur ».

- Et dans une moindre mesure, connotation à l'ouïe : « parler »

Toutefois ces précisions restent souvent approximatives, comme le montre l'utilisation du suffixe « âtre » (« blanchâtre », « verdâtre ») ou encore « une sorte de ».

Cependant, sous des apparences descriptives, ce texte présente les caractéristiques d'un texte poétique.

II. Les caractéristiques d'un poème

A) Des jeux de sonorités

- Des homéotéleutes (figure consistant à répéter des finales de mots) : « noirâtre », « blanchâtre », « verdâtre » qui fonctionnent presque comme des rimes.

- Des jeux sur les allitérations et assonances :

En [k] : « les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles », « Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe ».

En [r] : « parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner ».

En [s] : « les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous ».

En [v] et [f] + assonance en [u] : « visqueux et verdâtre » (...),« flue et reflue à l'odeur et à la vue ».

B) Des jeux sur le langage

Sur la polysémie : « à boire et à manger » huître comestible avec du liquide et du solide à l'intérieur, huître composé d'éléments hétérogènes.

« firmament » est un terme habituellement utilisé en poésie, « nacre » exprime la pureté, mais ici le mot fait référence à la matière dont l'huître est constituée : d'ailleurs le jeu sur le sens propre et le sens figuré est mis en évidence par l'expression « à proprement parler » mise entre parenthèses : c'est comme si le poète nous disait qu'il avait conscience d'utiliser un vocabulaire poétique, il précise car en général il utilise le langage poétique.

Différentes figures de style présente dans le texte le rende poétique :

Oxymore : « brillamment blanchâtre » : « blanchâtre » connote un côté terne, non brillant.

Personnifications : « c'est un monde opiniâtrement clos » : l'opiniâtreté (= persévérance, acharnement) est une qualité humaine. « un couteau [...] peu franc » : connotation morale. « leur gosier de nacre » : l'huître n'a pas de gosier.

Métonymie : « les doigts curieux » pour désigner la personne qui tente d'ouvrir l'huître.

C) Métaphore filée entre l'huître et le monde

Cette idée est retrouvée explicitement à deux reprises dans le poème : « c'est un monde », et « A l'intérieur l'on

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