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Taming American Power

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itimer la position de leader des Etats Unis sur la scène internationale. Pour ce faire, Walt préconise d’utiliser la force militaire avec parcimonie, en recherchant une plus grande coopération avec ses alliés. L’objectif est clair : revaloriser l’image du pays qui tend de plus en plus à s’étioler. Il est aussi question de bouleverser les perceptions stéréotypées vis à vis du géant américain, lesquelles sont le plus souvent noircies par l’historicité des interventions que les Etats-Unis ont pu mené dans le passé, comme l’illustrent la Guerre du Vietnam ou encore le dramatique exemple de l’Irak. Il s’agit donc de reconstruire les schèmes de pensée liés à la politique étrangère américaine, laquelle est généralement fondée sur une l’identité «d’hyper puissance à outrance ».

Cette réflexion amène à s’interroger sur la montée du sentiment croissant d’antiaméricanisme et sur son impact dans différents domaines comme la santé du marché américain, mais aussi au niveau des dynamiques sécuritaires (basic security management) et de manière d’autant plus significative après les évènements du 11 septembre 2001.

La thèse centrale de Walt se situe dans l’analyse de ce sentiment d’hostilité croissante envers la doctrine américaine. Contrairement à la célèbre formule de Bush : « They hate us because we love freedom » (ils nous détestent parce que l’on aime la liberté), Walt démontre au contraire que l’essentiel du sentiment d’antiaméricanisme est généré par des actions et des politiques publiques spécifiques, comme l’ingérence croissante des Etats-Unis sur les régions sensibles du globe et de façon encore plus prégnante au Moyen Orient avec le conflit israélo palestinien.

Les précédents historiques, comme ceux concernant la responsabilité partielle du gouvernement américain dans la défaite de neuf gouvernements d’Amérique latine donne une bonne raison à plusieurs pays d’éprouver un certain ressentiment vis à vis des Etats-Unis.

L’approche méthodologique de l’auteur est bien sûr de considérer ici le pays comme appelé à dépasser une position qu’il qualifie d’« immature » (dixit le texte) et de poser les jalons d’une diplomatie plus mûre, moins basée sur « l’étalage » des moyens matériels à la disposition du pays mais plutôt sur une dynamique de persuasion. Fidèle à la tradition réaliste, Walt ne nie en aucun cas l’hyperpuissance américaine, mais mise sur l’influence des perceptions et des schèmes de pensée relatifs à la superpuissance américaine. Il s’agit pour l’auteur de donner aux acteurs internationaux les moyens d’intérioriser le leadership des Etats-Unis, non comme une notion imposée par la force (par des interventions militaires à répétition par exemple) mais plutôt comme un fait patent, intériorisé et dont les pays (qu’ils soient ennemis ou alliés) sont naturellement convaincus.

1) L’Administration Bush : le nécessaire changement de rhétorique en matière de politique extérieure

L’auteur de Taming American Power est sans conteste un opposant de la première heure à la politique de Georges W. Bush. Il est un théoricien orthodoxe, membre fondateur actif de la Coalition for a Realistic Foreign Policy, qui dénonçait déjà en 2003 les dangers de la direction impériale adoptée par le chef d’Etat américain.

Cet ouvrage a d’ailleurs beaucoup de points en commun avec celui de Richard Haas, The Opportunity : America’s moment to alter history’s curse et celui de Francis Fukuyama intitulé America at the crossroads.

En effet, l’atmosphère politique et intellectuelle des Etats-Unis a évolué dans un sens favorable à l’école réaliste. A l’imposante bibliothèque consacrée aux néo conservateurs et à la doctrine Bush, succède une nouvelle vague d’ouvrages comme ceux précédemment cités qui, prenant acte de l’échec de la doctrine Bush, s’efforcent de tracer une voie nouvelle, laquelle n’est souvent qu’un retour à la modération et à la sagesse diplomatique traditionnelle. On le verra, Stephen Walt s’inscrit comme un pourfendeur d’une nouvelle philosophie pour la politique étrangère américaine, appelant à un certain « level of wisdom », une sagesse politique et diplomatique, dans le but de préserver et de pérenniser la puissance et la stratégie d’influence des Etats-Unis sur le long terme.

