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Suis Je Le Mieux Placé Pour Savoir Qui Je Suis?

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érence entre tous ces autres ? Le sujet nous demande en effet de comparer ma position et celle des autres : on ne nous demande pas si je suis « bien » placée mais si je suis la « mieux » placée. C’est la raison pour laquelle nous comparerons les positions des uns et des autres.

(Problématisation) Il est donc difficile de dire si je suis la mieux placée pour savoir qui je suis. En effet, la place privilégiée que j’occupe en étant à la fois le sujet et l’objet de la connaissance de moi-même n’est-elle pas cela même qui m’interdit l’accès à tout savoir sur moi, c'est-à-dire à toute objectivité sur moi ?

(Annonce du plan) Nous verrons dans un premier temps que je suis la mieux placée pour savoir qui je suis, car tout ce qui me constitue relève d’une intimité qui ne peut appartenir qu’à moi et reste fondamentalement inaccessible pour autrui. Pour autant, la conscience que j’ai de mon intimité constitue-t-elle un savoir au sens strict, c'est-à-dire une connaissance objective et vraie ? Dès lors, savoir qui je suis ne relève-t-il pas d’un mouvement perpétuel de va-et-vient entre moi et le monde extérieur, me permettant de lever les zones d’ombre de mon intériorité ?

(I) (Introduction) Savoir qui je suis, ce n’est pas savoir ce que je suis. Ce que je suis, c’est ma caractérisation d’objet, de chose, extérieure. Je suis un homme, un être raisonnable, un animal politique, etc… je peux donc savoir ce que je suis, sans savoir qui je suis, les autres également peuvent savoir ce que je suis sans savoir qui je suis. Savoir ce que je suis, c’est avoir la connaissance de la catégorie générale à laquelle j’appartiens, alors que « qui je suis », c’est mon identité de personne, individu à part, unique, distinct des autres. Dans ce sens, qui d’autre que moi pourrait mieux savoir quelle personne je suis, dans la mesure où j’ai la meilleure place qui soit : j’y suis !

(IA) (Idée et argument) Ainsi, seule moi peut savoir ce qui constitue mon histoire, la manière dont mon passé me constitue telle que je suis aujourd’hui. Ce savoir expérimental, s’appuyant sur la certitude et l’immédiateté de mon vécu ne peut appartenir qu’à moi. Aussi fragmentaire et partiale que soit ma mémoire, aussi linéaire et simple que soit mon histoire, elles constituent la personne que je suis aujourd’hui, mon caractère, mes comportements, mes qualités et mes défauts, en un mot la position que j’occupe dans le monde, le rapport que j’entretiens aux autres et au monde. Si mon histoire était différente, la personne que je suis serait différente. Mon identité est ainsi intimement liée à mon histoire et à la mémoire que j'en garde - que moi seule connais. D’ailleurs, moi seule ai vécu cette histoire et donc ai suivi ma propre personne dans l’intégralité de son évolution.

(Référence) Bergson, dans La conscience et la vie, montre ainsi que la conscience, l’existence d’un sujet et d’une personne dans le monde, est rendue possible grâce à la mémoire, qui d’une part assure la continuité de la conscience – condition même de son existence car si nous n’avions aucune mémoire nous serions sans cesse en train de renaître et ne pourrions donc jamais dire « je » - et d’autre part rend possible l’action – qui s’appuie toujours sur le passé et ses leçons. L’intensité et l’étendue de cette mémoire n’est pas en question. Seul importe le fait que pour exister comme personne, c'est-à-dire comme individu capable de se poser dans le monde comme sujet, il est nécessaire de s’inscrire dans une temporalité longue, d’avoir une histoire. A cet égard, la mémoire seule ne suffit pas, l’anticipation s’avère tout autant nécessaire. En effet, ma capacité à savoir que j’ai un avenir, que je suis un être temporel, à imaginer et anticiper est également condition de mon existence comme sujet et de mon inscription dans le monde comme sujet. [1]

(Conclusion) En ce sens, nous pouvons donc dire que je suis la mieux placée pour savoir qui je suis car mon identité de personne est constituée par ma manière d’être dans le monde grâce à ma capacité à m’inscrire dans une histoire qui n’appartient qu’à moi, que je suis la seule à avoir vécue, dont moi seule ai la mémoire.

(IB) (Transition) C’est bien le fait que mon vécu n’appartienne qu’à moi qui rend ma place privilégiée par rapport aux autres. En effet, même si je décidais de rendre compte intégralement aux autres de mon histoire, de mon vécu, de les raconter en exhaustivité en supposant que ma mémoire me le permette, pour autant, autrui serait-il dans la même position que moi ?

