DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Dissertation

Mémoire : Dissertation. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 15

hiques que je rencontrerai tout au long de ma vie professionnelle. Résumé Notre réflexion commence avec le constat du faible intérêt affiché par les scientifiques sur le questionnement éthique. Dans un premier temps nous avons cherché à savoir comment l’éthique pouvait se situer par rapport à la science en analysant notamment la capacité qu’a la science de se soustraire à la réflexion éthique. Nous avons alors cherché à comprendre les raisons du désintérêt des chercheurs en examinant de quelle manière l’éthique pouvait être perçue comme un frein au progrès scientifique. Dans un deuxième temps, nous avons réfléchi au rôle que pouvait prendre l’éthique dans le travail de recherche, et ceci à deux niveaux. Tout d’abord nous avons étudié de quelle manière et dans quel cadre l’éthique pouvait permettre au décideur de déterminer une politique de recherche équitable. Ensuite, nous nous sommes intéressés à la relation entre le questionnement éthique et le chercheur tout au long de sa carrière : de quelle façon l’éthique peut aider le chercheur à faire le tri parmi ce qui est possible pour n’entreprendre que ce qui est permis. Cette réflexion du possible au permis qui soutient le développement scientifique nous a conduit à nous interroger sur la cohérence de l’impératif de responsabilité attendu du chercheur depuis sa formation jusqu’à son exercice professionnel. Bibliographie indicative ◊ Axel Kahn & Dominique Lecourt, Bioéthique et liberté, édition PUF (2004) ◊ Hans Jonas, Le principe responsabilité. (1979) - traduction française éd. du Cerf 1990 ◊ Philippe Kourilisky, Vaccination : quand l’éthique devient immorale. Pour la Science, 322; 8-11 (2004) ◊ Feder N. Public disclosure could deter conflicts of interest. Nature. 29; 437-620 (2005). ◊ Dossiers du Monde diplomatique : Des brevets qui peuvent tuer (12/2005) L’Afrique, cobaye de Big Pharma (06/2005) ◊ Extraits de la conférence débat Les enjeux de la bioéthique, Unesco Paris (2002) ◊ Marie-Madeleine Fiers-Didelot, Les essais cliniques dans la vaccination thérapeutique: nécessité de cohérence et d’éthique garantie. DEA, faculté de philosophie, Lyon (2003) ◊ Interview de J-J Salomon, Les scientifiques doivent assumer leurs responsabilités, Les Echos, 20/02/2007. ◊ Articles du journal Le Monde : 24/10/2005, 04/01/2006, 07/02/2006, 23/02/06, 07/02/2007

2

« La science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d’être des hommes » s’inquiétait Jean Rostand dans « Pensées d’un biologiste ». Dons d’organes, recherche sur l’embryon, manipulations génétiques, les inquiétudes et les interrogations ne manquent pas. Dès la fin du XIXe siècle, la nécessité de réflexion philosophique s’est imposée parmi les gens de science car ils ne trouvaient pas de réponses satisfaisantes, ni dans le droit, ni dans la morale, aux nouvelles questions que leurs découvertes amenaient. Autrement dit, l'éthique n'existait pas comme une discipline que l'on allait imposer à la science, elle est le fruit de ses interrogations. Par la suite, deux faits marquants ont favorisé l’essor de l’éthique dans la recherche scientifique. D'une part, les horreurs du nazisme ont montré que les scientifiques pouvaient abdiquer toute conscience et se rendre complice de crimes contre l’humanité. Ces crimes ont conduit à l’édification en 1947 du Code de Nuremberg, où sont énoncées dix règles internationales relatives à l’expérimentation clinique. D'autre part, impressionnés par leurs découvertes, les scientifiques prirent conscience qu’ils touchaient au droit inaliénable du corps humain et que leur pouvoir, donc leur responsabilité, devenait par la même immense. Cette prise de conscience a incité, en 1964, l’Association Médicale Mondiale à adopter la Déclaration d’Helsinki qui énonce des recommandations sur la conduite de recherche biomédicale. Dans le monde professionnel, ces traités ont redéfini la notion de déontologie qui correspond aux devoirs relatifs à une profession. Cependant, traiter de l’éthique professionnelle ne renvoie pas uniquement à la déontologie. Aussi, il s’avère indispensable de déterminer ce que l’on entend par la notion même d’éthique. En grec, êthikos signifie morale. Il convient néanmoins de distinguer clairement ces deux notions qui s’opposent d’abord par leur origine puisque morale vient du latin moralem. Ce renvoi à la philosophie grecque, que l’on peut considérer comme source de la pensée des sociétés occidentales, souligne le caractère fondamentalement philosophique du terme. On peut l’opposer au caractère de théorie social auquel renvoie la morale latine. D'aucuns considèrent ainsi la morale comme une réunion d'incitations normatives en référence à une tradition. D'autres au contraire, raisonnent en terme d'évolution par rapport aux comportements admis. «La vraie morale se moque de la morale» (Pascal). L'éthique se situe, sans doute, dans une réflexion sur les conséquences de nos capacités à agir. C’est donc un travail permanent qui se réfère à un caractère universel et intemporel. L’éthique professionnelle, quant à elle, ne proviendra pas de soi même mais d’un code de conduite suite à des pratiques nouvelles auxquelles s’appliquent des conceptions philosophique. Dès lors, l’éthique est en constante évolution et varie avec les avancées techniques (ce qui est possible) et les conceptions philosophiques correspondantes (ce qui est permis). Dans la réalité, les scientifiques montrent peu d’intérêt au questionnement alors que leur tâche éthique est complexe. En effet, tandis que le médecin est confronté à l’altérité face au patient, le chercheur de laboratoire se trouvant face à un prélèvement biologique ne peut s’interroger de la même façon, car il n’agit pas sous le regard direct d’un patient et un effort supplémentaire de réflexion lui est sollicité. Dès lors, le caractère singulier de cette profession est important à analyser afin de comprendre quelle doit être la place de l’éthique dans la recherche scientifique.