On ne peut faire l’économie du contexte qui a précédé la rédaction de l’ouvrage de Stephen M.Walt. Ce dernier semble avoir été manifestement influencé par des auteurs tels que Francis Fukuyama et Richard Haass. Leurs trois livre réunis[1] ont en effet beaucoup de thèmes convergents : la critique de la guerre en Irak, de la doctrine de guerre préventive, de la propension bushienne à l’unilatéralisme ou encore la surestimation de la force militaire comme instrument de la politique.

Tous les trois se rejoignent sur le fait suivant : l’empire ou l’ « hégémonie bienveillante » sont impossibles à l’âge du nationalisme. Aucun des trois cependant, ne veut renoncer à la primauté américaine et à son caractère positif. Le caractère prégnant de la puissance américaine est d’ailleurs très visible dans l’extrait de Walt: « enormous material power, considerable global influence, its power and wealth, a remarkably immature Great Power ». Comme il est inscrit de façon plus explicite dans l’ouvrage lui même, la condition pour maintenir cette suprématie américaine (« US primacy ») est le recours à la modération, à l’art d’écouter les autres Etats, à l’acceptation de règles communes et aussi au multilatéralisme, ce qui appelle l’auteur à souligner l’importance du non renoncement à des partenariats multiples. En effet, si les Etats Unis décident de faire cavalier seul, l’auteur met en garde sa patrie contre les dangers que cela pourrait avoir sur la politique étrangère à long terme : « if the US ends up hastening the demise of its existing partnerships (…) we will have only ourselves to blame ».

D’une manière générale, si ses propositions sont souvent, comme sur le problème israélo palestinien, réalistes dans le plein sens du terme, et courageuses dans le contexte américain, sa foi dans les solutions diplomatiques amène parfois l’auteur à un optimisme peu réaliste. Ainsi, en se plongeant dans l’ouvrage, on peut y lire les suggestions de Walt à propos de la prolifération nucléaire. Seul bémol, le fait de considérer que la réduction du rôle des armes nucléaires des Etats-Unis dans leur stratégie permettrait en échange que la Corée du Nord ou l’Iran renoncent à l’arme atomique, ne tient pas compte des motivations idéologiques ou régionales qui les leur font rechercher.

On ne peut s’empêcher de citer sur ce point la thèse de Richard Haass[2] à propos de l’Administration Bush, qui à l’instar de celle de Walt, fait preuve d’un certain optimisme, dans la recherche de solutions alternatives. Le concept positif de Haass, qu’il voudrait substituer à l‘endiguement de Georges Kennan valable pendant la guerre froide, est celui de l’intégration. Mais d’une part, il conçoit celle-ci inspirée et dirigée par les Etats-Unis, ce qui ne peut manquer d’être interprété comme un « impérialisme soft » ou soft power et susciter chez beaucoup de critiques littéraires, une réaction de rejet. D’autre part, on ne sait pas s’il s’agit de viser une intégration du type de celle de l’Union européenne, impliquant des transferts réels de souveraineté, ou simplement une adoption enthousiaste de la mondialisation et du multilatéralisme.

2) Une politique extérieure américaine en quête de légitimité

a) La persuasion : l’alternative au recours à la force

Taming American Power a l’originalité de regarder les Etats Unis avec les lunettes du monde extérieur. Son apport le plus précieux est l’analyse des différentes tactiques à l’aide desquelles les autres Etats, incapables d’imposer une coalition égale ou supérieure en puissance à celle des Etats-Unis, s’arrangent néanmoins pour faire obstacle à ses desseins.

C’est ce que l’auteur appelle le soft balancing. Les stratégies asymétriques, la mauvaise volonté dans l’exécution des politiques communes, où l’on suit un leader « en traînant les pieds », l’emploi de normes et d’institutions pour délégitimer sont autant de manières de « subvertir, de saper, de dissuader, d’ennuyer les Etats-Unis pour faire pièce à leur politique [3]». C’est ce que l’auteur souligne lorsqu’il fait état du potentiel de persuasion que doit utiliser le géant américain. L’auteur note d’ailleurs que la « persuasion » (dixit l’extrait étudié) est une arme bien supérieure au recours à la force en matière de politique étrangère. Ainsi, on relève : « the key is not power but persuasion », si les Etats-Unis entendent préserver leur influence et la pertinence de leur politique extérieure sur le long terme.

A la lecture de Taming American Power, Walt montre comment la politique étrangère de l’Administration Bush a endommagé la posture des Etats-Unis dans le monde. L’auteur encourage l’avènement d’une politique extérieure plus mature, dixit l’extrait : « The United States (…) remains a remarkably immature Great

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