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Lecture Analytique Du Prologue d'Antigone

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, « jouent aux cartes ») placent le spectateur devant un tableau animé, global, groupé comme le marque le terme « se détache ». Les occupations des personnages sont elles-mêmes originales. Elles font références en effet à des activités familières, ce qui est inattendu dans la tragédie que suggère le titre. De plus, ils sont individuellement ou en groupes, isolés les uns par rapport aux autres sur un espace de la scène, ce que souligne dans le discours du Prologue les notations de lieu « là-bas » et « là ». L’originalité naît de l’absence de communication entre eux. Leur connaissance passe donc par le rôle du Prologue.

2) Le Prologue

Le Prologue est ici un personnage, ce qu’indique la majuscule, et non une partie de la pièce, comme dans la tragédie grecque. Il est original en cela, et aussi par la situation de communication ainsi créée. La présence conjointe de pronoms de la 1ère et de la 2ème personne du pluriel traduit l’ambiguïté du personnage. Á travers le « vous », Le Prologue s’adresse au spectateur. Il est alors un intermédiaire et un guide entre celui-ci et le monde de la fiction, ce qui détruit l’illusion théâtrale. Ce caractère ambigu du Prologue se marque également par l’emploi de la 1ère personne, « nous » (« nous qui sommes là », « nous qui n’avons pas à mourir »). Il se représente alors comme une sorte de spectateur privilégié, ce qui souligne l’étroit lien entre la scène et la salle. Ce traitement particulier de l’illusion théâtrale est également présent dans la présentation des personnages.

3) La présentation des personnages

L’utilisation même des termes « personnages », « jouer », « histoire », l’évocation du lever de rideau mettent l’accent sur le fait que les êtres présentés sont des figures imaginaires. La destruction de l’illusion théâtrale est bien confirmée.

Les constructions utilisées pour présenter les trois groupes (Antigone, paragraphe 1, Ismène et Hémon, paragraphe 2, Créon, paragraphe 3) sont identiques : « Antigone, c’est la petite maigre », « le jeune homme […], c’est Hémon », « Cet homme robuste […], c’est Créon ». Le verbe « être » met en évidence le passage du réel, le physique, au personnage.

Dans le premier paragraphe, la triple reprise de « elle pense », suivie de la même construction (« qu’elle va être », « qu’elle va surgir », « qu’elle va mourir »), le verbe « elle sent » soulignent la distance entre l’être qui a connaissance de son rôle, l’acteur, et le personnage de fiction. Cette idée est encore soulignée par l’expression « joue son rôle jusqu’au bout », ce qui accentue la destruction de l’illusion.

D’autre part, l’utilisation de constructions traduisant le futur (« elle va », « il ne devait ») souligne que l’avenir des personnages est déjà déterminé, ce qui renforce cette destruction.

L’originalité de ce Prologue réside dans le rapport particulier de ce personnage original au spectateur ainsi que dans la présentation qu’il fait des autres personnages. Mais le rôle initial du prologue est surtout de donner des indications permettant de comprendre la suite de la pièce.

II. Les informations

1) Antigone

Caractéristiques du personnage :

- jeune : répétition de « jeune »

- dépouillement du personnage : cf reprise de « maigre » (dépouillement qui se retrouve dans son attitude).

- Marginalité du personnage : cf « qui ne dit rien », « renfermée » + redoublement de « seule » + « qui rêvait dans un coin » + « graves », « triste ». → obstination du personnage.

D’autre part, les verbes « surgir », « se dresser », évoquent une brusquerie, et aussi un mouvement vertical qui suggère l’obstacle qu’elle constitue, mis en relief par la reprise des termes « seule en face du monde / de Créon » qui font apparaître le caractère universel de cette opposition. L’évocation de la mort (« elle va mourir », « elle aurait bien aimé vivre ») est encore accentuée par l’opposition qui clôt le paragraphe « nous qui n’avons pas à mourir »).

Cette description fait apparaître quelques traits psychologiques et signale la révolte du personnage contre Créon ainsi que sa mort prochaine, c’est-à-dire les grands éléments du mythe.

2) Les autres personnages

a. Ismène

Opposition radicale avec sa sœur Antigone :

- insistance sur la beauté : cf reprise de « belle » et « éblouissante »

- blondeur mise en valeur par sa place initiale dans l’énumération

- personnage ouvert, en apparence heureux : cf champ lexical du bonheur « heureuse », « bonheur », également sensible dans la reprise du verbe « rire » + « bavarde », « danse », « jeux », « réussite », « sensualité ».

Le portrait insiste donc sur ce qui est superficiel et vain.

b. Hémon

D’abord évoqué dans sa relation avec Ismène : « bavarde » et « parle » soulignent ce même caractère superficiel.

Ensuite défini comme fiancé d’Antigone à laquelle l’apparente le verbe « mourir », en relief à la fin du paragraphe, qui fait écho à la fin du paragraphe précédent.

c. Créon

Il se définit par un physique également révélateur et par des jeux d’opposition. Les mots « cheveux blancs…rides…fatigué » expriment son âge. Le mot « roi » fait écho au même mot, mais la connotation majestueuse du terme est niée par la précision « jeu difficile de conduire les hommes ». Le groupe de rythme ternaire « la musique […] flâneries » met en effet en valeur ses véritables goûts.

Cette construction va de pair avec l’évocation de leur histoire.

3) L’histoire

Le thème général de l’intrigue est suggéré à travers l’allusion à Œdipe, qui ne donne cependant aucune indication précise. Outre la fonction des personnages et leurs relations entre eux, les seules informations qui soient données sur l’intrigue portent sur son achèvement. Le futur proche ou les termes exprimant l’obligation et la nécessité (« falloir », « il ne devait jamais ») expriment la fatalité du destin tragique d’Antigone. Mais aucun suspense dramatique. Cela s’explique par la connaissance que le spectateur a du mythe.

III. L’adaptation du mythe

1) Les éléments conservés

→ les personnages fondamentaux et leurs fonctions : Antigone, nièce du roi de Thèbes, Créon, sa sœur Ismène, son fiancé Hémon.

→ les données du mythe : en particulier l’idée de fatalité (cf évocation du destin des personnages, destin fixé de route éternité « il n’y a rien à faire » et qui n’a pas forcément d’explication rationnelle : « personne n’a jamais

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