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Jules Ferry justifie la colonisation - discours Jules Ferry, 28 juillet 1885, Chambre des députés

Commentaire de texte : Jules Ferry justifie la colonisation - discours Jules Ferry, 28 juillet 1885, Chambre des députés. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  28 Novembre 2023  •  Commentaire de texte  •  1 758 Mots (8 Pages)  •  124 Vues

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COMMENTAIRE DE DOCUMENT VIE POL FR

1/ Jules Ferry justifie la colonisation. 1885

Ce texte est un extrait de la retranscription d’un discours de Jules Ferry prononcé le 28 juillet 1885 à la Chambre des députés. Cette séance est consacrée à la discussion d’un projet de crédits extraordinaires pour financer une expédition à Madagascar où la France essaie d’imposer son protectorat.

Ce discours s’inscrit dans un contexte d’une forte politique colonialiste de la France qui a débuté dans les années 1880. Jules ferry (1832-1893) est un homme politique français affilié au parti des républicains modérés lors de la proclamation de la IIIème république. Entre 1870 et 1893 a été maire de Paris, ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts, ministre des Affaires étrangères, président du conseil des ministres et président du Sénat. Il est notamment connu pour avoir été le promoteur de l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire, ainsi que d’avoir fortement soutenu la colonisation. Jules Ferry est donc un des porte-parole de cette volonté de conquête de nouveaux territoires et a notamment développé cette politique lorsqu’il était président du conseil des ministre de 1880 : la Tunisie (1881), l’Annam (1883) et le Tonkin (1885).

Dans le contexte de l’époque, en 1912, la colonisation a été définie ainsi par le juriste Alexandre Mérignhac : « Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures. La colonisation est donc un établissement fondé en pays neuf par une race avancée, pour réaliser le double but que nous venons d’indiquer. »

La question de la colonisation ne touche pas seulement la politique mais également l’économie ; les économistes Leroy-Beaulieu et Charles Gide ont notamment publiés de nombreux ouvrages sur le sujet. Les enjeux politique de la colonisation sont donc une des préoccupations majeures de la société française à partir de la 3ème république (1870).

Comment Jules Ferry légitimise-t-il la colonisation de Madagascar ?

Nous explorerons les motivations économiques, les dimensions humanitaires et civilisatrices, ainsi que les aspects stratégiques de la colonisation.

Jules Ferry affirme que l’une des principales motivations de la colonisation est un enjeu purement et simplement économique. Dans ses propos l’on comprend que cet enjeu économique est censé être à double tranchant. En effet, les colonies sont présentées comme offrant un refuge et des opportunités d'emploi pour le surplus de population des pays riches. Cela permettra aux colonisés de pouvoir vivre plus confortablement, de pouvoir avoir un travail stable et un logement. La colonisation permettra donc aux colonisés de se développer et ainsi d’augmenter leur propre capital grâce aux colonisateurs selon Jules Ferry. C’est dans le texte le premier enjeu économique qui est mis en avant par ce dernier.

Jules Ferry évoque ensuite l’enjeu économique pour la France de pouvoir développer ses activités dans diverses régions du monde. En effet, dans les colonies déjà installé en Asie comme le Tonkin ou Annam, la France exporte des produits tels que du riz, de la soie, du thé, des épices… la France a notamment fait planter des millions d’hectares de riz dans ses pays colonisés (Cochinchine 1 500 000 hect., Tonkin 1 000 000 hect., Annam 400 000 hect. …). Cela étaye donc notre argument précédent ; les millions d’hectares de plantation de riz sont cultivés par les locaux, ce qui représente des milliers d’emplois. C’est pour cela que Jules Ferry affirme que les colonies sont des investissements très lucratif pour les pays développés : « Les colonies sont, pour les pays riches, un placement en capitaux des plus avantageux ».

Jules Ferry évoque également le fait que les colonies servent de débouchés économiques, en précisant que "la fondation d'une colonie c'est la création d'un débouché". Cette idée met en avant le rôle des colonies en tant que marchés potentiels pour les produits des puissances coloniales. La France a largement bénéficié des débouchés offerts par ses colonies au 19ème siècle. En effet, le commerce colonial a permis d'exporter des produits français, tel que du bois de construction et du bétail, vers les colonies en Afrique du Nord, en Asie et dans les Caraïbes. Cela a permis à la France de renforcer sa position économique.

L’argument économique est l’un des principaux utilisé par Jules Ferry dans son discours pour légitimer l’expansion coloniale de la France vers Madagascar. Pour lui, les colons et colonisés jouiront de cet enjeu économique. Cela permettra à Madagascar et à la France de développer leurs activités économiques.

        Jules Ferry affirme que la politique de colonisation de la France à une dimension humanitaire et civilisatrice. Il déclare qu'il est nécessaire de dire "ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures" et qu'elles "ont le devoir de civiliser les races inférieures". Cette perspective reflète l'idéologie de la mission civilisatrice qui a souvent été associée à la colonisation au 19ème siècle. Par ces mots Jules Ferry met en place une hiérarchisation des races. Il dit que la « race occidental » est donc supérieur à celle des colonisés quel qui soit (cette idée de hiérarchisation des races sera ensuite reprise par les partis politique colonial à la fin du 19ème siècle). Il affirme notamment que les « races supérieurs » n’ont pas seulement un droit sur celles « inférieurs » mais aussi un devoir ; le devoir de civiliser ces « races inférieurs ». L'exemple de la colonisation française en Algérie au 19ème siècle illustre parfaitement l'idée de « mission civilisatrice ». Les autorités françaises justifiaient la colonisation en Algérie en prétendant apporter la civilisation et la modernité aux populations autochtones. L'introduction de l'administration française, de l'éducation occidentale et de la culture française était considérée comme un « acte de bienveillance » envers les "races inférieures". Ces arguments moraux ont été très souvent utilisé pour légitimer la colonisation.

Cependant, ces arguments controversés ont été critiqués par de nombreux intellectuels et défenseurs des droits de l'homme. On peut évoquer notamment Georges Clémenceau, un député de la 3ème république qui dénoncent les arguments racistes de hiérarchisation des races. Il répond donc à Jules Ferry lors d’un discours devant la chambre des députés le 30 juillet 1885. Dans son discours il dénonce les pertes humaines française lors du processus de colonisation (processus militaire la plupart du temps) : « nous avons fait verser beaucoup de sang français ». Jules Ferry évoque les débouchés qu’offrent les colonies, que c’est une opportunité commerciale mais Clemenceau contredit cet argument en montrant que la perte d'hommes et d'argent, ainsi que de travail vont à l'encontre de ces débouchés. Clémenceau critique ensuite la hiérarchisation des races faites par Jules Ferry en expliquant qu'il n'y a ni race « supérieures » ni race « inferieures » puisque même entre races « supérieures » (occidentaux) il y a des discriminations. Et pour finir Clémenceau énonce l’idée qu’avant d’aller coloniser d’autres pays il faut que son propre pays soit stable et en paix : « il convient peut-être, avant de se lancer dans des conquêtes lointaines, fussent-elles utiles -et j’ai démontré́ le contraire- de bien s’assurer qu’on a le pied solide chez soi, et que le sol national ne tremble pas ».

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