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Adolphe - Benjamin Constant

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lent. Une année passe. Le père d'Ellénore meurt et les amants partent tout deux en Pologne pour toucher l'héritage. La vie là-bas ennuie profondément Adolphe, qui finit par se lasser du pays et découvre que son amour pour Ellénore a passé. Il aimerait partir, mais hésite et reviens toujours auprès d'elle, bien que cette situation le rende extrêmement malheureux. Il confie à un ami sa résolution de partir, mais celui-ci fait lire à Ellénore la lettre qui annonce son départ définitif. Elle tombe gravement malade. Déchiré par un grand sentiment de culpabilité, il reste auprès d'elle jusqu'à sa mort. Le livre se termine par la lecture d'une des lettres d'Ellénore, qui lui affirme que c'est son amour et la douleur d'être ignorée qui l'ont tuée.

Portrait d'un personnage : Adolphe.

Adolphe est âgé de 22 ans quand débute le récit. Il vient d'achever ses études. Il est intelligent et tout spécialement apte à embrasser une brillante carrière. Le jeune homme est cependant assez désabusé et il se réfugie dans une humeur très caustique. C'est, semble-t-il, pour se dérober à lui-même et surtout pour se distraire de son ennui. Le roman, qui se donne comme une confession, est comme échappé du peu d'intérêt que le jeune homme semble éprouver envers lui-même. En vérité, c'est le caractère exceptionnel, non pas de son aventure, mais de sa lucidité qui le pousse à cette confession. Cette lucidité, le narrateur l'exerce sur son propre caractère. Il en ressort que la faiblesse est une composante essentielle de la personnalité d'Adolphe : mais c'est une "lâcheté" d'un type très particulier. Malgré son désir d'être parfaitement honnête, il est incapable de se montrer ferme avec Ellénore, de peur de la faire souffrir. C'est ce que Paul Delbouille (in Genèse structure et destin d'Aldophe) appelle sa "religion de la douleur". Tous ces éléments pourrait composer le portrait d'un personnage assez fragile si l'on ne mentionnait aussi l’orgueil qui l’habite et le pousse à séduire Ellénore. De ce point de vue, on peut le rappocher du Julien Sorel de Stendhal dans le Rouge et le Noir qui se fixe comme objectif de conquérir Mme de Rênal ; à ceci près que Julien tombe bien amoureux d’elle. Adolphe n’est pas réellement amoureux. Dans la lignée des personnages d'un Crébillon ou des héros des romans libertins du XVIIIe siècle, il se révèle parfaitement froid sous le masque de la passion dans sa conquête d'Ellénore. Mais ce qui fait la particularité de ce personnage, c’est sa capacité d'introspection et d'auto-critique : il adopte en permanence un certain recul par rapport à la situation qu’il vit. Plus exactement, il adopte un double point de vue : celui du narrateur et celui du personnage. Ce "double registre" est l'effet de la narration postérieure. Adolphe est aussi le narrateur du roman, imposant toute sa subjectivité à l’œuvre : tout ce que nous savons de lui, c’est lui-même qui le dit. Il en va de même pour son point de vue sur les autres personnages. Alors que le héros romantique typique est entier, Adolphe est en proie à une "dualité d'intentions". Il est parfaitement lucide quant à sa situation mais ne parvient pas à s’en libérer.

Adolphe est un jeune homme très brillant, qui se sent supérieur aux autres et n'hésite pas à critiquer la société bourgeoise dans laquelle il évolue.

Sa passion pour Ellénore , bien plus âgée que lui, le rend tour à tour tendre, passionné, attentif, mélancolique, mais aussi parfois violent, triste et colérique. Il finit par se lasser d'elle car son amour exige beaucoup trop de sacrifices pour un jeune homme tel que lui. Promis à une brillante carrière, il ne peut supporter de devoir se couper de la France de sa famille, de ses amis et d'être contraint à l'inaction dans un coin reculé de la Pologne. Pourtant, les restes d'attachement et les souvenirs d'un amour passionné le retiennent et il hésite longtemps à la quitter. Son hésitation causera la perte d'Ellénore : elle ne supporte plus de le voir triste et maussade auprès d'elle, elle se sentait trahie alors qu'elle l'aimait toujours de la passion la plus vive.Après la mort d'Ellénore, il sera rongé par le remord et la culpabilité.Ce roman est en quelques sortes une autobiographie de la vie de Constant. On retrouve au fil des pages les idées importantes de sa vie.

Constant, très intelligent, ne se trouvait pas, comme le personnage d'Adolphe, très à son aise au milieu d'une société bourgeoise trop médiocre pour lui.

