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Manon Lescaut Incipit

Commentaire de texte : Manon Lescaut Incipit. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  3 272 Mots (14 Pages)  •  3 812 Vues

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Séquence 2 L.A n°

Le coup de foudre (p.19-21)

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J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! j'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche[1] d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune[2], qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, qu'elle ne prévoyait que trop qu'elle allait être malheureuse, mais que c'était apparemment la volonté du Ciel, puisqu'il ne lui laissait nul moyen de l'éviter. La douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ces paroles, ou plutôt, l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte, ne me permirent pas de balancer[3] un moment sur ma réponse. Je l'assurai que, si elle voulait faire quelque fond sur[4] mon honneur et sur la tendresse infinie qu'elle m'inspirait déjà, j'emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents, et pour la rendre heureuse. Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges. J'ajoutai mille choses pressantes. Ma belle inconnue savait bien qu'on n'est point trompeur à mon âge; elle me confessa que si je voyais quelque jour à[5] la pouvoir mettre en liberté, elle croirait m'être redevable de quelque chose de plus cher que la vie. Je lui répétai que j'étais prêt à tout entreprendre mais n'ayant point assez d'expérience pour imaginer tout d'un coup les moyens de la servir, je m’en tenais à cette assurance générale, qui ne pouvait être d'un grand secours pour elle et pour moi. Son vieil Argus[6] étant venu nous rejoindre, mes espérantes allaient échouer, si elle n'eût eu assez d'esprit pour suppléer à la stérilité du mien. Je fus surpris, à l'arrivée de son conducteur, qu'elle m'appelât son cousin, et que sans paraître déconcertée le moins du monde, elle me dît que puisqu'elle était assez heureuse pour me rencontrer à Amiens, elle remettait au lendemain son entrée dans le couvent, afin de se procurer le plaisir de souper avec moi. J'entrai fort bien dans le sens de cette ruse : je lui proposai de se loger dans une hôtellerie dont le maître, qui s'était établi à Amiens, après avoir été longtemps cocher de mon père, était dévoué entièrement à mes ordres. Je l'y conduisis moi-même, tandis que le vieux conducteur paraissait un peu murmurer, et que mon ami Tiberge, qui ne comprenait rien à cette scène, me suivait sans prononcer une parole. Il n'avait point entendu notre entretien.

 L’auteur : L'Abbé Prévost était partagé entre ses maîtresses (l'ivresse de la passion) et sa vocation religieuse. Sa vie fut trépidante, scandaleuse.

Il est né en 1697 et mort en 1763. Il a été novice chez les Jésuites puis soldat puis il est devenu bénédictin. Il est parti ensuite en Angleterre puis en Hollande. Il a fini aumônier du prince de Conti : il était chargé d’écrire une histoire de la famille CONDE. Il est mort d’une crise d’apoplexie.

 Le roman : Manon Lescaut a été écrit en 1731 : cette histoire fait parti des « mémoires d’un homme de qualité », commencée en 1728, comprenant 8 volumes et Manon Lescaut est le 7ème volume.
Le chevalier des Grieux rencontre l’homme de qualité et lui raconte son histoire avec Manon (
Il s’agit donc d’un récit enchâssé). A 17 ans, le chevalier rencontre Manon, une jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Cette passion fatale entraînera le chevalier à des actes immoraux (vol, tricherie, crime) et l’éloignera de la vertu incarnée par son ami Tiberge.

Ce roman à rebondissement rappelle le roman picaresque auquel Prévost reprend certaines caractéristiques (aventures ; rebondissements ; différents milieux sociaux ; voyages ; mouvement)

L’extrait : Cet extrait de Manon Lescaut, de l'abbé Prévost, constitue une scène attendue du roman : la rencontre amoureuse (topos du roman d’amour). Dans cette scène inaugurale, le lecteur peut déjà imaginer la destinée de ceux qui ne sont pas encore amants. Le hasard d’un évènement (la flânerie désœuvrée de Des Grieux qui, en compagnie de son ami Tiberge, attend son départ fixé au lendemain) met en présence Des Grieux et Manon qui débarque du coche d’Arras. C’est le coup de foudre immédiatement. Ce récit du premier souvenir est placé tout entier sous l’éclairage des suites fatales de l’aventure. Deux regards se superposent : celui du jeune chevalier, charmé par Manon et celui d’un narrateur mûri par l’expérience douloureuse de la passion : récit et confession se conjuguent pour poser pour la première fois l’une des questions fondamentales du roman : Qui est Manon ?

I La mise en scène d’un souvenir

 Dégagez les étapes de l’extrait et commentez sa progression.

 Par quels procédés (récit de la rencontre, regard rétrospectif) le narrateur influence-t-il notre perception de l’évènement ?

 Quel rôle jouent ici les personnages secondaires ?

II Un coup de foudre

 Quel portrait fait le narrateur de lui-même ?

 Quels sont les effets de l’amour sur le héros ? Quelles transformations cet amour opère-t-il en lui ?

 Dans le discours du narrateur rapporté indirectement, relevez les marques de la passion. A quelle idée l’amour naissant est-il immédiatement associé ?

III Manon : un personnage ambigu

 Relevez et commentez les deux périphrases par lesquelles le narrateur désigne l’héroïne.

 Quelles informations nous livre finalement le narrateur concernant l’héroïne ?

 L’auteur : L'Abbé Prévost était partagé entre ses maîtresses (l'ivresse de la passion) et sa vocation religieuse. Sa vie fut trépidante, scandaleuse.

Il est né en 1697 et mort en 1763. Il a été novice chez les Jésuites puis soldat puis il est devenu bénédictin. Il est parti ensuite en Angleterre puis en Hollande. Il a fini aumônier du prince de Conti : il était chargé d’écrire une histoire de la famille CONDE. Il est mort d’une crise d’apoplexie.

 Le roman : Manon Lescaut a été écrit en 1731 : cette histoire fait parti des « mémoires d’un homme de qualité », commencée en 1728, comprenant 8 volumes et Manon Lescaut est le 7ème volume.
Le chevalier des Grieux rencontre l’homme de qualité et lui raconte son histoire avec Manon (
Il s’agit donc d’un récit enchâssé). A 17 ans, le chevalier rencontre Manon, une jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Cette passion fatale entraînera le chevalier à des actes immoraux (vol, tricherie, crime) et l’éloignera de la vertu incarnée par son ami Tiberge.

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