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Individualisme Méthodologique Holisme

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lis, I, Paris, Gallimard, 1985. Pour une analyse de l´individualisme méthodologique dans l´noeuvre de F. Hayek, plus sophistiqué et complexe que celui des néoclassiques, voir José Manuel Moreira, Filosofia e Metodologia da Économia em F. A. Hayek, Porto, Universidade do Porto, 1994, 437 p.

disposition et en tentant d’obtenir les meilleurs résultats possibles (optimum). Para contre, dans le holisme c’est le groupe ou le collectif qui constitue la véritable entité de base. En dépit de la grande diversité d’écoles et de courants en matière de théories économiques, on peut parler de nos jours (dans tous les pays développés mais aussi dans une partie du “Tiers Monde”), de la prépondérance dans les milieux officiels et académiques de l’idée d’une orthodoxie néoclassique pour laquelle seul compte le facteur individuel dont la rationalité est définie par l’axiome de la maximisation. Dans l’approche marginaliste, par exemple, l’on retient l’hypothèse d’individus rationnels cherchant à maximiser leur satisfaction (utilité pour les consommateurs, profit pour les entrepreneurs), à la différence de l’approche hétérodoxe keynésienne - macroéconomique et holistique - pour laquelle les mécanismes d’ajustement du marché sont imparfaits, d’où la nécessité de les compléter, les encadrer ou les réguler para une action publique, politique économique ou intervention structurelle. Dans le premier cas la réalité complexe est simplifiée et réduite à une “loi” que l’on veut scientifique; dans le deuxième cas la réalité est perçue comme multidimensionnelle3 et l’insère dans un contexte d’incertitude4 où le problème n’est pas réductible à des calculs d’efficacité strictement économique et “la rationalité méta-économique se déplace du terrain des choses à celui des homme”5 . Il reste que les définitions manquent parfois de la rigueur indispensable et ne sont pas toujours suffisantes pour clarifier ou départager les champs théoriques respectifs. On peut s’en appercevoir dans les contradictions épistémologiques de l’argumentation de l’individualisme méthodologique, quand celui-ci utilise des concepts clairement holistes comme “famille”, “marché” ou même “l’entreprise”. Par ailleurs, la théorie néoclassique appuyée justement sur l’individualisme

méthodologique, fut longtemps critiquée par son “réductionnisme” qui l’empêcherait de rendre compte de la “complexité”, en particulier celle qui résulte de l’enjeu des problématiques du développement dans les pays du Sud. Paradoxalement, sa réponse est allée dans le sens d’une “radicalisation”, c’est-à-dire d’un positivisme et d’un réductionnisme accrus puisqu’ils

tranforment la théorie économique néoclassique dans une espèce de clef qui ouvre la

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Vd. Henri Bartoli, L´économie multidimensionnelle, Paris, Economica, 1991. Vd. par exemple M. Jacinto Nunes, O pensamento de Keynes, Lisboa, Imprensa Nacional, 1998, pp. 141 et svs.

connaissance de tous les phénomènes sociaux. Dès lors, la sociologie, la science politique ou l’histoire, sont ramenées à un status de contenu vide et pratiquement inutile, en même temps que la société devient une somme d’agents indépendants dotés de livre arbitre. La vie économique, sociale et politique est alors définie par l’interaction des décisions individuelles, dans laquelle chaque agent est soumis à des limitations cognitives et matérielles, dispose de ressources rares et a un comportemente qui peut être prévu à partir de l’hypothèse de la rationalité de l’agent individuel. Celle rationalité, bien au centre de la théorie néoclassique, est appliquée à l’ensemble des comportements humains, ce qui permet à des auteurs comme Gary Becker, Schultz, Stigler, etc., d’expliquer n’importe quel acte, aussi bien les l’activités criminelles que la logique du mariage ou les décisions des familles concernant le nombre de leurs enfants6 . Puisqu’il s’agit toujours de comparer coûts et bénéfices, ces “lois”, prises comme des données universelles, élargissent le champ d’application de l’homo oeconomicus et des choix rationnels et reviennent à établir une “théorie générale du comportement humain” dans le cadre d’un système libéral unique, indépendamment des cultures ou des stades de développement.7 Sur le plan méthodologique, les théories néoclassiques se caractérisent aussi par leur très grande résistance à la falsification (ou réfutation) au sens popperien8 en recourant à des “stratagèmes immunisateurs” tels que l’utilisation de modèles au contenu tautologique, de prédictions floues ou réversibles, ou de statuts épistémologiques à “géométrie variable”. Le paradoxe est d’autant plus grand que beaucoup d’auteurs évoquent l’autorité de Kari Popper pour justifier leurs choix méthodologiques conduisant à l’individualisme

méthodologique, pierre angulaire de leur édifice théorique. C’est ainsi qu’ils considèrent que Milton Frie’dman est simplement “Popper appliqué

