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Convaincre Et Persuader

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diverses. Qu’en sera-t-il alors de l’argumentation ? On ne peut donc se contenter de définir l’argumentation par l’exposition du déroulement du schéma argumentatif et de l’étude d’une stratégie argumentative. Il faut rappeler d’abord quelques données.

■ Le schéma de la communication et les fonctions

du langage

Pour un récepteur

l Le schéma de la communication permet de prendre en compte

les six instances en œuvre dans toute communication. Référent

(ce dont on parle)

Émetteur

Message

Récepteur

Contact

(manières d’établir le contact entre l’émetteur et le récepteur)

Code

(moyen utilisé pour communiquer : langue) Schéma en ligne

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l Convaincre, persuader, délibérer

z À partir du schéma de la communication, on attribue (depuis

les analyses du linguiste Jakobson) six fonctions au langage selon que l’accent est mis sur telle ou telle instance. Quand l’accent est mis sur le récepteur, on parle de fonction conative. L’argumentation relève principalement de cette fonction puisqu’il s’agit de tout mettre en œuvre pour agir sur le destinataire et l’amener à se ranger à la thèse de l’émetteur, c’est-à-dire de l’argumentateur. La réussite d’une argumentation se jugera à l’adhésion du destinataire. Dans les textes que vous étudiez, le destinataire peut être présent et participer à l’argumentation : c’est le cas du dialogue. L’argumentation peut lui être destinée sans qu’il puisse interagir. C’est le cas du discours et de tout texte qui prend en compte explicitement un récepteur clairement identifié (apostrophes, impératifs, pronoms personnels de seconde personne…), ou plus vaguement (utilisation du pronom indéfini « on » à valeur inclusive, et du pronom « nous »). Le destinataire est alors le lecteur. Mais il est parfois absent : c’est le cas des dissertations, par exemple.

■ Polyphonie et dialogisme

On n’argumente jamais seul

l Une argumentation fait toujours entendre plusieurs voix (polyphonie). En effet, même quand il y a absence totale des marques d’un destinataire, on peut dire que l’argumentateur n’est jamais seul dans la mesure où argumenter, c’est se situer, soi, personnellement, dans un débat déjà ouvert ; c’est prendre position par rapport à d’autres thèses déjà énoncées, évaluer les argumentations, et les arguments. l Quand l’auteur joue avec ces diverses voix, qu’il énonce et répond aux diverses thèses qu’il réfute, on parle de dimension dialogique ou de dialogisme. Ainsi, Diderot pour dénoncer l’esclavage, dans la Contribution à l’Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal (1780), fait entendre deux voix, celle d’un « on » qui reprend les arguments habituels des défenseurs de l’esclavage et celle d’un « je » qui contre-argumente. Mais, dit-on, dans toutes les régions ou dans tous les siècles, l’esclavage s’est plus ou moins généralement établi. Je le veux : mais qu’importe ce que les autres peuples ont fait dans les autres âges ? Est-ce aux usages du temps ou à sa conscience qu’il faut en appeler ? Est-ce l’intérêt, l’aveuglement, la barbarie ou la raison et la justice qu’il faut écouter ? Si l’universalité d’une pratique en prouvait l’innocence, l’apo-

Utiliser le dialogisme

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logie des usurpations, des conquêtes, de toutes les sortes d’oppressions serait achevée.

Diderot, Contribution à l’Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal, 1780.

Il est, dans ce cas, fondamental d’étudier attentivement l’énonciation, afin de ne pas se tromper dans l’attribution des propos.

