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Critique littéraire

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Par   •  25 Mars 2020  •  Cours  •  2 865 Mots (12 Pages)  •  1 491 Vues

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Critique littéraire

I. Qu’est-ce que la critique littéraire ? 

La critique s’est d’abord constituée comme une discipline extérieure à la littérature, qu’elle a longtemps dominée, avant que la littérature ne l’absorbe à son tour. Aujourd’hui des écrivains font de la critique parce qu’ils la jugent « inséparable de la littérature » ; dans le même temps, des critiques professionnels font de la critique une forme de littérature. L’historique de la critique littéraire nous permet de bien cerner l’évolution et les modifications qui ont caractérisées la critique littéraire et qui montrent la diversité des pratiques critiques, entre jugement, interprétation et usage.

Il serait intéressant de découvrir le fonctionnement de la critique contemporaine. Comment se différencient-t-elles de la critique traditionnelle ? Comment cerner la redéfinition de la critique après l’apparition des médias audiovisuels ou des grandes multinationales éditoriales? Comment évoluent les liens qui la lient aux écrivains qu’elle juge ?

I.1La critique littéraire entre jugement et savoir.

La critique littéraire est une activité difficile à définir par sa complexité et sa variabilité. Pierre Brunel attribue cette difficulté de définition à l’oscillation du terme « critique » « entre des pôles opposés », pôles qu’il nomme ici « juger » et « savoir ». En effet, Brunel constate que les auteurs de critiques dérivent souvent vers ces extrémités qui sont ici vues comme des défauts qui l’éloignent de sa fonction première tels que retracer la vie de l’auteur dont il est question, tenter de « classer » l’ouvrage analysé dans une catégorie ou tradition littéraire bien précise, ou encore d’attaquer directement l’œuvre présentée en prenant une position de « juge littéraire ».Étymologiquement, le mot « critique » renvoie à deux termes : cernere du latin, et krinein, du grec, qui signifient respectivement « séparer » et « distinguer ». Émile Littré, dans son Dictionnaire de la langue Française (1863-1872) décrit la critique comme « l’art de juger les productions littéraires ». Cette définition met l’accent sur un aspect particulier de la critique, celui de jugement, comme le remarque, à juste titre, C.S Lewis dans Expérience de la critique littéraire (1965): « à ne vouloir que juger, la critique conduit inévitablement à une critique de jugement ».

Aristote, en définissant deux grands genres comme la rhétorique et la Poétique, a été le précurseur de la critique littéraire. Rédigée aux environs de 335 av.J-C.,La Poétique d’Aristote illustre, en effet, un premier état des rapports de la critique avec la littérature : élaborée par un philosophe, en dehors de la littérature, la théorie vise pourtant à guider et à orienter la pratique des écrivains.

En rendant compte rationnellement et systématiquement de toute la production du passé, en donnant à la littérature la conscience d’elle-même, de ses moyens et de ses fins, Aristote pense créer la possibilité de produire de belles œuvres.

La poétique et donc tout à la fois une théorie de la littérature, qui découvre un nouvel objet d’étude, le nomme, le définit et le structure, et un manuel de la composition littéraire. Elle a aussi joué un rôle considérable dans la vie littérature du XVIIeS, dominant tout à la fois la critique et la création littéraire. Les doctesdans lesquels on a pu voir les ancêtres de nos critiques professionnels en ont fait un usage dogmatique, transformant en règles contraignantes les conseils donnés par Aristote aux écrivains.

Le XVIIe S cartésien, qui préférait la raison à l’imagination, a découvert dans La Poétique d’Aristote des principes rationnels de composition poétique. Il a donc magnifié la figure du critique, censé savoir mieux que l’écrivain comment atteindre la perfection, du fait de l’étendue de ses connaissances et de la puissance de sa faculté d’analyse. Ainsi, le critique se sert de ses recherches sur l’auteur, ses écrits précédents, ses intentions, sur le rapport entre les faits racontés et la réalité, sur le genre emprunté, pour comprendre l’œuvre dont il doit donner une critique littéraire et construire un jugement pertinent et juste.

Cependant, la critique littéraire n’est plus uniquement le « domaine réservé » des professionnels de la critique. Elle s’est ouverte aux écrivains eux-mêmes et au grand public par le biais des médias et plus récemment avec la révolution d’internet et des journaux en ligne où on peut mettre en ligne une critique littéraire sur un ouvrage.

