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Commentaire Littéraire composé Candide Chapitre XIX : Le nègre de surinam

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Par   •  25 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  2 926 Mots (12 Pages)  •  1 211 Vues

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Commentaire Littéraire composé Candide

Chapitre XIX : Le nègre de surinam

Introduction :

Voltaire (1694-1778) est un des grands penseurs des Lumières. Dans ce chapitre il dénoncera l’horreur de l’esclavage en utilisant différents procédés littéraires comme lui seul sait le faire.

Candide ou l’Optimisme est un conte philosophique qui a été écrit en 1759 par Voltaire dans le but de se moquer de la philosophie Leibnitzienne : l’Optimisme mais aussi de dénoncer les travers de la haute société/des nobles de son temps en utilisant son arme favorite l’ironie. Alors que Candide et Cacambo quittent l'Eldorado ivres de « félicité », la rencontre avec un esclave noir dans un état pitoyable aux abords du Surinam achève de leur enlever leurs illusions. Cette rencontre produit un contraste saisissant et replonge notre héros dans la cruelle réalité.

A cette époque, l’esclavage était encore toléré (il ne sera aboli en France qu’à partir de 1848) et les maîtres se montraient bien souvent impitoyables avec leurs esclaves. Grâce à son langage assez cru, Voltaire nous ramène en plein dans l’horreur de la réalité.               Comment Voltaire tente-t-il de susciter l’indignation du lecteur ?                                          Nous tenterons de répondre à cette question en focalisant notre intérêt sur l’intensité croissante des émotions provoquées chez le lecteur par Voltaire. En effet, de manière subtile dans un premier temps en suscitant le pathétique, puis en renforçant l’indignation par le procédé d’ironie, pour finir par l’horreur d’une spectaculaire déshumanisation de l’être vivant.

  1. Le premier sentiment  insufflé au lecteur par Voltaire est le pathétique la neutralité de la description de l’esclave puis, la sobriété du discours de ce dernier viennent vlparfaitement illustrer ce sentiment qui nous envahit progressivement.

 On aurait pu s’attendre à un portrait chargé d’émotions, mais la description reste d’une simplicité déconcertante ! Son état physique est annoncé avec la neutralité d'un constat.

Le narrateur rapporte ce qu’il voit de manière très factuelle et donne l’impression au lecteur que son point de vue est externe (sensation de détachement renforçant ainsi le pathétique de la situation).

« Ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. »

La première chose qui vient frapper le lecteur est la mise en relief de la prostration du nègre : " étendu par terre" qui s’oppose à  la situation de Candide présenté tel un homme libre, en mouvement.

Le narrateur juxtapose les descriptions vestimentaires et celles des mutilations en mettant ces deux faits sur le même plan. Cette juxtaposition des faits sans aucune hiérarchisation fait ressortir l’horreur de la situation : « n'ayant plus que la moitié de son habit ». ( D’autant plus que l’absence de vêtements est évoquée avant les mutilations.)

La nudité de l’esclave est mise en valeur par : « ne… que » alors que le lecteur imagine d’abord un habit complet le narrateur réduit ironiquement ce dernier à la moitié de son habit : un caleçon.

Seule la présence de l'adjectif "pauvre", qui reste assez faible vu la situation évoque une forme de compassion. La brutalité nue des faits met ainsi en lumière la neutralité du portrait.

B - Le narrateur limite la partie descriptive à la première phrase. Puis il ouvre un dialogue qui implique Candide, mais donne surtout la parole à la victime.

L’esclave se contente de renseigner Candide de façon calme et résignée.                         A la question émue et indignée de Candide « que fais-tu là mon ami dans l’état horrible où je te vois ? », il répond de façon purement informative : « J’attends mon maître, M. Vanderdendur ».                                                                                      Le choix d'un style cru et dénué de fioritures ,adopté pour le langage de l'esclave, fait particulièrement ressortir la brutalité des faits : "Quand nous travaillons aux sucreries et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; et quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe’’. L’emploi du pronom personnel« je »accroît le retentissement affectif pour le lecteur. De plus, le Nègre dit souvent "nous", soulignant ainsi son appartenance à une communauté souffrante dont il est solidaire.

L'emploi du présent de vérité générale amplifie le caractère horrible, il s'agit du présent de l'usage, de la loi, et donne ainsi au passage une valeur universelle.

Les faits, qui sont des châtiments corporels issu du Code Noir, sont présentés comme des faits habituels, anodins « c’est l’usage ». De plus la structure de la phrase : « quand…on nous coupe ; quand …on nous coupe » renforce l’aspect routinier, la torture est dépourvue de tout caractère exceptionnel.

