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Socialisation Primaire Et Secondaire

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les, use de la ruse, construit des scénarios, des affabulations.

I- 2- La place de la famille, mais aussi de l’environnement :

L’environnement familial est prépondérant dans la qualité de cette socialisation primaire.

J.Lautrey (1980) nous le rappelle : « les conditions de vie et de travail, liées au statut socioéconomique des parents, déterminent leurs pratiques éducatives qui, à leur tour, influent sur le développement intellectuel de l’enfant. »

Ainsi montre-t-il comment l’environnement familial (faible, souple ou rigide) peut jouer sur le développement cognitif des enfants. « les enfants élevés dans une structuration souple sont en avance du point de vue du stade atteint dans leur développement opératoire. »

Depuis, d’autres études ont pu démontrer que la qualité relationnelle au sein des membres de la cellule familiale était plus importante que le seul déterminisme des CSP. La relation affective, l’équilibre interne à la famille, la qualité de la communication et du respect seront sans doute déterminants dans la construction des repères sociaux et la socialisation de l’individu.

Au-delà, les travaux de De Singly montrent la possible pluralité des formes de la famille (monoparentale, homosexuelle,) sans pour autant détruire directement la socialisation primaire. La forme de la cellule familiale importe moins que la qualité des relations entre les membres de celle-ci.

Ici, il faut sans doute repenser en termes de « qualité » (amour, affection, respect, posture respective de l’adulte et de l’enfant, …) les conditions favorables au développement de la socialisation primaire. Là encore, le regard (et la responsabilisation) de la seule cellule familiale est réductrice. La famille, c’est aussi les autres membres de la famille (grands parents, oncles et tantes, conjoints, et amis fidèles). Ne faut-il pas parler du « clan » (pour ne pas revenir au concept de la tribu) qui favorise consolidations et compensations dans la construction des repères sociaux (cf G.Gusdorf avec les tribus de Nouvelle Calédonie).

La socialisation primaire dépasse sans aucun doute l’espace privilégié mais restrictif de la famille pour s’ouvrir comme M.Darmon nous le propose à tous les adultes significatifs (et autruis) des expériences premières et quotidiennes de l’enfant.

Un autre caractère de cette socialisation primaire est de ne pas se limiter à la seule intentionnalité des adultes. L’enfant « baigne » dans un climat, une culture, des pratiques et des usages familiaux qui organisent et structurent ses propres modalités d’intervention et d’agir. Le milieu familial constitue une « éducation informelle » au sens où toutes les situations et conduites ne sont pas toujours conscientes, rationnelles, organisées mais elles sont là et « modèlent » l’habitus de l’enfant. On peut ainsi rappeler les gestes d’hygiène du corps, les usages culturels au sein de la maison, les rituels des repas ou les règles de vie commune. Plus tard, vont se développer les croyances et les valeurs de références qui organisent d’autres attitudes et comportements. Ici nous voulons souligner pour y revenir plus loin, l’importance de la notion « d’habitus » de Mauss (1950) reprise par Bourdieu. La socialisation primaire est avant tout une socialisation incorporée, qui se manifeste par des usages, des comportements, des pratiques. C’est en ce sens de cette « in-corporation » que nous pourrons voir combien il est difficile de la modifier par une socialisation secondaire. Le corps incorpore et exprime des habitus que la raison aura bien du mal à modifier (par exemple : le partage, le sourire d’accueil, l’émotion, ..). Darmon 2006 : « La non-conscience du processus de socialisation tient avant tout à sa dimension corporelle ».

I- 3- La socialisation primaire de classe :

Au travers de la socialisation primaire de la famille va s’instaurer une socialisation de classe (Bourdieu) en fonction de l’appartenance socioculturelle des conditions d’existence. Toutes les enquêtes sociologiques mettent en évidence des « traits significatifs et distinctifs » entre les individus à partir de leur origine sociale (et culturelle). A titre d’exemple, on peut évoquer l’attrait ou non pour la mobilité, le rapport aux objets, le rapport à la nourriture ou à l’apparence physique du corps, l’attitude du corps dans les conduites d’accueil ou de communication…La bourgeoisie selon Wita distingue 3 piliers de la culture : l’art du détail, le contrôle de soi et la ritualisation du quotidien.