(Idée et argument) La barrière qui existe entre moi et les autres, n’est pas seulement qu’ils ne connaissent pas mon histoire, mais surtout qu’ils ne l’on pas vécue. Or, à cet égard, l’outil dont je dispose pour partager ces expériences, le langage, n’est-il pas inadapté ? Si je voulais me dévoiler intégralement aux autres pour qu’ils connaissent mon intimité aussi bien que moi-même, le langage me le permettrait-il ? Il semble bien que non, puisque, par définition, le langage est un outil général, dont l’intérêt est de nous fournir des mots uniques, généraux, pour désigner des réalités particulières. Pour parler de ma colère, de ma haine ou de mon amour, je dispose ainsi des mêmes mots que tous. Comment alors partager mon intimité avec les autres, comment leur faire savoir qui je suis, c'est-à-dire ce qui caractérise tous les mouvements de mon âme et de mes intimités ?

(Référence) C’est ce qu’explique Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la perception . Les autres ne peuvent me connaître que par analogie avec leur propre vécu, par lecture ou interprétation de mes comportements, et par la compréhension de mes paroles, mais rien de tout cela ne saurait se substituer au vécu qui est le mien : partager ou comprendre ce que je vis ou ce que je ressens, ce ne sera jamais, pour l’autre, le vivre ou le ressentir. Or, cette manière d'être dans le monde, de le ressentir et de le voir, est bien ce qui constitue mon identité propre, ce qui me distingue des autres, car elle est propre à chacun, unique. Elle est donc ce qui me définit au sens où elle est ce qui me caractérise et permet de me distinguer des autres.

(Conclusion) Non seulement donc je suis seule à avoir un accès direct à mon intimité, mais même si je décide de la transmettre, jamais je ne pourrai la faire vivre. En ce sens, savoir qui je suis, c'est-à-dire connaître, accéder à la réalité vécue de mon identité n’est possible d’une manière vraie, c'est-à-dire en parfaite adéquation avec la réalité de mon vécu, que pour moi. Dans la mesure où les autres ne peuvent connaître mon intimité que par analogie avec la leur, je reste la mieux placée, celle qui y accède directement, ni par analogie, ni par interprétation.

(Transition)L’identité d’une personne émerge dans le « je » que je suis seule à pouvoir prononcer pour moi. Mon intimité, la réalité intime et personnelle qui constitue la personne que je suis est engagée à chaque fois que – grâce à la conscience immédiate que j’ai de mon existence – je dis « je ». Ainsi, n’est-ce pas la conscience immédiate que j’ai de moi qui détermine qui je suis et ne saurait donc permettre aux autres de me connaître mieux que je ne me connais ?

(IC) (Idée et argument) En effet, si la connaissance de mon identité ne peut appartenir à personne d’autre mieux qu’à moi, c’est bien que la conscience est avant tout un acte personnel, que personne ne peut réaliser pour moi. La conscience, c'est-à-dire la certitude que j’ai de mon existence et des divers pensées et sentiments qui me traversent et m’animent, est un acte immédiat, lié à une personne et une seule. Qui mieux que moi pourrait décrire mes sentiments, développer mes envies, défendre mes idées ? Mon identité, toutes ces qualités qui me caractérisent, est ainsi constituée de tous ces mouvements qui m’animent et dont seule j’ai conscience. La conscience constitue ainsi le point fixe d’où part tout le reste et donc le fondement de toute connaissance adéquate de moi-même. Même si je ne peux pas nécessairement l’exprimer dans le langage adéquat, le fait que je sente un sentiment ou pense une pensée me constitue, détermine qui je suis, et moi seule peut en avoir une saisie immédiate.

(Référence) C’est bien ce qu’explique Descartes dans Les Méditations Métaphysiques. La conscience constitue non seulement une substance, c'est-à-dire un point fixe et immuable, mais aussi et surtout une certitude que je peux acquérir seule, sans jamais recourir à l’extériorité, puisqu’au contraire c’est de cette certitude que nous pourrons partir pour explorer tout le reste. L’expérience du doute montre bien donc que la conscience est le nœud de l’identité du sujet, le point de départ de tout le reste.

(Conclusion et transition) Ainsi, je suis la mieux placée pour savoir qui je suis au sens où qui je suis c’est d’abord l’ensemble des qualités qui me définissent, des mouvements qui animent mon intimité, et dont seule la conscience immédiate que j’en ai constitue un savoir adéquat. Autrui n’aura jamais qu’un accès indirect et donc déformé à ces informations. Si par savoir on entend connaître, disposer des informations relatives à un objet, je suis alors à l’évidence la mieux placée pour me connaître. En effet, la séparation entre intériorité et extériorité constitue un obstacle fondamental à la connaissance que les autres ont de moi et rend

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