Science & Ethique : deux notions opposées ?

Un sondage publié dans le journal Le Monde le 7 février 2006 dévoile une évolution ces dernières décennies dans la perception de la Science et de la Technologie. Pour l’opinion publique, les effets de leurs avancées sur le bien être sont de plus en plus controversés. Ainsi, le pourcentage de personne qui estime que la science apporte «plus de bien que de mal» est passé de 56% en 1973 à 45% en 2000. Selon les journalistes, le manque de communication des chercheurs est en partie responsable de cette méfiance. Si la science fait aujourd’hui peur, c’est essentiellement à cause de développements scientifiques récents qui se sont révélés dangereux ou du moins qui ont été perçus comme tels.

3

Quand la science n’est pas éthique. - Si elle n’est pas humaine La «science sans conscience», comme la nommait Rabelais, a toujours alimenté l’imaginaire des artistes. Depuis Frankenstein jusqu'au Docteur Folamour, l’image du savant fou qui privilégie ses recherches devant la dignité humaine reflète la méfiance de la société envers ses scientifiques. Dans la réalité, les exemples de recherche inhumaine ne manquent pas. On pense aux essais expérimentaux humains réalisés par les scientifiques nazis et japonais pendant la seconde guerre mondiale. Ceux-ci ont délibérément bafoué la notion de respect du corps humain, leur modèle expérimental n’avait pas la dignité d’un individu à part entière. Pour autant, le caractère humain de la science peut être moins aisément discernable, lorsqu’il est par exemple lié au pragmatisme du chercheur. Le Pr. Kourilisky le dénonce dans un article : Vaccination : quand l'éthique devient immorale publié en 2004. Il soutient que l’urgence de répondre aux besoins sanitaires du tiers-monde autorise à assouplir les contraintes réglementaires. - Si elle se prend pour Dieu Les progrès de la recherche offrent des possibilités inédites de manipulation et de transformation de l’homme. L’eugénisme, leitmotiv de nombreux régimes totalitaires, n’a pas seulement été le monopole des pires dictateurs. Ainsi, entre 1941 et 1975 en Suède, près de 60000 personnes furent stérilisés de force pour des raisons essentiellement eugénistes. Aujourd’hui, l’homme a la possibilité de créer de nouvelles espèces vivantes grâce au progrès du clonage et s’octroie un pouvoir que les civilisations ont de tout temps réservé à Dieu. Comment concilier éthique et recherche lorsque celle-ci offre aux hommes de nouveaux pouvoirs sans leur donner la législation et donc les devoirs correspondants ? - Si elle est néfaste pour l’environnement L’expansion de l’homme sur une surface limitée comme la planète Terre soulève de nombreuses questions. Notre milieu de vie n’est pas infini et tout dommage a des conséquences néfastes non seulement pour les populations humaines, mais aussi pour les autres espèces vivantes. Dès lors, par souci éthique, toute recherche doit d’abord s’interroger sur les conséquences directes ou indirectes de ses découvertes sur l’environnement. Malheureusement force est de constater que la prise de conscience n’est pas évidente. Beaucoup de recherches ont pu être menées sans le moindre souci éthique, que cela soit dans l’objet de la recherche, comme par exemple le développement des combustibles à effet de serre, ou bien la façon dont elles

...

Télécharger au format  txt (25.1 Kb)   pdf (191.1 Kb)   docx (14.7 Kb)  
Voir 14 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com