I- 4- La socialisation de « genre » :

Il est nécessaire de compléter les formes de socialisation primaire par le différentiel entretenu et construit entre l’éducation des filles et des garçons. Encore aujourd’hui et malgré les lois sur l’égalité des sexes, nous devons constater des pratiques discriminantes dans les attentions des parents portées à leurs enfants. Là s’opère un conservatisme de nos habitus dans les représentations que nous avons de l’avenir des enfants. Les coloris des chambres et des vêtements, le choix des jouets, les « façons de se tenir » corporellement, et plus tard, les autorisations de sorties, le choix des activités sportives et l’orientation scolaire vers les lettres ou les sciences…constituent l’arsenal de contraintes organisant les identités sexuées.

On constate ici, comme avec la socialisation de classe un processus d’influence qui crée un différentiel entre les individus mais plus encore qui constitue la base même d’inégalités sociales. Comment sera-t-il possible d’inciter certaines jeunes filles à s’orienter plus tard vers des formations scientifiques par exemple ?

I- 5- Une socialisation primaire « plurielle » pour un homme pluriel (Darmon) :

Nous venons de le vérifier, la socialisation primaire privilégie cette période de l’enfance où il passe la majorité de ses expériences premières au sein de la famille. Mais au-delà, cette cellule est bien ouverte au clan, à l’environnement de l’habitat, à la vie sociale de la cité et déjà à l’Ecole et aux divers lieux sociaux .

Les travaux de B.Lahire (L’homme pluriel 1998) montrent la pluralité des influences sociologiques au sein du processus de socialisation. « Tout corps (individuel) plongé dans une pluralité de mondes sociaux est soumis à des principes de socialisation hétérogènes et parfois contradictoires qu’il incorpore. »

L’individu semble ainsi non pas passivement soumis au déterminisme de tel ou tel agent de socialisation (la nourrice, le père, la mère, …) mais acteur (même involontaire) de la synthèse possible de ces différentes influences. Le « capital culturel » n’est pas détenu exclusivement par les parents, il se partage parmi l’ensemble des intervenants de l’environnement de l’enfant. L’homme se construit ainsi non plus d’une manière rationnelle et construite par l’éducation formelle (Durkheim) mais par la conjonction des expériences vécues qui altèrent son identité. Cependant, Lahire nous rappelle que le processus de socialisation ne suffit pas d’une « simple mise en contact » mais que l’effet est accentué par la « légitimité » reconnue de l’agent socialisateur. Par exemple, la femme de ménage ou le camarade de jeu n’auront peut-être pas le même effet s’il ne possède pas une « importance significative » pour l’individu. D’où l’importance (ou non ) du « modèle » de la première « maîtresse », de l’ami fidèle, de certains grands-parents …On parlera alors de socialisation médiée par des « autruis significatifs » (GH Mead). Pour lui, l’autrui significatif est une personne qui accompagne concrètement, spatialement et affectivement l’enfant.

A l’adolescence, ce sont les « pairs », par la complexité des processus d’intégration et d’identification qui vont jouer un rôle prioritaire en se substituant à l’influence des parents.

La pluralité de la socialisation primaire est encouragée par l’Etat et les services sociaux afin de réduire les effets de « détermination » des inégalités sociales. En effet, les crèches, l’école maternelle, les lieux d’éducation informelle (associatifs) peuvent venir enrichir et diversifier la transmission du modèle familial (ou ethnique) en particulier au niveau des familles dites « à risque ».

Enfin, il n’est pas inutile de rappeler l’influence (parfois dramatique) des « industries culturelles » (Darmon). Les médias, la musique et en particulier la télévision sont impliqués dans une socialisation de masse. La loi du marché ne rencontre plus de règles d’éthique pour limiter leur influence souvent néfaste sur la jeunesse. Quel est le cahier des charges de ces nouveaux vecteurs de socialisation ? Ne favorisent-ils pas parfois « l’abrutissement des masses » en jouant sur la vénalité, l’égoïsme et l’individualisme ? (cf Meirieu 2007).

Pour B.Lahire, « on peut parler d’une jeunesse « sous une quadruple contrainte », à la fois scolaire, parentale des pairs et des industries culturelles ».

II – Socialisation secondaire :

Il est important de préciser que cette « lecture » théorique de l’évolution réelle des individus ne peut se réduire à des phénomènes de stades, de changements identitaires brusques, au passage d’un « état » à un autre.

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