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Balzac, Le Père Goriot

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que l’on ne repère que des modalisations de certitude, le personnage n’admettant jamais le doute. Elle délivre ainsi une définition nette de la société. Son habileté à connaitre et décrypter la société apparait aussi à travers la métaphore du labyrinthe ligne 46-47. Ainsi la vicomtesse ne s’étend pas sur son passé mais par la maitrise à travers laquelle elle dresse l’avenir d’Eugène, elle se pose en femme d’expérience.

c) La domination de Madame de Bauséant dans le discours

La narration est ici totalement suspendue pour laisser place au dialogue au discours direct mais en réalité la conversation est entièrement dominée par la vicomtesse qui monopolise la parole et livre d’une traite un discours structuré allant d’un constat à une conclusion marquant la fin de la conversation et celle de l’entrevue ligne 49. On relève un décalage absolu des répliques puisque ce n’est qu’ultimement qu’Eugène exprime sa gratitude à demi mot. Elle domine entièrement le dialogue, la seule intervention de l’auteur ligne 16 la concerne, de même que la reprise du discours descriptif ligne 48. Eugène est donc relégué au rôle de récepteur muet, passif, congédié à la fin de la conversation et la seule nuance que l’on puisse apporter est la réplique finale par laquelle il exprime sa gratitude ligne 21. Cette interrogation jouant sur l’implicite et créant une connivence entre les deux personnages révèle la conscience du service rendu à Eugène et achève de positionner Madame de Bauséant en position de mentor.

2) Une peinture réaliste de la société

a) Une société figée et codifiée

Madame de Bauséant par son titre de vicomtesse est un membre de l’aristocratie, statut qu’elle souligne ligne 24-25. En effet de par ce statut elle délivre une connaissance des hautes sphères parisiennes. Pour son cousin ignorant, elle explicite les termes de cette société qui apparait alors comme divisée par une frontière infranchissable, l’aristocratie se présentant comme une sphère impénétrable dans laquelle seule la naissance permet d’entrer. La société apparait aussi comme répondant à des rites sociaux très précis, ainsi lorsqu’elle se propose pour aider Eugène à séduire Mme de Nucingen, elle établit une distinction stricte dans les différents signes d’intérêt à adresser. En n’ouvrant sa porte qu’à demi à Madame de Nucingen, la vicomtesse marque une volonté de ne pas se compromettre socialement aux yeux du groupe auquel elle appartient.

b) Une société du paraitre

Madame de Bauséant porte sur la société un regard dépréciateur ligne 45 « une réunion de dupes et de fripons » et par prudence elle fait distinction entre la vie privée et la vie sociale consacrée à l’apparence. Les sentiments sont mis au service des apparences, ligne 29. La réalité des sentiments est une hypothèse envisagée ligne 11 et 13 mais est perçue comme un danger, une faiblesse. La dissimulation et l’hypocrisie deviennent alors non plus des vices mais des précautions utiles à l’individu ligne 12-13. Ainsi la vicomtesse engage son cousin dans le stéréotype du séducteur affranchi de toute morale ligne 7-9. Ce conseil machiavélique prend les apparences d’un souci de protection. La lucidité, l’habileté à mener une vie pour soi et une vie pour le monde deviennent des nécessités vitales à la réussite.

c) La difficulté de parvenir

Eugène est défini comme un jeune homme faisant ses premiers pas en société, et en éducatrice exigeante Madame de Bauséant souligne son échec ligne 31-32. Elle décrypte un bannissement à travers la métaphore filée de la porte. Tout passe par des codes à décrypter. A l’échec passé, la vicomtesse oppose un triomphe futur ligne 41 « Vous aurez des succès ». On constate que la volonté de progression fonctionne comme une volonté sociale commune ligne 40. L’imperméabilité des groupes sociaux crée des difficultés d’ascension, ce phénomène est décrit comme une bataille dans laquelle il faut se faire des alliés. Les sentiments étant mis de côté, la perception de l’autre est donc utilitariste, ligne 29 « servez- vous d’elle ». A l’échec passé d’Eugène répond l’échec de Madame de Nucingen. Dans cette difficulté pour l’individu de progresser, le domaine sentimental est primordial.

La vicomtesse se fait peintre minutieux de la société dans laquelle elle évolue, devenant par là en quelque sorte le porte-parole de l’auteur. L’objectif du roman réaliste de peindre la société est accompli à travers ce dialogue.

3) Un personnage présentant des fragilités

a) Un personnage conditionné par son milieu

En se voulant examinatrice exacte, elle est en réalité conditionnée par son éducation, cela transparait à travers un certain nombre d’idées préconçues : la valeur de la naissance, la certitude d’être une reine de la société observée et enviée, la certitude d’éveiller de la jalousie à des « inférieurs ». A travers son discours transparait le dédain de la bourgeoisie ligne 40. Dans ses gestes elle se conforme à l’opinion qu’elle a d’elle-même ligne 48. La première faille du personnage réside dans le fait que la lucidité de son observation est nuancée par son conditionnement social, son fonctionnement stéréotypé.

b) Un personnage troublé

Le ton est celui de la rancœur, il exprime son désir de vengeance ligne 1. Le personnage est saisi dans un moment de trouble intime intense manifesté par plusieurs procédés : le mode d’expression (accumulation de phrases brèves et simples, connecteurs logiques rares, répétitions d’idées auxquelles répondent des répétitions de vocabulaire), la confusion de nom concernant

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