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La comédie du valet

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Par   •  24 Mars 2020  •  Cours  •  1 723 Mots (7 Pages)  •  944 Vues

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La comédie du valet

Temps de travail indicatif 1 heure 30

Résumé

Les rapports entre maîtres et valets sont un topos de la comédie, c’est-à-dire un thème qu’on retrouve très souvent aux différentes périodes de l’histoire littéraire.
Le valet, en effet, est porteur d’une vis comica (« force comique ») qui prend corps dans le rapport hiérarchique à celui qu’il sert ou parfois dessert. Il multiplie les tours, reçoit et donne des coups de bâton, utilise toutes les ressources comiques du langage. Personnage clé des farces comme des comédies de caractère, il voit cependant son emploi évoluer avec le temps. Au fil des mutations sociales, du XVIIe siècle au XXe siècle, les rapports de domination du maître sur le valet s’atténuent, se renversent.
Mais avant de rentrer dans le détail, faisons le point sur l’histoire de la relation maitre-valet. 

Objectifs

  • Définir les origines du couple maitre-valet
  • Déterminer les étapes importantes de l’évolution du personnage du valet.
  • Analyser l’évolution du couple maitre-valet à travers les siècles.

  1. Le modèle latin

Le valet de comédie trouve ses origines dans l’Antiquité qui a inventé le servus currens, un valet-esclave toujours en mouvement pour tromper ceux qui dans son entourage possèdent l’argent et le pouvoir. Du IVe au IIe siècle avant Jésus Christ, la « comédie nouvelle » va enrichir cela en mettant en scène un nouveau couple : maitre-serviteur. Ainsi, l’auteur Ménandre dans la Grèce Antique, puis Plaute et Térence à Rome font de ces personnages des types à part entière caractérisés par leur costume, leur langage et leur jeu.

A partir de là, on retient du valet ou de servante que ce sont des personnages qui sont rusés, aiment le mensonge et savent utiliser la parole pour tromper les autres.

  • A quelle époque se développe le courant de la comédie nouvelle ?
  • De quelle manière le spectateur identifie-t-il le valet de comédie ?
  • Dès l’origine pourquoi le valet est-il menteur ?

  1. la tradition italienne

Cette tradition grecque puis romaine sera reprise dans la farce médiévale mais surtout par la Commedia delle arte, théâtre comique d’origine populaire, notamment, à travers le personnage d’Arlequin.  Il fait partie des zanni ou serviteurs et se caractérise par le fait qu’il soit naïf, fourbe et grossier. Un aspect positif de ce personnage est sa volonté d’utiliser la ruse avant tout pour faire triompher l’amour.

La relation qui unit maitre et valet va alors évoluer. Le valet n’est plus esclave, il est rémunéré, il reçoit des gages même s’ils sont faibles ou rarement perçus. Cela donne lieu à des ruses pour parvenir à toucher ce qui lui est dû.

  • Dans la commedia dell’arte, le valet est-il un personnage négatif ?
  • Que sont les zanni dans la commedia dell’arte ?
  • Quelle évolution marque le théâtre italien par rapport à l’antiquité ?        

3) La tradition de Molière

Au XVIIe siècle, Molière emprunte à la fois à la farce médiévale et à la Commedia dell arte (Arlequin, Scapin, Pierrot, Polichinelle ou Trivelin). Mais il apporte une touche personnelle en faisant varier le poids de chaque valet au sein de la pièce parallèlement au rapport qu’entretiennent maitre et valet. Ainsi, le serviteur peut être simple miroir de son maitre mais aussi faire preuve de familiarité jusqu’à devenir un confident.

Cela n’empêche nullement, de la part du maitre, des menaces,  des injures, des coups... sans que cela soit perçu comme un problème de classes sociales.

Peu à peu, le valet devient parfois plus vif, plus spirituel, tenant même tête à son maitre (Cf. Scapin et Léandre).

  • Molière s’inspire de la commedia dell’arte mais apporte aussi sa touche personnelle en..
  • Que signifie le fait que le serviteur soit le simple miroir de son maître ?

4) Quel héritage pour le XVIIIème ? 

Marivaux (1688-1763) va reprendre le personnage d’Arlequin. Issus de la commedia dell arte, on le reconnaissait aisément par son costume aux multiples couleurs et à son masque. A l’origine, Arlequin est un personnage du peuple qui aime les ruses, les pirouettes et manger. On rit souvent du décalage existant entre son comportement et celui de la haute société.

Mais Marivaux va le faire évoluer en le rendant plus subtil. Ainsi, dans La double inconstance (1723), il ne se cantonne plus aux histoires d’amour mais il prend la défense du monde paysan par opposition au monde des nobles et de la cour qui ne met en avant que les apparences et les préséances.

Dans L’île des esclaves (1725), ce sont les serviteurs qui prennent la place de leurs maitres. C’est ici l’occasion pour les premiers de donner une leçon morale aux nobles et tenter de les rendre meilleurs.

Le ressort comique du travestissement est aussi utilisé dans Le jeu de l’amour et du hasard (1730) revenant à la thématique amoureuse. L’échange des costumes entre maîtres et serviteurstend à remettre en question la hiérarchie des conditions sociales.

Chez Beaumarchais (1732-1799), le couple Figaro-le comte Almaviva domine dans Le Barbier de Séville (1775) et Le Mariage de Figaro (1784). Complice de son maître dans la première pièce - puisqu'il aide le comte à enlever Rosine, la jeune orpheline dont il est tombé amoureux -, Figaro devient ensuite son rival dans la seconde puisque son maître convoite Suzanne que Figaro doit épouser.

Dans L'Autre Tartuffe ou la Mère coupable (1792), dernier volet de la trilogie, Figaro apparaît comme l'adjuvant du comte Almaviva et de la comtesse. En effet, il contribue à démasquer et à faire chasser Bégears, un scélérat qui veut s'emparer de la fortune du comte et éloigner la comtesse de son époux.

  • Peut-on dire qu’avec le théâtre de Marivaux le valet prend une dimension sociale ?
  • Que symbolise le travestissement dans le théâtre du XVIIIè ?

5) Les rapports maîtres-valets

Les règnes de Louis XV et de Louis XVI voient la bourgeoisie se développer et, surtout, la structure sociale en quête d’évolutions, de modifications. Ainsi, les titres de noblesses héréditaires sont de plus en plus contestés et on aspire à donner plus d’importance à la valeur de l’individu par rapport à sa fortune. On ne veut plus s’en remettre au hasard de la naissance pour obtenir une position sociale.

Cette réalité sociale ressort au sein de plusieurs œuvres  grâce au couple maitre-valet. Le serviteur se met en quête de reconnaissance sociale. Il tente d’échapper à sa condition. La relation qu’il entretient alors avec son maitre est davantage perçue comme un problème de classes sociales.

Cette évolution est perceptible dans le titre même des œuvres. Dès que le valet acquiert le statut de héros et voit son nom intégrer le titre (Le mariage de Figaro ; Ruy Blas…), il devient l’égal de son maitre, ou son rival, ou son confident… D’une rivalité sociale, on passe à une rivalité identitaire. Le valet revendique son statut et le droit de le faire évoluer, de cherche son émancipation.

Tandis que dans le théâtre de Molière le valet n’ose pas trop critiquer ouvertement son maitre (il s’en remet à des apartés ou des monologues), chez Beaumarchais et Marivaux la critique prend forme et les revendications sont clairement formulées

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