■ Valeurs, croyances, implicite, présupposés

Entendre ce qui n’est pas dit

l Argumenter, c’est aussi s’inscrire dans un système de valeurs

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autour desquelles l’auteur construit son argumentation, et dans un monde de croyances qui constitue le socle de sa réflexion. Le système de valeurs est souvent explicité par l’utilisation d’un lexique évaluatif. Quant au monde de croyances, c’est souvent au lecteur de le déceler en analysant l’implicite et les présupposés de tel ou tel énoncé : l’énoncé « Pierre a arrêté de fumer » pose que Pierre ne fume plus, il présuppose qu’il fumait auparavant, et implicitement il peut suggérer qu’il faudrait en faire autant. L’énoncé « Pierre, lui, a arrêté de fumer », devient déjà un reproche et sous-entend : « Mais pas toi, et tu ferais bien d’en faire autant. » Vous voyez à quel point vos analyses des textes argumentatifs doivent être fines ! N’omettez aucun détail.

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Quels sont les différents genres de l’argumentation ?

[…] et il s’épargna la peine de composer un long traité sur le beau.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Beau, beauté », 1764.

z Comment s’épargner la peine de composer un long traité ?

Voltaire, dans cette brève réflexion qui clôt un article de son dictionnaire, oppose deux types d’argumentation : l’argumentation directe, le long traité qui semble connoté par l’ennui (à écrire et à lire), et une autre indirecte qui serait du côté de la brièveté et du plaisir (de l’auteur et du lecteur). Faut-il écrire un essai, un dialogue, ou un apologue ?

■ L’essai

Ce sont ici mes humeurs et mes opinions ; je les donne pour ce qui est en ma croyance, non pour ce qui est à croire ; je ne vise ici qu’à découvrir moimême qui serais autre demain si un nouvel apprentissage me changeait…

Montaigne, Essais, 1580.

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l Convaincre, persuader, délibérer

Une définition de l’essai

l L’essai fait partie des cinq genres littéraires que l’on vous

… un peu trop générale

L’essai selon Montaigne

S’essayer

L’essai de type plus argumentatif

apprend à différencier en seconde : il est défini comme texte d’idées. En effet, il ne s’agit pas de construire un monde fictif, qu’il soit sous forme de récit ou de pièce de théâtre, mais de réfléchir à des thèmes divers en utilisant la prose. La réflexion est personnelle, c’est-à-dire qu’elle est un « je » qui s’exprime, que l’auteur choisisse une énonciation à la première personne ou qu’il s’efface derrière l’emploi des pronoms « nous » ou « on ». l Dans l’étude de l’argumentation que l’on mène en classe de première, on a tendance à considérer que tout ce qui n’est ni dialogue ni apologue appartient à l’essai, puisque, dans ce cas, l’argumentation est menée directement, sans aucun truchement. L’essai est alors donné comme l’exemple même du texte argumentatif et on y cherche et retrouve l’arsenal habituel de cette forme de discours : thèse(s), arguments, exemples, connecteurs logiques (voir p. 187). C’est en effet pratique, mais un peu réducteur, et les choses sont malheureusement plus compliquées que cela. l C’est Montaigne qui le premier emploie ce terme pour intituler ses écrits. Ses Essais (dont la rédaction et les diverses rééditions s’étalent sur une vingtaine d’années, de 1572 à 1592) sont constitués de trois livres, composés respectivement de cinquante-sept, trente-sept et treize chapitres qui se donnent, chacun, un thème de réflexion. Une écriture très personnelle et apparemment sans souci de remise en ordre est revendiquée par l’auteur : « Mes fantaisies se suivent, mais parfois c’est de loin, et se regardent mais d’une vue oblique. » l Pour caractériser le genre de l’essai tel qu’il est pratiqué par Montaigne, il faut être attentif au sens du mot lui-même : c’est une « tentative », qui ne se donne pas pour aboutie, qui revendique en quelque sorte un caractère non fini, et qui rend compte de l’état actuel d’une pensée que le lecteur est invité à suivre dans ses détours et ses méandres : les différentes définitions de son travail que nous propose Montaigne sont claires sur ces points. l On peut ainsi opposer l’essai selon Montaigne au « traité » et à la dissertation qui, eux, proposent une réflexion exhaustive et organisée, en vue de démontrer une thèse ; malgré ces différences,

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