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Phèdre Acte I Scène 3 Ver 269 à 316

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Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats :

Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas.

Pourvu que, de ma mort respectant les approches,

Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches,

Et que tes vains secours cessent de rappeler

Un reste de chaleur tout prêt à s’exhaler.

Introduction

Cet extrait se situe dans la scène 3 de l’acte I, juste après que Oenone, la nourrice et la confidente de Phèdre, est parvenue à arracher à sa maîtresse l’aveu de son amour pour Hippolyte. Cet aveu est la principale faute de Phèdre sans laquelle cette tragédie de la parole n’aurait pu se poursuivre. Dans les vers 269 à 316, Phèdre fait le récit de la naissance de sa passion et de ses tentatives de guérison. La tirade de Phèdre est donc une peinture de la passion amoureuse dont nous commencerons par montrer l’extrême violence, puis le caractère incurable. Enfin, nous montrerons que cette tirade se transforme en véritable récitatif grâce auquel Phèdre, dans une transe douloureuse, revit son amour.

I – La passion amoureuse : une force irrépressible

A. Un coup de foudre

Des vers 269 à 300, les temps employés sont le passé simple et l’imparfait : Phèdre, en effet, raconte la genèse de son amour, qui naquit non à Trézène où se déroule la pièce, mais à Athènes, juste après le mariage de Phèdre avec Thésée. La soudaineté de cette passion exprimée par l’expression adverbiale « à peine » (vers 269) et par cette longue phrase qui, grâce aux enjambements, se déroule sur cinq vers et englobe à la fois le mariage légitime, avec Thésée, et sa passion illégitime, pour son beau-fils, mettant ainsi en lumière la monstruosité de cet amour. Celle-ci est en outre soulignée par l’oxymore « mon superbe ennemi » (vers 272). L’adjectif « superbe » vient en effet du latin superbus, qui signifie « orgueilleux ». Racine joue donc sur la polysémie de cet adjectif : Hippolyte, en effet, est à la fois beau et orgueilleux, comme l’a rappelé Théramène dans la scène d’exposition. Phèdre vit un coup de foudre : l’accumulation des passés simples au vers 273 (Cf. la célèbre phrase de César « veni, vidi, vici » (« je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ») où les parfaits latins, équivalents du passé simple en français, disent la vitesse avec laquelle il a sur remporter la victoire. Ici, c’est l’inverse : Phèdre est vaincue par la violence de la passion amoureuse.) suggère en effet la brutalité de la passion amoureuse. Née d’un regard, elle suscite les émotions les plus contradictoires, comme le suggère l’antithèse « je rougis » et « je pâlis ».

B. Une maladie de l’âme et du corps

Dans les vers 274 à 276, Phèdre s’attache à décrire les symptômes psychologiques et physiques de la passion amoureuse. Cette dernière ne se manifeste pas seulement par la « trouble » (vers 274) et l’égarement de l’âme évoqués dans un unique vers, mais également par des réactions physiques très fortes : la perte de la vue, l’aphasie (le fait de ne plus pouvoir parler) et des sensations opposées, exprimées par l’antithèse : « et transir, et brûler » (vers 276). La passion amoureuse est ici dépeinte comme une maladie, un mal irrationnel qui atteint à la fois l’âme et le corps.

C. Un mal divin

Les vers 277 et 278 révèle la responsable de ce mal. Il s’agit de la déesse de l’amour, Vénus, dont la puissance est évoquée par la force de l’adjectif « redoutables » au vers 277. Phèdre rappelle par ailleurs qu’elle appartient à une famille maudite par Vénus. Car le Soleil, père de Pasiphaé et grand-père de Phèdre, avait éclairé et révélé les amour de la déesse et de Mars. Vénus poursuit donc de sa haine toute la descendance du Soleil : Pasiphaé, Ariane et Phèdre. Cette fatalité héréditaire est mise en valeur par l’inversion de l’ordre ordinaire des mots : le mot « sang » est ainsi davantage souligné.