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René Passet, “L´économie multidimensionnelle”, Le Monde Diplomatique (Paris), mars 1992. Vd par exemple Gary Becker, Human Capital , Chicago, 1993 et Gary Becker, The Economics of Discrimination, Chicago, 1971. 7 Cependant – sans même faire référence aux profondes différences existantes entre les positions d´un libéral comme Hayek et celles des néoclassiques – il faut signaler à l´occasion que le “libéralisme” et la “théorie néoclassique” ne se confondent pas obligatoirement sur tous les points, même si, à l´époque actuelle, ils se recouvrent en maints points. La théorie néoclassique n´est pas nécessairement le fondement théorique du libéralisme et ne conduit pas toujours à celui-ci, même s´il est vrai que depuis la seconde guerre mondiale la généralisation de la théorie néoclassique est accompagnée par une prédominance – notamment dans les institutions internationales – d´un certain libéralisme (par exemple dans ce qu´on appelle le “Consensus de Washington”), en particulier sous l´influence de l´École de Chicago. 8 Vd. Claude Le Pen, «´Falsiabilité´et théorie économique ou comment rendre une théorie scientifique infalsifiable», Économie et Société, Grenoble, PUG, 10, 1987.

àl’économie”. Il est vrai, comme le rappelle Mark Blaug, que peu d’entre eux ont réelement lu Popper9 , et oublient par conséquent que le critère de démarcation poppérien entre science et nonscience se fait justement par le truchement de lafalsiabilité (“sophistiquée” et non pas “naïve” comme Lakatos l’a prétendu10), d’où l’on déduit qu’une théorie est d’autant plus scientifique qu’elle est falsifiable (réfutable), et elle est falsifiable dans la proportion directe de son contenu empirique11 , ce qui l’éloigne de l’instrumentalisme Milton Friedman pour lequel il est aussi avantageux que les hipothèses ne soient pas réalistes12 Sans vouloir développer ces questions, il faut néanmoins souligner qu’il semble bien problématique, sinon même illégitime, le recours des néoclassiques à la “caution” théorique de Popper pour justifier deux questions centrales au moins: D’une part, celle de la rationalité de “l’individualisme méthodologique”, dans la mesure où le thème de la rationalité individuelle n’est pas considéré par Popper comme un principe a priori, valide une fois pour toutes, mais, au contraire, se situe dans un contexte de “logique situationnelle”. Popper considère «le principe de l’action adaptée (c’est-à-dire le principe de rationalité) comme partie intégrante de toute, ou presque toute, théorie testable dans les sciences sociales”».13 En refusant que le principe de la rationalité soit a priori, non empiriquement réfutable, il met en cause sa validité: “un principe qui n’est pas universellement vrai est faux. Par conséquent le principe de la rationalité est faux (...). Ainsi, nous devons constater qu’il n’est pas valide a priori. Or si le principe de rationalité est faux, il s’ensuit qu’une explication

consistant dans la conjonction de ce principe et d’un modèle doit être fausse elle aussi, même si le modèle en question est vrai”.14 Nous sommes par conséquent loin de l’axiomatique ahistorique (et même métaphysique) de l’individualisme méthodologique des néoclassiques. Parler de 1’ “a-historicité” de Popper, comme certains le font encore paraît non moins

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Mark Blaug, “Paradigms versus research programmes in the history of economics”, in Daniel M. Hausman (Edited by), The Philosophy of Economics, Cambridge, 2nd ed. 1994, p. 348. 10 Lakatos (Imre), “Falsification and the Methodology of Scientific Research Programmes”, in Lakatos (I.) and Musgrave (A.), Ed. by, Criticism and the Growth of Knowledge, Cambridge, 1970 (réimpression de 1982, pp. 91196). Trad. portugaise A crítica e o desenvolvimento do conhecimento, São Paulo, Cultrix, 1979, pp. 109-243. 11 Karl Popper, The Logic of Scientific Discovery, trad. portugaise: A lógica da pesquisa científica, São Paulo, Cultrix, 2e éd. 1972, pp. 42-45. 12 Milton Friedman, «The Methodology of Positive Economics», in Essays in Positive Economics, Chicago, s/d, pp. 3-43; vd aussi le commentaire de Mark Blaug, The Methodology of Economics, 2nd ed., 1992, trad. port. A Metodologia da Economia , Lisboa, Gradiva, 1994, pp. 146-150. 13 Cf. K. Popper, “La

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