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Zola Et Le Naturalisme

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ocial, guetté, comme tout organisme, par la folie menaçante et travaillé par l'instinct de mort. Et, pour certains d'entre eux, dont Zola, cette étude scientifique n'est pas séparable d'une volonté de dénonciation et de changement.

L'empreinte de Zola

L'aventure de ce groupe actif culminera vers 1880: Zola publie Nana – qui connaît plus de 80 éditions en six mois – ainsi que son ouvrage théorique essentiel, le Roman expérimental; paraissent également les Soirées de Médan, tandis que Marthe, de Huysmans, est réédité. Dès 1887, le Manifeste des Cinq laissera pourtant deviner une première faille, puisque ses signataires (Bonnetain, Descaves, Guiches, Paul Margueritte, Rosny) reprochent à Zola de s'être vautré dans l'ordure avec la Terre. C'est rappeler que l'inceste, le parricide, l'adultère, la perversion et la corruption généralisées, s'ils recouvrent tout, entraînent aussi la littérature dans un désespoir fatal; et c'est souligner la part écrasante de la mythologie personnelle de Zola dans le système naturaliste, dont, partiellement, elle finira par avoir raison. Et, devant ces «tranches de vie» saignantes et putrides, face à ces paysages où la lumière entrevue est aussitôt voilée par la crasse des villes et la fumée des usines, face à ces êtres aliénés, hommes perdus de misère et de boisson, étouffant de violence, femmes devenues bêtes de somme ou bêtes de plaisir, enfants abrutis, battus, dans les yeux desquels ne passe qu'un éclair louche, signe de leur appartenance aux damnés de la Terre, les disciples se détournent: Huysmans cherche Dieu, Maupassant explore, aux confins du fantastique, les limites où se confondent folie et raison, vie et mort. En 1892, alors qu'est publiée la Débâcle, l'une des dernières œuvres des Rougon-Macquart, c'est celle du naturalisme que l'on peut constater.

La formule naturaliste

Le roman apparaît aux naturalistes comme le genre par excellence capable d'embrasser le réel, apte à accueillir documents et renseignements de toutes sortes sur les milieux sociaux, les conditions de vie de ses personnages, leur environnement géographique, social ou politique.

La méthode

Il appartient au romancier d'ordonner une véritable enquête de terrain en fonction de la conviction première qu'il existe des mécanismes générateurs d'enchaînements (lois de l'hérédité, déterminisme des milieux). Un roman naturaliste est donc une expérience construite, sur laquelle le romancier raisonne. Méthode prise dans un système, inévitablement le roman décrit, démonte, parvient aux mêmes conclusions: les Rougon-Macquart montrent le jeu de la race, modifiée par les milieux sociaux, avec pour fil conducteur l'hérédité.

La «conclusion» de l'expérience ne saurait être originale: elle s'impose par la liaison des causes et des effets. Pourtant, le romancier naturaliste n'est pas neutre: son but est moral – «nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions», déclare Zola – et, forcément, politique. C'est que le naturalisme entend montrer les deux faces de la société, «pustules ou chair rose» (Huysmans), la laideur et la souffrance, l'esclavage et la nuit, les drames sourds de la misère, les taudis des villes, le fond des mines (Germinal) , la ruche où bourdonnent les modernes tentations de la marchandise et de l'échange (Au bonheur des dames), la prostitution des corps et des cœurs (Nana), avec pour arrière-plan les fastes scélérats des parvenus du Second Empire.

Le mécanisme social

Le naturalisme, tout en chantant le progrès, tout en regardant, fasciné, se développer le machinisme, propose une vision profondément pessimiste et critique du monde. Il reconnaît ce qu'il doit à la philosophie de Schopenhauer, «qui a renversé les croyances, les espoirs, les poésies, les chimères» (Maupassant) et qui «s'écriait, dans sa miséricorde indignée: Si un Dieu a fait ce monde, je n'aimerais pas à être ce Dieu; la misère du monde me déchirerait le cœur» (Huysmans).

Ces choix et cette méthode introduisent dans la littérature une précision et une rigueur propres à en développer les pouvoirs authentiquement sociologiques: Marx est encore mal connu, ni Durkheim ni Freud ne se sont encore manifestés, et le roman naturaliste traverse en tâtonnant des espaces qu'ils conquerront bientôt. Car Zola et ses amis ne répètent pas la leçon balzacienne, qui centre tout sur l'individu, mais peignent ce qui constitue, aliène et généralise indéfiniment ces «singularités». Justement, cette singularité psychologique rassurante disparaît, et le héros change de statut: saisi dans la complexité de son inscription sociale, pourvu d'un tempérament (et non plus d'un caractère) passif devant les fatalités qui l'écrasent, il est emporté par la figure moderne du Destin, l'implacable déterminisme. De plus, il est montré sur fond de foule moderne, dans son impuissance à penser les nouveaux rapports de l'homme à la machine, laminé par la modernité technique qui s'impose. C'est dans ce qui, traditionnellement, était le lieu de l'antihéroïsme par excellence – le peuple, bon pour les romans «comiques» ou picaresques, mais non pour les «grands» romans – que le naturalisme va chercher ses héros: des obscurs, des sans-grade, ouvriers, petits fonctionnaires dérisoires, aux histoires lamentables, même si Zola clame, dans le Roman expérimental, que «la nature n'est pas toute dans l'ouvrier, elle est aussi dans la nature qu'elle peint» [sic]. La mise en scène de ces types accentue la pente

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