Ensuite, on peut voir que le personnage du père est très important dans l'histoire. Il incite le personnage à changer de vie, et même si les deux hommes ne sont pas très proches, il lui donne des conseils et subvient aux besoins de son fils. Constant, ayant perdu sa mère très jeune, était soumis uniquement à l'autorité paternelle. Ce père l'a aidé dans sa carrière et a plusieurs fois remboursé ses dettes de jeu.

De plus, le personnage d'Adolphe est très lié aux femmes, mais cette passion n'est pas constante. Il l'aime, se lasse, l'aime à nouveau, ils se séparent, reviennent… Cela illustre parfaitement la vie de Constant qui n'était jamais fidèle très longtemps à la même femme, mais qui revenait souvent auprès de ses anciennes amantes.

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Ellénore

Ellénore est amoureuse d’Adolphe. C'est une des plus belles figures féminines de la littérature. Elle est de noble extraction, d'origine polonaise. La critique constantienne a pu retrouver en elle la transposition littéraire d'Anna Lindsay, une belle anglaise avec laquelle Constant a eu un courte aventure. Nul doute que Madame de Staël a également inspiré la composition du personnage. On peut voir en Ellénore le personnage romantique d’une victime de la passion. On peut en faire une autre interprétation et la regarder comme l’une des allégories de la fatalité qui pèse sur Adolphe. Certes, l’héroïne est elle-même victime de la fatalité (fatalité de la passion, fatalité sociale, fatalité des circonstances) mais elle apparaît bien plus comme une « élue du destin » pour porter malheur à Adolphe. A cet égard, un trait frappant chez l’héroïne est son évolution. « Elle [Ellénore] était douce, elle devient impérieuse et violente. » En effet, de victime de la société, elle devient geôlière de son amant et va exercer sur lui une violente tyrannie. Un exemple significatif de cette emprise se trouve au chapitre IV, lorsqu’elle annonce à Adolphe son intention de rompre avec le comte de P*** :

« (...) si je romps avec le comte, refuserez-vous de me voir ? Le refuserez-vous ? Reprit-elle en saisissant mon bras avec une violence qui me fit frémir. (…) »

Et lorsque le jeune homme tente d’émettre une objection :

« Tout est considéré, interrompit-elle. ( ) Retirez-vous maintenant, ne revenez plus ici. »

En vérité, Ellénore n’a pas besoin d’être si impérieuse. Adolphe est un jeune homme sans expérience qui ne sait pas ce qu’il attend d’une amante conquise inconséquemment. Il n’imaginait pas l'« avidité » de cette femme de trente ans qui voit sa dernière chance de connaître la passion. Ellénore a bien vu que son amant ne pouvait pas supporter de la voir souffrir. Elle tire de ses protestations de douleur tout l’empire qu’elle exerce sur lui. Voici un exemple de l’effet produit sur Adolphe par ce spectacle de la douleur d’Ellénore:

« En parlant ainsi, je vis son visage couvert tout à coup de pleurs : je m’arrêtai, je revins sur mes pas, je désavouai, j’expliquai. »

On ne peut manquer de noter que l’extériorisation de cette douleur (teint pâle, visage qui se défait, larmes) revient comme un leitmotiv dans le roman. Enfin, la mort même de l’héroïne est tyrannique : elle laisse à Adolphe toute l’amertume de la culpabilité. Elle lui enlève sa dernière chance de retrouver une dignité dans la rupture à laquelle il s’était enfin résolu. On ne peut pas faire le procès d’une morte. Adolphe se retrouve donc accablé de tous les reproches. Il n’a plus qu’à errer sans but. Ellénore n’a pas seulement tyrannisé son amant dans la vie. Elle se l’est éternellement attaché dans la mort.

Subtilement impliquée par une narration focalisée, cette interprétation du personnage d’Ellénore est préparée afin de contribuer à la stratégie d’autodisculpation du héros-narrateur.

M. de T***

M. de T*** est un personnage secondaire mais qui mérite une certaine attention pour le rôle décisif qu’il joue dans l’intrigue. On ne sait pas grand chose de lui, aussi bien sur le plan physique que psychique. C’est un homme de morale et en tant qu’ami du père d’Adolphe, il est chargé de réorienter le fils sur le bon chemin. Il intervient à la fin du récit comme le seul en mesure de faire évoluer l'intrigue. Cette intervention révèle que les deux personnages d’Adolphe et d’Ellénore se sont enfermés dans une situation tellement inextricable qu'il faut introduire dans ce huis-clos un élément extérieur pour dénouer l’intrigue.

Thèmes

Adolphe pose

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