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Phèdre, Racine (acte II, scène 5)

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Par   •  17 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  1 741 Mots (7 Pages)  •  7 091 Vues

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Commentaire de texte

Phèdre, Racine (acte II, scène 5)

Introduction

Comme le déclare Racine dans la préface de Bérénice « La principale règle [du théâtre] est de plaire et de toucher » ; tâche dont s’acquitte à merveille les dramaturges du XVIIème  siècle.

Jean Racine respecte totalement sa propre règle à travers ses nombreuses tragédies,  telle que Phèdre écrite en 1677. Cette œuvre théâtrale tragique prend parfaitement en compte les caractéristiques du classicisme, mouvement artistique se développant sous Louis XIV qui consiste à analyser l’homme et croire en sa grandeur. Il n’y a pas d’invention dans les pièces classiques, elles sont toujours imitées des anciens. Phèdre est donc une pièce revisitée par Racine mais imaginée par Euripide (484-406 av JC), auteur grec  novateur peu apprécié du public qui donnait pourtant une grande humanité aux personnages. Le rapport à la mythologie rappelle les caractéristiques de l’Antiquité. Celle-ci est généralement un élément propre à la tragédie classique. Cette présence antique oriente les comportements et crée ainsi une atmosphère inhabituelle chez les personnages.

La scène 5 de l’acte II de Phèdre est une des scènes clé de la pièce, cette scène perturbe l’ordre établi et amène à d’importantes conséquences dans le déroulement de la pièce comme la mort des deux personnages. Phèdre est l'héroïne par excellence des tragédies classiques ; durant toutes la pièce  nous constatons que son destin est scellé, de part la malédiction de Vénus qui ronge sa famille mais aussi par ses actes. Nous constaterons tout au long de la pièce que la passion que Phèdre éprouve lui est incontrôlable et que cela la détruira.

Nous allons donc nous poser la question suivante : En quoi l’aveu de Phèdre à Hippolyte est-il  la clé de l’intrigue ?

Nous verrons donc dans un premier temps l’aveu passionné de Phèdre à Hippolyte et dans un second temps les répercutions de cet aveu et la réaction d’Hippolyte.

I/ L’aveu passionné de Phèdre à Hippolyte.

Premièrement, Phèdre est follement amoureuse d’Hippolyte. En effet, tout au long de la discussion, Racine attribua à Phèdre des mots du champ lexical de l’amour tels que  « cœur, époux, ardeur, amour, languis, brûle, aime, adorateur, fidèle, amante » qui créent un climat passionné. En outre, les assonances en [d] et [f] présentes dans le texte notamment dans « Qui va du Dieu des morts déshonorer la couche » ; « Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche », rythmes le texte, montrent les sentiments de Phèdre et donnent un effet poétique. L’auteur introduit aussi une litote dans  « Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins » qui accentue encore plus les propos de Phèdre et précise et renforce la profondeur et la force de cet amour. Le lecteur perçoit ce sentiment, cependant il ne s’agit pas d’un amour libre, puisqu’il est associé à de la tristesse et de la culpabilité, ce mélange d’émotions se ressent et on voit ainsi la peine de Phèdre.

On peut aussi relever le champ lexical de la douleur « douleurs, larmes, mort, attaquent, cris, tremble, nuire, inimitié, souffrir, séparée, offense, peine, haine, pitié » ainsi que du champ lexical de la mort « Achéron, proie, sombre, rivage des morts » ce qui nous prouve que cet amour la fait tellement souffrir qu’elle l’associe plus à un malheur, une malédiction, ce qu’il est, qu’à quelque chose de beau.

L’aveu de Phèdre n’est pas réfléchi, l’héroïne de la pièce en face d’Hippolyte ne put se contenir et la pressions de son amour lui fit avouer l’inavouable, en effet la ponctuation dans la tirade de Phèdre accentue ce phénomène. Ses sentiments sont de plus en plus perceptibles et elle commence à les  dévoiler. La situation d’adultère la fait souffrir ; elle semble partagée entre l’aveu et le secret et ne sait plus vraiment quelle est l’attitude à adopter. Puis, peu à peu, ses pensées et ses envies se mélangent et l’amènent à avouer. Elle n’est cependant pas claire dans ses propos dès le début, c’est la raison pour laquelle Hippolyte met un certain temps avant de comprendre ; Phèdre entretient une confusion entre Thésée et lui. Dans ces propos elle parle d’Hippolyte tout en remplaçant son nom par celui de son mari « je languis, je brûle pour Thésée ». C’est comme si ses idées se mélangeaient elle parle de Thésée et d’Hippolyte en même temps «Toujours devant mes yeux je crois voir mon époux. Je le vois, je lui parle, et mon cœur… Je m’égare, Seigneur, ma folle ardeur malgré moi se déclare. ». L’aveu en lui même est implicite. Phèdre prétexte décrire Thésée à travers Hippolyte mais les compliments lui sont directement adressé finalement « votre port, vos yeux, votre language ; » . C’est la réécriture de leur histoire qui fait comprendre à Hippolyte les véritables sentiments de sa belle-mère.

Phèdre finit par faire comprendre à Hippolyte qu’elle n’espère plus la venue de Thésée, puis lui reproche son absence lors de sa rencontre avec son père et exprime le souhait qu’elle a souvent eu de changer l’histoire. Durant toute sa tirade Phèdre insère des périphrases telles que « des filles de Minos » ;  « le monstre de la Crète » ; « le dieu des morts » pour préciser, éviter les répétions et pour la musicalité ; cela amplifie le ton.

Lorsqu’elle fait vraiment comprendre à Hippolyte son amour elle emploie des mots du champ lexical de la culpabilité « remords, secret, crains, tremble, odieuse, peine, offense, me dévore, trouble » pour lui faire comprendre qu’elle ne l’a pas voulu et qu’elle l’aime malgré elle.

On voit bien dans cette scène le contexte tragique de la pièce à travers le personnage pathétique qu’est Phèdre et les champs lexicaux qu’emploie l’auteur (douleur, mort, amour, culpabilité…). Le lyrisme est d'autant plus prononcé par les nombreuses figures de styles que l'on peut retrouver dans l’écriture tragique

II/ Les répercutions de cet aveu et la réaction d’Hippolyte.

Phèdre avait  avoué  son péché pour se soulager mais finalement cela entraînera des répercutions importantes par la suite. Hippolyte se trouve ainsi, à la fois dans ce quiproquo et dans une situation troublante.

 Dans un premier temps, Hippolyte ne comprend pas le message et interprète les propos de sa belle-mère au premier degré, il pense qu’elle est triste de la mort de son mari et qu’elle le déteste car il est le fils d’une autre femme.

Il comprend lorsqu'elle réinvente leur histoire qu'elle aurait voulu que se soit lui et non son père, vers la fin de sa tirade «... c’est moi, Prince, c’est moi, dont l’utile secours vous eût du Labyrinthe enseigné les détours ... ». Il la coupe alors choqué « Dieux ! Qu’est-ce que j’entends ? Madame, oubliez-vous Que Thésée est mon père et qu’il est votre époux ? » ; Il réagit de façon rationnelle, il tente de faire entendre raison à Phèdre. En effet, son discours est compréhensif et il s’appuie sur leur contexte familial pour la convaincre de son absurdité. Elle répond alors  « et sur quoi jugez-vous que j’en perds la mémoire, Prince ? » ; pour essayer de retourner la situation et qu’il comprenne lui aussi de son absurdité puis finalement finit par avouer qu’il a raison.

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