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L'Asocial

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est-il encore réellement un homme ? Comme l’explique le Dr Itard, il est incapable d’apprendre à parler et ses capacités intellectuelles sont inférieures à celles d’un chimpanzé. Ainsi, il semble donc que le fait de vivre hors de la société, c’est à dire d’être asocial, est facteur de déshumanisation pour l’Homme. Partant, la maxime d’Aristote affirmant que « seul un Dieu ou un homme peut vivre en dehors de la société » prend toute son ampleur. Dès lors, il semble donc bien impossible de qualifier un homme d’Asocial. Le terme asocial serait-il dès lors un nominalisme ?

Si l’Homme est un « animal social », cela signifie-t-il pour autant qu’il est entièrement déterminé par la Société ?

En effet, si l’Homme ne peut être exclusivement asocial, n’existe-t-il qu’en tant que produit de la société. Une telle considération va dans le sens des sociétés totalitaires où l’Homme n’est que le reflet de la fonction que lui assigne la société. Ainsi, dans le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley, les enfants sont dès la naissance séparés en différents groupes qui déterminent entièrement leur fonction sociale et leur identité. Ainsi, dans cette société totalitaire, l’Homme n’est que le pantin de la société et n’a pas d’identité propre. L’individu social serait-il donc celui qui se conforme parfaitement aux normes de la société ? Non, car dans la réalité, personne ne répond entièrement aux critères de la norme : chaque être humain unique et a un ressenti propre. De fait, n’y-a-t-il pas en chaque homme quelque chose qui échappe à la norme sociale, quelque chose d’asocial ?

Plus que exclusivement social ou asocial, l’Homme ne dispose-t-il pas de ces deux facettes en même temps ?

En effet, si la société distribue des rôles à chaque individu, l’identité de chacun ne se limite nullement à sa fonction sociale. Ainsi, dans Les Essais (III, 10), Montaigne explique que « Du masque et de l’apparence, il n’en faut pas faire une essence réelle, ni de l’étranger le propre ». En effet, si la société attribue un masque à chaque homme, tout homme possède une essence réelle qui, elle, est asociale au sens où elle échappe à l’emprise de la société. Ainsi, Montaigne va même jusqu’à affirmer que « le maire et Montaigne ont toujours été deux, d’une séparation bien claire ». Ainsi, en Montaigne cohabitent une identité sociale et une identité asociale. Partant, le terme « asocial » n’est nullement un nominalisme et désigne ce qui échappe à la société en chaque homme.

Au fil de notre pensée, nous avons donc compris que l’Homme est un être à la fois social et Asocial. Ainsi, l’Homme est à la fois à l’intérieure et à l’extérieure de la société. Toutefois, si l’Asocial souligne l’individualité de chacun, n’est-il, partant, facteur de délitement du tissu social ?

En affirmant l’individualité de chacun, l’Asocial ne constitue-t-il pas une menace pour la société ? Si l’Homme peut échapper au social au travers de l’Asocial qui est en lui, il peut avoir un regard critique vis-à-vis de la société. C’est ainsi que dans l’Athènes Antique, Socrate parvenait, au travers de dialogues objectifs, à faire douter les athéniens de toutes leurs valeurs. Ainsi, il parut être un véritable fléau pour la société athénienne. De fait, en -399 avant JC, Socrate fut condamné à boire la cigüe avec pour chefs d’accusation de « corrompre la jeunesse » et de « ne pas sacrifier aux Dieux de la Cité ». Autrement dit, Socrate, par sa philosophie, remettait en cause les fondements de la société athénienne et représentait, de ce fait, une menace pour la cohésion de la Cité. De fait, si l’utilisation d’un point de vue asocial permet la critique de la société, il semble donc bien que l’asocial soit une menace pour la stabilité sociale. Dès lors, l’Asocial n’est-il pas un criminel semant le chaos qu’il faut condamner ?

Si l’Asocial est un danger pour l’ordre social, ne faut-il pas l’exclure de la société ? En effet, comme l’explique Pascal dans Les Pensées, la justice exige que l’on se conforme toujours aux lois, c’est à dire la société, non parce qu’elles sont justes mais « parce qu’elles sont lois ». En effet, ne pas respecter les lois, c’est semer le chaos. Or l’Homme ne pouvant vivre qu’en société, l’injustice est préférable à toute forme de chaos. Partant, il semble qu’il faille repousser l’Asocial hors de la société car même si les fondements de la société sont injustes, les remettre en doute causerait un tort bien plus grand. A cet égard, l’écrivain Goethe écrit ainsi qu’il vaut « mieux tolérer une injustice que tolérer un désordre ». Partant, il semble donc bien qu’il soit nécessaire de marginaliser l’Asocial pour que les fondements de la société soient solides.

Ainsi, si l’Asocial semble être assurément une menace pour la société en tant qu’il sème le chaos, il est aussi le moteur de la remise en cause du bien fondé de l’ordre social. Dès lors, malgré les dangers qu’il peut représenter, l’Asocial n’est-il pas le moteur de tout progrès et de toute création ? N’est-il pas la condition sine qua non pour que la société soit juste ?

L’Asocial en chaque homme n’est-il pas précisément le moyen de faire respecter la justice ? Comme nous l’avons vu, il semble que l’Asocial soit à exclure de la société car il sape les fondements de la société. Cependant, si ces fondements sont injustes, n’est-il pas souhaitable de les remplacer par des valeurs plus légitimes ? Remettre en cause la société, est-ce nécessairement faire régner le chaos ? Dans Antigone de Jean Anouilh, le roi de Thèbes, Créon, interdit sous peine de mort de faire une sépulture au frère d’Antigone, Etéocle, car il serait un traitre à la Nation. Cependant, une telle loi est absurde et pousse Antigone à la criminalité en enfreignant la loi. Dès lors, l’injustice des lois aussi générateur de chaos. De fait, la remise en cause de la Société par l’asocial est justement un facteur

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