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la majorité des chercheurs s’inspirent de la définition de Greenhaus et Beutell. Dès 1985, ces derniers avaient défini la thématique travail-famille comme une forme de conflit entre les différents rôles occupés par une même personne. Ce conflit se présente sous trois formes : le conflit de temps, le conflit de tension entre les rôles et le conflit de comportement.

Le conflit de temps survient lorsque les exigences des différents rôles rendent difficile la gestion du temps. Le temps passé dans un rôle rend la personne non disponible pour s’investir dans un autre rôle. De plus, les préoccupations émanant de s’occupation d’un rôle peuvent empiéter sur la disponibilité de l’individu à occuper les tâches d’un autre rôle même s’il est physiquement présent. Le conflit de tension entre les rôles explique que le stress ressenti dans un des divers rôles influence la façon de répondre aux demandes dans les autres rôles. La fatigue et le stress vécus au travail, par exemple, peuvent se transposer, lors du retour à la maison, dans la vie familiale et inversement. D’ailleurs, les chercheurs reconnaissent de plus en plus cette relation réciproque entre la famille et le travail et adoptent une perspective bidirectionnelle du conflit travail-famille. Ainsi, ils s’intéressent à deux types de conflit : le conflit travail-famille où le travail interfère avec la vie familiale et le conflit famille-travail où ce sont les exigences de la vie familiale qui interfèrent avec les obligations professionnelles. Bien que ces deux types de conflits soient fortement corrélés, les résultats de ces études démontrent que chacun possède ses propres déterminants et ses propres effets.

L’étude québécoise de St-Onge et coll., (2002), confirme les résultats à l’effet que les individus expriment ressentir un conflit travail-famille plus élevé qu’un conflit famille-travail. La très grande majorité d’entre eux laissent peu leurs responsabilités et problèmes familiaux interférer avec leur travail. Il semble donc que ce soit davantage les responsabilités professionnelles qui nuisent à la vie de famille que l’inverse.

Le dernier type de conflit soit celui lié aux comportements, explique le phénomène selon lequel, un comportement spécifique à un rôle est incompatible avec le comportement attendu dans un autre rôle. Certaines caractéristiques valorisées dans le monde du travail, comme le fait d’être objectif et agressif peuvent être incompatibles avec les attentes et besoins des membres de la famille. La difficulté de l’individu à s’adapter à ces demandes divergentes peut engendrer un conflit de comportement (Greenhauss et Beutell, 1985).

Cette conception de la conciliation travail-famille sous forme de conflit est reliée à l’hypothèse du déficit selon laquelle les individus disposent d’une certaine quantité de temps et d’énergie qui doit être distribuée à travers les différents rôles de la personne (Goode, 1960 dans Lachance et Brassard, 2003a). Une autre hypothèse, celle de l’accroissement, stipule que chaque rôle occupé par la personne représente autant d’occasions de retirer des bénéfices.

Les avantages associés à l’implication dans des rôles multiples incluent des ressources financières, une meilleure estime de soi, la possibilité de déléguer des tâches moins stimulantes ou intéressantes, les opportunités de relations sociales et les défis.

1.1 LES CHANGEMENTS SURVENUS

1.1.1 Au plan du contexte économique Au cours des 25 dernières années, le Québec, comme d’autres sociétés industrialisées, a connu plusieurs modifications dans les sphères sociale et économique. Ces changements ont remis en question le modèle traditionnel de l’organisation de la vie publique et de la vie privée et ont donné lieu à l’émergence d’une préoccupation concernant le défi que représente l’articulation entre la vie familiale et la vie professionnelle.

Un nombre important de femmes qui occupent un travail rémunéré L’entrée massive des femmes sur le marché du travail a été un fait marquant des récentes transformations qui ont eu lieu dans les sociétés industrialisées. En effet, entre 1976 et 2003, le taux d’emploi des femmes québécoises est passé de 41 % à 65 % (Institut de la statistique du Québec, 2001). L’augmentation la plus marquée du taux de participation des femmes au sein de la population active se retrouve chez les mères d’enfants de moins de 6 ans. Elles étaient 30 % à occuper un emploi en 1976 alors que ce taux s’élevait à 75 % en 2003. Cette tendance se vérifie également, bien que de façon plus modérée, chez les mères monoparentales ayant de jeunes enfants. En 2000, le taux d’activité pour celles qui avaient des enfants de moins de 6 ans était de 59 % (ministère de la Famille et de l’Enfance, 2002a).

