Les Pas De Paul Valery

moureuse

Ce poème est d'abord un poème d’amour sur le thème de l’attente, tout est souhaité mais rien n’est déterminé et encore moins achevé. C’est une personne audible par le narrateur, on entend « lentement placés » (v.2), ce qui évoque l’idée d’une progression régulière et solennel comme dans une chorégraphie, tout est mesuré : « Procèdent » (v.4) (sens étymologique : qui s’avance d’une marche égale). Les « pas » de la femme aimée sont extrêmement discrets, puisqu’on a des adjectifs et mots étant marqués par une diérèse, ce qui reprend l’idée du silence, de la solennité. L’adverbe «lentement» (v.2) anticipe « tes pas retenus » (v.6). Retour de la femme qu’il connaît forcément et qui n’est nullement précipité. L’adjectif « nus » (v.8) fait écho avec le participe passé « glacés » (v.4). Cette femme vient pour rencontrer et presque embrasser le poète, imaginé à la 3ème strophe : « lèvres avancées », « baiser ». La conjonction de subordination « si » (v.9) nous fait aller dans l’hypothèse, ce n’est pas sûr que ça se passe comme l’auteur le souhaite, c’est une mise en usage. Le désir auquel il pense est un projet. L’expression « lèvres avancées » est une fiction de la réalité qui prépare l’action : ce qui est presque déjà vrai avec les « pas » en cours d'exécution. Dans la 4ème strophe, il la supplie de ne pas précipiter les choses : « Ne hâte pas » (injonction, supplique), il en donne une explication : « car j’ai vécu de vous attendre » il veut savourer et s’il s’en approche le désir mourait.. Atmosphère silencieuse, comme une cérémonie religieuse. Comme Baudelaire, il a besoin du silence pour capter et imprimer parfaitement les « pas » qui semblent naître du silence. C’est seulement dans ces conditions que peut se hâter l’individu. Les pas suggèrent les différentes étapes, les difficultés pour trouver les rimes, les mots justes, tout ce processus pour créer. Le rythme du poème illustre la lente approche de la femme aimée mais aussi le lent processus de la création. Allitération en « en » qui nous fait entendre cette lenteur et douceur.

L’état d’esprit du poète.

Grande captation suspendue au bruit du silence : «vigilance» (v.3), «retenus» (v.6), il est attentif à l’approche des pas, non seulement il les souhaite mais il les redoute : ambiguïté à la manière dont il lui parle. . Il ya un changement de pronom de « tes pas » à « ces pas » et de « vous » à « vos ». Le bonheur de l’attente est tout, mais les retrouvailles lui font peur, or c’est paradoxal, il a passé toute sa vie à l’attendre et maintenant qu’elle est là, il la freine. . Attente : « J’ai vécu de vous attendre », « habitant de mes pensées ». Il est très heureux d’avoir été choisi. Ce que le narrateur souhaite est la rencontre avec la muse mais en même temps cela peut être préjudiciant. L'assonance en «i» évoque le sourire, le bonheur, l’attente de la joie ; tandis que l'allitération en «d» rappelle le désir, surtout audible dans les 2 premières strophes, mais aussi «divine» (v.5), «doux» (v.6), «Dieux» (v.7). L’allitération filée en «s» annonce et précède la création, l’inspiration de la Muse. Les «p» rappellent, donnant à entendre les pas.

L’espoir d’être aimé est presque aussi heureux que celui de la présence de la femme et peut-être même plus.

Un poème d’amour et un poème riche en symboles.

L’attente d’une femme ou muse.

En effet les pas peuvent s’interpréter de 2 manières différentes mais complémentaires : ils témoignent de la double attente amoureuses, l’attente qui précède le retour de la femme aimée et de l’attente de la muse comme source d’inspiration.

L’attente de l’inspiration.

Le poème revêt un sens symbolique, le poète doit savoir attendre l’idée qui donnera naissance à sa page : si la femme est la muse ces pas représentent l’approche de l’inspiration. L’émotion est celle qui envahit devant la création artistique et les « dons » v8 sont ceux de l’intelligence en éveil : « vigilance » (v3).

C’est un même une révélation