II – La passion amoureuse : un mal incurable

Des vers 279 à 301, Phèdre décrit les remèdes successifs auxquels elle a recouru pour tenter d’apaiser sa passion.

A. L’adoration de Vénus

(Vers 279 à 290). Phèdre commence par témoigner de sa piété à l’égard de Vénus : prières, construction d’un temple, sacrifices expiatoires, ce remède s’avère inefficace comme le suggère le chiasme du vers 283 qui lie, à la césure, les mots « amour » et « remèdes », et souligne les adjectifs « incurable » et « impuissants ». Il faut aussi noter le pluriel employé pour les remèdes, et le singulier pour l’amour : il s’agit de mettre en valeur le pouvoir de la passion amoureuse contre laquelle la pluralité des remèdes est inutile. C’est d’ailleurs ce que vient encore exprimer l’expression adverbiale « en vain » au vers 284. La tonalité pathétique de ces vers est accentuée par les vers suivants : l’acte de piété devient un acte de sacrilège car le nom de l’être aimé se substitue à celui de Vénus et son image est omniprésente. Phèdre subit une fascination pour l’être aimé. Au vers 289, le pathétique atteint son paroxysme car Hippolyte est divinisé, un « dieu » a remplacé la déesse, et le sentiment d’adoration est si fort que Phèdre n’ose plus prononcer son nom.

B. La stratégie d’évitement

(Vers 289 et 290). Devant l’inefficacité des prières à Vénus, Phèdre recourt à une stratégie d’évitement. Son échec est exprimé par l’exclamation désespérée du vers 289. Car la passion est si aveuglante que l’image du père s’efface devant celle du fils.

C. Feindre la haine

(Vers 291 à 301). Le dernier remède employé par l’héroïne tragique est la simulation de la haine. Ces vers éclairent les raisons de l’exil d’Hippolyte évoqué dans les scènes précédentes. On comprend désormais que la véritable raison de l’exil n’était pas la haine, mais bien l’amour. Phèdre a du donc jouer un rôle de composition, celui de la belle-mère malveillante, pour aller à l’encontre de sa passion. La difficulté de cette posture est suggérée au vers 292 où les sifflantes (allitérations créées par le son (s)) et les gutturales (allitérations créées par le son (k)), suggèrent la douleur causée par un rôle aussi contre-nature. Le déchirement alors vécu par Phèdre est encore exprimé par l’antithèse, au vers 294, entre les mots « ennemi » et « idolâtre ».

Les vers 296 à 300 décrivent l’efficacité de cette stratégie : « je respirais, Oenone ». Et cette respiration, signe de l’apaisement de Phèdre, est d’ailleurs matérialisée par la phrase suivante qui se développe sur deux vers grâce à l’enjambement (vers 297). L’adjectif « fatal » (vers 300) laisse toutefois entendre que ce remède n’a été que provisoire. Si Phèdre emploie un tel adjectif pour désigner un mariage légitime, c’est dire toute la passion qu’elle porte encore à Hippolyte au moment où elle prononce ces paroles. LA double exclamation du vers 301, et la diérèse à effectuer en prononçant le mot « précautions » exprime toute l’inanité d’une telle simulation de haine : Phèdre, de retour à Trézène, revoit Hippolyte et éprouve à nouveau toute la violence de son amour pour lui, comme le suggèrent les sifflantes du vers 304.

III – Du récitatif à la transe amoureuse

Définition du TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisée) : « Dans la musique dramatique (cantate, opéra, oratorio) et la musique vocale religieuse et profane moderne (motet, mélodie, « lied »), il s’agit d’un chant librement déclamé dont la ligne mélodique et le dessin rythmique suivent les inflexions naturelles de la phrase parlée. »

A. Du récit au récitatif

Les temps changent à partir du vers 304. Le passé composé remplace le passé simple, et le récit dans le passé cède la place à la violence des sentiments éprouvés par Phèdre au moment où elle parle. La dimension pathétique s’accentue dans ces derniers vers : le récit se mue en plainte. Le vers 306 exprime le destin tragique de Phèdre : elle qui, par le passé,

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