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Projeter Pour La Ville

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e notre société de consommation ou d'efficience. Mais à l'intérieur de cette perspective idéologique, je retiens que l'architecture doit se préserver une autonomie disciplinaire. Je pense que la seule façon d'attribuer une signification politique à l'architecture peut se trouver dans son approfondissement spécifique. C'est la seule voie par laquelle l'architecture peut avoir une influence sur les faits structurels de la société. « Non sfuggire alle tue responsabilità, occupati della forma, in essa ritroverai l'uomo. » Si je n'attribue pas au projet architectural un rôle politique direct, je m'oppose formellement à toute tentative de séparation de l'engagement disciplinaire de l'engagement politique.

Cela implique également que les écoles d'architecture doivent défendre leur autonomie par rapport aux exigences du professionnalisme pour pouvoir exercer dans la plus grande liberté leur fonction critique. C'est en partant de la forme qu'on atteint l'architecture. Quels que soient les apports que peuvent fournir en chemin les disciplines comme l'économie, la sociologie et autres sciences humaines, ceux-ci ne peuvent être substitués à l'essence même de l'architecture. L'abandon de ce principe n'est que fuite évasive et compromet tout développement d'une authentique pluridisciplinarité. L'architecture pose le problème fondamental du rapport homme/nature. Dès les premiers temps de l'humanité, l'homme, pour conquérir son espace vital, a dû évoluer dans le double aspect qui régit cette confrontation. Si d'un côté la nature lui fournit tous les éléments indispensables à sa survivance, de l'autre elle s'oppose à lui par toutes ses forces hostiles. À travers d'immenses fatigues débute la longue transformation de la nature en culture dans laquelle on peut lire les plus primitives manifestations esthétiques. Dès le début, I'architecture est strictement liée à la vie sociale en même temps qu'à la nature. Elle est fondamentalement un fait collectif nécessaire, universel et permanent dont l'expression la plus avancée est la ville : « patrie naturelle » de l'homme. « Grazie alle fanche umane, la città contiene il fucco dei vulcani, la sabbia del deserto, la giangla e la steppa, la flora e la fauna... tutta la natura. » En référence à notre discipline, la ville, assumée comme expression formelle de l'histoire, devient le point de repère principal pour tout projet. « Quando progetti un sentiero, una stalla, una casa, un quartiere pensa sempre alla citta. » Cette conception dynamique du paysage se pose ainsi en antithèses de toutes les théories fondées sur l'adaptation et sur l'intégration, théories encore très diffusées dans les différentes commissions de protection des sites et des ensembles historiques ainsi que dans les pratiques de la planification urbanistique. Il ne s'agit donc pas pour l'architecture de s'intégrer à un site, mais bien plutôt de construire un nouveau lieu dans un rapport de confrontation et non de soumission à l'existant. Quand nous parlons de la ville, nous pensons inévitablement ville historique. Elle représente aujourd'hui encore l'événement urbain le plus signifiant aussi bien pour la ville socialiste que pour la ville capitaliste. Les deux concepts ville historique et architecture moderne sont indissociablement liés. Sans l'architecture moderne, la ville historique perdrait toute signification. La ville historique est un tel réservoir des valeurs qui sont aujourd'hui de plus en plus menacées que nous devons toujours plus nous y référer. Je veux parler des valeurs d'identification et d'orientation que la ville moderne a particulièrement malmenées. En fait, la tendance mise en jeu dans la projétation de la ville actuelle est basée en priorité sur des critères de fonctionnalité et d'efficience supportés par un appareil de normes généralisantes et

