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La Sculpture Commemorative Dans L'Espace Public Au Xxème Siecle

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ique, FALGUIERE, qui proposa Balzac assis en train de méditer. Inaugurée en 1902, elle est maintenant oubliée…

Monumentalité éphémère :

Désireux d’ironiser sur la prétention humaine à s’imposer par des créations emphatiques et grandiloquantes , CHRISTO et JEANNE-CLAUDE font des empaquetages éphémères une des lignes de force de leur invention esthétique. En 1970 à Milan, les monuments à Léonard de Vinci et à Victor-Emmanuel (1er roi de l’Italie unifiée) redonne une valeur marquante à la sculpture publique dans l’imaginaire contemporain.

c)Autre exemple avec « Sculpture contre-sculpture ou le Touroscope » de BUREN àRotterdam en 1988 ; Il dessille nos regards sur la pluralité des formes. Il en déconstruit

l’espace de perception et le ravive, par de nouveaux cheminements autour d’une statue. Il engage différemment notre corps, notre perception de l’espace et d’une histoire, c’est-à-dire notre manière d’être au monde. Il construit une structure métallique sur une sculpture (sorte d’obélisque surmontée d’un ange protégeant la ville) entourant l’œuvre et s’y superposant :

-transparence : la structure n’oblitére pas l’œuvre

-l’installation permet de s’approcher au plus près (avant , l’œuvre était forcément vue du sol , donc à une certaine distance)

-par le cheminement autour, il y a réelle prise de conscience de la mesure de l’œuvre

-la statue de l’ange est enfin vue

-on découvre ce qui l’entoure

-c’est un lieu à voir et pour voir

-une fois dessus la structure s’efface et permet de voir autrement, autre chose et autre part.

B- Des formes sans cesse renouvelées

Depuis les années 70, objet de luttes et de contestations, de réinventions multiples et contradictoires, la sculpture commémorative ne cesse d’être porteuse d’une mémoire vive qui façonne l’identité nationale de chacun et confère aux sites urbains leur densité spécifique.

Cette création tridimensionnelle marque fortement l’espace public , elle nous fait prendre conscience et expérimenter physiquement comme mentalement , que la commémoration et l’oubli, le passé et le présent continuent à se conjuguer dans nos villes comme dans nos vies.

« Le monument n’est pas une évocation vaine du passé, idéalement il enrichit le présent et prépare l’avenir, et est appelé à jouer un rôle réellement actif ».

Il est intéressant malgré tout de réfléchir à cette pensée de R. Musil, écrivain des années 20, à propos du paradoxe du monument : « Tout ce qui se prolonge perd le pouvoir de frapper »…

II Corps symbolique et mémoire incarnée

1éré guerre mondiale, 9 millions de morts, un monument par commune en France.

2ème guerre mondiale, 40 millions de morts…monumentomanie, peu de qualité esthétique. Les grands artistes sont peu employés à cause de leur engagement avant-gardiste. Quelques exceptions, par exemple : ZADKINE , la ville détruite, 1953 à Rotterdam. Ayant traversé la ville rasée, en train, après la guerre, hanté par ce souvenir il propose un corps humain qui renvoie à la ville par procédé de personnification ; les bras levés elle évoque un cri de protestation.. D’une hauteur de 6m50, en bronze, elle synthétise les recherches plastiques de Zadkine depuis les années 10. Le commanditaire est un mécène : G. van der Wal, directeur de grand magasin. Les reproches faits :

avoir figée la ville dans son passé

le registre figuratif (à une époque où l’abstraction s’impose)

trop « désespérée » : c’est-à-dire avoir pris un parti anti-idéaliste ;

Fin XXème, Jochen GERZ , conteste la tradition du monument mais paradoxalement la revivifie . Il propose à Biron, une commune du Périguord dont le monument aux morts était dégradé, de le remplacer par le même mais d’en modifier l’usage et donc, le mode de fonctionnement : il y place des plaques émaillées où figurent les réponses anonymes des habitants du village à une question secrête du type : « qu’est-ce qui est assez important pour accepter de mourir ? ». Le monument est ainsi un lieu de méditation sur la valeur présente de l’existence humaine. Il marque aussi une ouverture au temps car l’avenir de l’œuvre est prévu : un couple du village est chargé de continuer à poser la question à ceux qui atteignent leur majorité ou aux nouveaux venus.