Le revenu des femmes et la sécurité financière des ménages Ce passage des femmes de la sphère privée à la sphère publique a remis en cause le modèle traditionnel de l’homme pourvoyeur et de la femme dévouée aux affaires de la famille, tout en permettant à celle-ci d’acquérir une certaine autonomie financière et de s’épanouir sur le plan professionnel. Le travail rémunéré des femmes a aussi contribué à maintenir la capacité d’achat des ménages. En effet, selon les données de Statistique Canada (2000) (dans Johnson, Lero et Rooney, 2001) entre 1989 et 1998, le revenu médian, après impôt, des familles à deux revenus avec enfants a augmenté de 6 % passant de 49 400 $ à 52 100 $ alors que le revenu moyen d’une famille de deux parents avec un seul revenu a connu une baisse de 5 % pendant la même période passant de 37 900 $ à 31 000 $ en 1998.

Le revenu des femmes a donc une importance accrue pour assurer la sécurité financière des ménages et cette réalité se traduit par le fait que les familles biactives, dont celles avec de jeunes enfants, sont maintenant la norme. En 2003, au Québec, environ 75 % des mères de 20 à 44 ans et ayant un enfant de moins de 6 ans sont actives4 dans le monde du travail

(Institut de la statistique du Québec, 2004).

Incluant les chômeuses et les travailleuses. La difficulté de concilier travail-famille : ses impacts sur la santé physique et mentale des familles québécoises Institut national de santé publique du Québec 7 La mondialisation des marchés Ces tendances économiques ont été accompagnées par des changements significatifs dans le monde du travail. Au cours de la décennie 90, les entreprises ont dû s’adapter aux transformations majeures de l’économie. La mondialisation des marchés, la prolifération des nouvelles technologies et la pression de la concurrence ont entraîné des modifications majeures au niveau de la nature et de l’intensification du temps de travail.

La répartition des responsabilités familiales domestiques Cette présence marquée des familles à double revenu et la reconnaissance de la contribution des femmes au soutien économique de la famille a suscité, chez les couples, une remise en question du partage des tâches familiales et domestiques et la nécessité de tenir compte des trajectoires professionnelles des deux conjoints. Ainsi, les membres du couple doivent maintenant composer avec les exigences de deux milieux de travail en plus de répondre aux demandes de la famille. Malgré cette réalité, les femmes continuent de cumuler une double tâche. Selon l’Enquête sur l’emploi du temps des Québécois et des Canadiens (Statistique Canada, 1998), bien que les pères consacrent plus de temps aux tâches familiales qu’auparavant, les femmes sont encore celles qui assument la plus grande part des travaux ménagers (56 % des tâches dans les couples à double revenu avec au moins un enfant de moins de 5 ans) et des soins aux membres du ménage (61 %) (Institut de la statistique du Québec, 2001). La division sexuelle du travail est toujours présente et elle demeure très préoccupante parce que les femmes assurent encore en grande partie la continuité domestique et pour cette raison elles sont souvent pénalisées du point de vue professionnel.

Les emplois atypiques et la conciliation travail-famille Les emplois atypiques sont parfois présentés comme une alternative à l’emploi traditionnel.

Le travail à temps partiel, par exemple, est identifié comme un moyen qui peut faciliter la conciliation travail-famille. Il est par contre intéressant de noter que plusieurs employés ne choisissent pas de travailler à temps partiel. En effet, en 1995, environ 53 % des canadiens travaillant à temps partiel n’avaient pas choisi ce statut, alors qu’au Québec, entre 1976 et 1995, le nombre de personnes qui travaillaient à temps partiel en raison d’obligations personnelles et familiales a chuté de 12 % à environ 5 %).

Comme il a été mentionné précédemment, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel, mais lorsque l’on creuse un peu plus la question, on se rend compte qu’elles ne le font pas toutes par choix. En effet, 44 % des femmes canadiennes entre 25 et 54 ans qui occupent un tel emploi, rapportent le faire pour prendre soin des enfants, d’une personne âgée ou évoquent d’autres raisons familiales alors que les hommes du même groupe d’âge sont 10 % à identifier le même motif (Marshall, 2000 dans Johnson et coll., 2001). Toutefois, comme le soulignent Lachance et Brassard (2003, p. 132) : « … les nouvelles formes d’emplois atypiques ne possèdent

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