totalisantes indifférents aux caractéristiques spécifiques du lieu. La ville historique repropose comme valeur fondamentale l'importance du site dans toutes ses composantes géographiques physiques et humaines. Elle participe activement au projet de la nouvelle ville. L'histoire devient ainsi un des matériaux fondamentaux de l’architecture. « L'architettura nasce dai bisogni rea!i, ma se vuoi scoprirla, guarda le rovine. » Une autre référence de grande actualité pour le projet reste le mouvement moderne dans lequel se trouvent accumulées des expériences multiples et dont le thème principal est l'habitation collective. Mais, se référer à la « tradition moderne implique toutefois que l'on refuse clairement le fonctionnalisme vulgaire qui s'exprimait dans le fameux slogan « la forme suit la fonction ». « L'acquedotto vive al momento che ha cessato di portare l'acqua. » Le projet, instrument principal de la discipline, n'est pas seulement assumé comme instrument de transformation mais surtout comme instrument de connaissance de la réalité. De ces prémisses, on peut faire ressortir quelques lignes directrices pour le projet: Il s'agit en substance de rechercher de nouvelles solutions qui puissent reproposer en termes d'architecture des valeurs aujourd'hui aliénées : je me réfère aux valeurs du sol, comme bien commun inaliénable aux valeurs cosmiques et géographiques, « Un vero prato arriva fino al centro della terra », aux changements de saison, à l'alternance du jour et de la nuit, mais également aux valeurs des éléments primaires essentiels pour la survie de l'homme comme le soleil, I'air, la lumière, I'eau, les valeurs de l'histoire et de la mémoire, les valeurs des fatigues humaines. « Quale dispendio d'energie, quale sforzo per ventilare, riscaldare, illuminare... quando basta una finestra. » « Ogni intervento presuppone una distruzione, distruggi con senno. » Il s'agit de mettre en valeur dans la lecture du site des points de repères pour une nouvelle configuration du territoire. Il s'agit de projeter des parties singulières de la ville comme parties formellement conclues dans un rapport précis avec le contexte existant, où les valeurs perdues resurgissent transformées ; de traiter le vide comme partie substantielle du projet. « Niente è da inventare, turto è da reinventare. »

L’expérience professionnelle

Dès le début de mon activité professionnelle, j'ai participé pendant plus de douze ans comme membre de la commission cantonale pour la protection des sites et des paysages

du canton du Tessin, commission dont le but était d'examiner du point de vue esthétique la presque totalité des demandes de permis de construire sur le territoire cantonal. J'ai vu défiler l'un après l'autre les projets de l'ensemble de la production bâtie cantonale, de 1960 à 1972, qui a pratiquement causé la destruction de tout un territoire. Ce furent de dures années d'opposition constante aux modes et aux critères de jugement utilisés. Les jugements se faisaient cas par cas, et les critères dérivaient d'une vision statique du paysage. Chaque intervention etait ainsi subordonnée aux préexistences assumées et interprétées de façon superficielle et « romantique » Il en résultait une attitude de défense contre le nouveau, et par conséquent une position d'adaptation acritique qui recourait de façon constante au camouflage, à l'imitation de formes et de volumes, tout cela à partir d'une volonté paradoxale de vouloir agir dans le sens d'une défense impossible du statu quo, sans se rendre compte qu'une telle position avait pour conséquence précisément la destruction progressive de toute valeur existante. Les résultats de mon opposition continue furent extrêmement réduits, au mieux je réussis à faire passer quelques projets de bonne architecture qui autrement n'auraient eu aucune chance de passer à travers les mailles de ce perfide Système de jugement. Mais c'est toutefois durant cette période que j'ai pris conscience de l'incroyable force destructive que peut produire un règlement constructif ou un plan d'extension.

En fin de compte, cette expérience, bien que longue et pour moi amère, a constitué une stimulation pour une meilleure compréhension des faits urbains, et surtout de la relation entre l’architecture et le territoire. Et c'est ainsi que, durant cette phase j'ai commencé à pratiquer le projet alternatif comme instrument critique. Dans ces « projets de guérilla », comme les appelle Kenneth Frampton, je dois dire que les victoires ne furent qu'à la Pyrrhus et quand elles portèrent des fruits ils arrivèrent souvent trop murs – mais, quand même... Il existait alors, et il existe encore aujourd’hui, une profonde divergence entre la pratique réelle et le débat théorique qui avait alors dépassé depuis longtemps de telles positions anachroniques. • Un projet collectif, pour I'EPFL Un second moment significatif de mon expérience a été le projet pour la nouvelle Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne à Ecublens. On était alors, à la fin des années soixante, en plein dans le débat développé surtout en Italie qui concernait essentiellement les rapports entre politique et culture, le problème de l'autonomie disciplinaire, les problèmes concernant la continuité historique, la critique du fonctionnalisme vulgaire et de l'hérédité du mouvement moderne, débat par ailleurs stimulé

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