L'Invention Du Sentiment Sapho

nymos et Cléis (aristocrates), est une poètesse grecque qui a vécu sur l'île de Lesbos au VIIème siècle avant Jésus-Christ dans la petite ville d'Eresos puis à la capitale Mytilène avec sa famille.

> Première poétesse de l'Occident, Sappho est également l'un des premiers poètes à exprimer en dialecte éolien, non pas la vie des dieux ou des personnages légendaires comme le raconte par ex Homère, mais la vie amoureuse avec beauté et franchise, qui est sans doute la sienne. Autrement dit, les poèmes épiques dans lesquels les aventures de héros liées à la volonté des dieux sont glorifiées, laissent la place aux poèmes lyriques, qui décrivent les tourments et les joies de l'individu ainsi que les excès de la passion.

> Elle fut mariée à Cercyles et eût avec lui une fille, à lui elle donna le même nom que sa mère, Cléis. Néanmoins son amour pour les femmes apparaît très vite dans ses poèsies. Elle était une très grande poètesse. Platon la qualifie même de "dixième muse".

> Sappho était petite de taille. Elle avait les cheveux et les yeux noirs. Elle était très brillante et d'une nature passionnée ce qui la rendait attirante. Son affection prenait les tons les plus chauds. Plutarque dira d'elle : "Ses paroles étaient de feu"

>Durant sa vie, Sappho eut des périodes d'exil liées à des engagements politiques. Elle dut s'exiler en Sicile pour avoir soutenu le parti aristocratique contre le tyran Pittacos.

> Sappho fonde une institution lors de son retour à Mytilène qui rassemblait une communauté ayant les mêmes aspirations. On y enseignait l'écriture, la lecture, le théâtre, la poèsie, la musique et la danse. Aphrodite déesse de l'Amour est choisie comme protectrice de cette institution surnomée "la maison des servantes des muses". Sappho tomba amoureuse de certaines des jeunes filles de cette institution, comme Atthis dont elle était follement amoureuse.

> Sappho serait morte à l'âge de 30 ans. Certains disent qu'elle se serait tuée en se jetant du rocher de Leucate par chagrin d'Amour pour Phaon qui l'aurait repoussée. En effet, on disait, que ce rocher situé à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, guérissait du mal d'amour.

Sappho fut la première femme dans le monde à chanter les joies et les souffrances que causent l'amour.

Des neufs livres qu'elle composa ne subsistent aujourd'hui, comme étant connu, que six cents cinquantes vers consacrés à la passion amoureuse, à la beauté, à la nature, à Aphrodite…

Au 11ème siècle de notre ère des poèmes de Sappho furent brûlés à Rome sur la place Saint Pierre. Il ne nous reste de ses écrits que peu de traces : un seul poème est arrivé jusqu'à nous dans son intégralité, "l'Hymne à Aphrodite".

Comme, il ne nous reste d'elle que des fragments et des citations éparses faites par d'autres auteurs s'étendant à travers les siècles, on ne peut reconstituer son oeuvre et sa vie qu'à travers ce prisme très déformant. Il ne faut donc pas perdre de vue qu'on parle à la fois d'une personne et d'un personnage, sans qu'il soit toujours facile de distinguer l'une de l'autre.

· Analyse de l'oeuvre.

L'histoire de Sappho, remplie de passion et d'émotion est un sujet parfait pour un peintre néo-classique tel qu'Antoine-Jean Gros. En effet à cette époque, on vise à des transformations vers un pathos et une théâtralité plus marquée dans les sujets artistiques que dans les premières décennies du XIXe siècle. Il se développe dès lors une nouvelle thématique, où l'expression de la raison, et même du sentiment, cède le pas à la mise en avant d'émotions intenses, voire d'états seconds comme - le cauchemar, les délires, la hantise de la mort...ect -

Sa toile, Sapho à Leucate, attire d'emblée tous les regards au salon de 1801 par son atmosphère nocturne, sa poésie et l'harmonie de ses bleus profonds. Le peintre mêle deux Sapho : la poétesse grecque de l'île de Lesbos, et la cithariste qui se jette du haut du rocher de Leucate par amour déçu pour Phaon.

Sur cette toile, la jeune femme, Sappho, poétesse de Leucate agonisant d'amour, se jette dans la mer devant un clair de lune rayonnant. Touchée par un voile transparent posé de biais, Sappho semble en équilibre entre le monde des vivants et le monde des morts, comme le suggère l'autel des sacrifices se situant derrière les falaises.

La tête renversée en arrière, la jeune femme s'élance les yeux fermés, ses voiles flottent au vent, véritable métaphore du basculement de la peinture classique vers l'imaginaire romantique en formation.

Cette toile de Gros répond parfaitement aux normes du néo-classicisme de part:

> L'orthogonalité générale du tableau (composition: état de courbes, de droites, de projections, etc., qui sont orthogonales)

> Le thème moralisateur, voire propagandiste (particulièrement sous Napoléon). Ici en rapport avec l'histoire et les moeurs de Sappho qui l'on conduit à sa perte.

> La mise en avant de la simplicité et du “naturel”. Ici, simplicité du paysage, décor, vêtements et geste de Sappho.

> Les thèmes inspirés par l’antiquité grecque et romaine (ici sujet directement tiré de la mythologie grecque)

> La couleur locale destinée à séparer les groupes de personnages. Ici utilisation de couleurs froide, on ne distingue les formes non pas par la couleur mais par les jeux de lumière.

> La perfection du dessin, de la ligne et de la composition priment également sur la valeur des couleurs. Couleurs et lumière que les néo-classiques reprennent d’ailleurs à la peinture classique du XVIIe siècle (à Poussin par exemple).