Gerz « ..un monument vivant sans cesse réactualisé. Il faudra l’entretenir…on sera obligé d’y retourner pour le cultiver, l’actualiser ». En fait, ce monument a un avenir infini, non programmé, une création continue. « Il s’agit d’un travail de moi que je ne connaitrai jamais et qui ne cessera de changer ».

L’exemple de la ville nouvelle créée en 1969 et qui s’est dotée en 96 d’un monument « à la mémoire et à la paix » par D. JACOB : un équivalent des monuments aux morts pour une ville nouvelle.

III Figures, entre allégorie et modernité

La multiplication des monuments aux morts et leur laideur en expliquent le rejet et l’oubli. Mais ils restent un témoin de l’histoire des mentalités.

Artistes indépendants , sculpteurs classiques

Les artistes indépendants forment un groupe distinct des académiques et des avants-gardistes. Ex :

MAILLOL : un style particulier au sein de la sculture post-rodinienne à partir de 1906. Il est à l’origine de plusieurs monuments aux morts dans sa région, le Roussillon. A Elne, Ceret, Port-Vendres, Banyuls-sur-mer. Pour ce dernier, il propose une composition en tryptique avec , au centre, « guerrier mourant ou immolation » entouré de 2 autres bas-reliefs en référence à la Grèce antique : des stéles funéraires ou un extrait de la frise des panathénées, à l’expressivité contenue mais réelle. D’après MAILLOL « il faut se placer hors du temps , dans l’éternel ».

Dans un esprit différent, avec Paul Dardé à Lodève, en 1930 : la composition figure, grandeur nature un soldat gisant, 4 femmes debout et une autre ployée, et 2 enfants à ses pieds : scène traitée de manière réaliste mais imaginaire ( les soldats mouraient au front, non entourés).

La sculpture moderne

L’histoire du monument à G. Appollinaire est assez illustrative des difficultés rencontrées pour inventer une sculpture commémorative moderne. A près la mort du poête une souscription publique est lancée pour l’édification d’un monument funéraire. Picasso grand ami d’Appollinaire est choisi en 1921, mais tarde à présenter un projet.. En 1928, il propose une maquette en fil de fer , correspondant au style de son travail à cette époque et au « monument en rien » inventé par Appollinaire pour le héros de son roman « Le poête assassiné », sorte de biographie fictive, où le sculpteur ( un oiseau du Bénin ) imagine pour le héros « …une profonde statue en rien (…) comme la poésie et comme la gloire » . La profondeur et la hauteur du monument prévu par Picasso correspondaient à celles d’une tombe. Le projet est refusé. Picasso finira par proposer une tête de Dora Maar, en bronze en 1941 ; solution de compromis, moins novatrice ( sens allégorique).

Autre ex. L’espace monumental à Tirgu Jiu par BRANCUSI , sculpteur roumain, le premier à installer dans un espace public un monument véritablement moderne.

1935 : la ligue nationale des femmes roumaines de Gorj lui passe commande d’un monument en souvenir des hommes tombés en défendant la ville entre 1914 et 1918.

Il a carte blanche. Il propose une version agrandie de la Colonne sans fin( plus de 30 m de haut) ,en métal et alliage de cuivre doré, à l’extrémité est du parc. A 1 km5 plus loin la » Table du silence » ( 2 tambours superposés, entourés de 12 tabourets ; entre les 2 , la « Porte du baiser », sorte d’arc de triomphe mais investi d’une autre valeur et en écho aux portes en bois de l’art populaire roumain. Il a créé une sorte d’espace initiatique propice à la remémoration du passé comme à l’ouverture vers l’avenir. Il a voulu une œuvre qui ne puisse se résumer en aucun message ( il a refusé que soit apposée la plaque de bronze prévue pour expliquer les circonstances de la création de cet ensemble.)

Les échecs de Giacometti

Son œuvre : « le palais à 4h du matin » New York, 1932-1933, est pour lui un monument commémoratif privé. Ses réponses à des commandes n’ont jamais été retenues , par ex : La Nuit , 1946, une femme, pour un monument aux morts ;

Le Chariot, 1950 : mémorial à J. Macé.

Ces refus révèlent la discordance entre l’aventure de la sculpture moderne et l’ambition de traiter explicitement des thèmes lisibles par tous.

D’après la critique d’art R. Krauss, il serait impossible d’inventer des monuments commémoratifs véritablement modernes.

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