I.2 La critique journalistique

Dans, Physiologie de la critique (1930),  le critique Albert Thibaudet, qui distingue trois types de critiques (la critique spontanée ou journalistique, la critique des écrivains etla critique universitaire ou professionnelle), précise que la critique journalistique ou journalière « porte sur un monde littéraire présent, où le tri n’est pas fait. Et sa fonction est de sentir, de comprendre, d’aider à se formuler le présent, mais non de faire le tri dès maintenant ni de se placer au point de vue du passé. Le tri, il se fera tout seul. »

Dans ce sens, dans le milieu de la presse, l’activité de critique journalistique consiste en une prononciation, un jugement négatif ou positif sur des ouvrages littéraires. C’est une critique le plus souvent subjective voire impressionniste, datée car toujours intimement lié au support médiatique dans lequel elle s’exprime.  

Ce qui caractérise donc la critique journalistique c’est qu’elle vit de l’actualité littéraire et dans l’actualité littéraire c’est à dire que c’est une critique qui se préoccupe de donner son avis sur ce qui paraît. C’est  une  critique  qui s’organise et  s’intéresse  aux  événements  de commémoration littéraire.  Parce  qu’elle  vit  de l’actualité et dans l’actualité, elle participe d’un monde médiatique et d’un univers de spectacle où l’œuvre ou plus précisément l’auteur est mis en scène. L’auteur va donc devenir celui qui est capable de se mettre en scène, à travers la critique journalistique, pour pouvoir vendre son œuvre, question de marketing.  

L’autre caractérise de la critique journalistique c’est son influence commerciale. En effet la critique a une influence sur les ventes des livres. A la sortie de leur livre, les auteurs font ce qu’ils appellent des promotions. Cette réalité commerciale est organisée autour d’une institution qui est celle des prix littéraires.   Le  prix Goncourt,  Médicis,  Femina sont l’assurance  pour  les éditeurs  et  les auteurs d’une  vente assurée.  Il s’agit d’une promotion  commerciale qui pousse les  gens à acheter les livres  récompensés. Les critiques journalistiques participent à cette mise en scène orchestrée par les maisons d’éditions.  Ce qui pose la question de l’indépendance de cette critique, même s’il existe des critiques journalistiques plus indépendantes grâce aux supports numériques: exemple des blogs avec des journalistes qui se permettent de donner des avis  plus personnelles.  

I.3 De l’écrivain-critique au critique-écrivain

Pour mettre fin aux jugements et évaluations des critiques journalistiques ou professionnelles, les écrivains réagissent aux propos tenus sur leurs productions littéraires. Il s’agit de la critique des écrivains qui a deux caractéristiques principales : elle est soit une critique pédagogique où l’écrivain s’explique et veut convaincre ses confrères ou son public, soit une critique polémique.

Quelle relation l’écrivain entretient-il avec le critique?  Dès  le  XIX°  siècle,  les  relations  entre  écrivains  et    critiques sont  souvent tendues.  Pour  les  écrivains,  les critiques ne sont pas assez  compétents. Balzac dans  Splendeur et  misères des  courtisanes met en scène un jeune  héros  qui  fait  du  journalisme.  Le  critique  est  incapable  de  créer  comme  la  courtisane  des  murs. L’incompétence souvent lié à la stérilité du critique est le premier critique qu’on lui fait.

C'est avec le romantisme, que s'est développée cette critique littéraire représentée par des écrivains-critiques, entre autres, Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Gautier ou Baudelaire. C'est une chaîne qui se prolonge jusqu'au XXe siècle, siècle dans lequel apparaît même une figure paradoxale, le critique-écrivain, qui fait de l'activité et de l'écriture critique une forme d'art qui absorbe toutes les autres. Qui apparemment serait mieux placé que l'artiste pour juger de l'art, un romancier pour évaluer une construction romanesque, un poète pour jauger une réalisation ?

Baudelaire, en déclarant en 1861 que « le poète est meilleur de tous les critiques », Flaubert, en condamnant explicitement, dans sa Correspondance, la critique conçue comme une discipline autonome, séparée de la littérature, fondent, au XIXe, la critique artistique, l’affaire des seuls écrivains. Une critique ainsi faite, du point de vue de l’auteur, est destinée à prendre le contre-pied de la précédente, dès lors condamnée pour son incapacité à atteindre le plus profond de l’œuvre.

L’écriture du roman, un genre libre de règles, non codifié par la poétique, est le lieu par excellence de la révolte de l’écrivain. Balzac affirme l’existence d’une « forme » propre « à chaque œuvre », distincte du corps de procédés et de moyens communs à plusieurs œuvres qui définissaient le genre dans la poétique aristotélicienne. Flaubert affirme « qu’il n’y a pas de recette pour écrire un livre ».

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