Voltaire crée un contraste saisissant avec la phrase : "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe". Le lecteur ressent une certaine pitié pour les esclaves ainsi qu’une répugnance contre les maîtres qui les torturent, le pronom "on" renvoie les maîtres des esclaves à l'anonymat et crée aussi un effet d'universalité : c’est l’ensemble des maîtres qui applique ces règles et pas seulement Vanderdendur. Mais la proposition suivante "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe", le "vous" rassemble aussi le lecteur : Voltaire nous ramène à la réalité : on se sent subitement concerné, voir dérangé.

Le nègre n'exprime pas sa souffrance. Il évoque sa situation de manière factuelle et sans animosité envers son maître ce qui est plutôt surprenant. Son sort est pour lui une simple fatalité. Le lecteur devine la souffrance que cet esclave a pu endurer par les faits énoncés.

II) Dans un deuxième temps Voltaire renforce l’intensité des émotions ressenties par le lecteur en utilisant comme arme rhétorique : l’ironie

Cette dernière se révèle dans le décalage entre l'objectivité du constat et l'horreur de la situation décrite. En effet Le nègre s’attache à montrer les décalages qui existent entre les discours tenus par ses parents et les pasteurs hollandais et la réalité de sa vie. De même la mise en lumière de contrastes incohérents à la condition d’esclave dans la relation établie entre l'esclave et l'économie souligne avec malice l’ironie de Voltaire 

La tonalité est donnée, l'accent est mis sur "l'absence de la moitié de l'habit" 
cette distorsion ironique qui insiste sur la situation réelle de l'esclave révèle une priorité aberrante !

  • Dans le discours de la mère, on constate que cette dernière a enseigné à son fils la soumission aux dieux de la tradition (« bénir », « adorer ») afin d’assurer sa félicité et la soumission au pouvoir des blancs (l’esclavage devient un « honneur », les esclavagistes sont des « seigneurs ») afin d’enrichir la famille. Cependant, le discours familial est démenti par les malheurs de la condition d’esclave que souligne la référence au bonheur des animaux (une énumération et une hyperbole détaillent ce bonheur).                                                                                             " Dix écus patagons", la valeur économique est profondément faible, la réaction enjouée, et l'admiration pour les blancs de la mère est donc paradoxal. L'esclave critique ses parents ; sa critique porte sur la manière dont sa mère déifie et idéalise les blancs.  "cher" prend un sens économique, la mère fait allusion à l'argent que lui rapportera son fils. Syllepse de sens avec "fortune" qui évoque le sens économique et la bonne fortune : permet de clore de façon corrosive sa critique.
  • Quant aux pasteurs hollandais ils proclament l’égalité de tous les hommes : la différence de couleur est sans importance au regard de la référence à Adam, père de l’humanité. Mais, dans la réalité, la conséquence ne correspond pas à la logique des deux premières propositions. Là, le Noir dénonce l’attitude contradictoire et scandaleuse des chrétiens. Sur un ton ironique, il feint de croire qu’ils disent la vérité : « si ces prêcheurs disent vrai ». En développant la logique de la fraternité entre les hommes prônée par le christianisme, il fait mieux éclater le scandale qu’introduit fermement « or », la conjonction de coordination : « Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible ». L’ironie tourne ici à l’indignation et prend la forme d’un euphémisme, qui décrit poliment, par une expression adoucie, le sort lamentable fait aux Noirs par leurs soi-disant frères blancs. L’émotion est concentrée dans l’adjectif « horrible », mis en relief à la fin de la phrase et faisant dramatiquement écho au même mot employé par Candide au début du texte. Le discours religieux est ainsi démenti par les faits. Le mot « fétiche » appliqué aux pasteurs les ravale au rang des dieux africains (dont l’efficacité toute illusoire a déjà été démontrée). En effet le message biblique n’est pas respecté par ceux qui le transmettent !

  • Puis l’ironie Voltairienne atteint son paroxysme lors de l’évocation des contrastes incohérents à la condition d’esclave dans la relation établie entre l'esclave et l'économie. Notamment dans l’exemple de La relation entre l'esclave et le sucre qui est un raccourci efficace :"c'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe". Ici on observe une distorsion, un décalage entre la notion de plaisir et de gourmandise.

En Europe et les conditions de vie sont inhumaines pour les esclaves : L’esclavage ne sera aboli en France qu’à partir de 1848. Voltaire dénonce d’autre part la corruption que l’argent engendre : tractations financières mettant en cause la mère même de l’esclave. Il y a ici une dénaturation des liens familiaux, la mère devient pourvoyeuse d’esclaves en vendant son propre fils et lui fait même miroiter un destin heureux pour se justifier.

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