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Jean De La Fontaine, La Jeune Veuve

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femme. Le récit développe et confirme donc en plusieurs points les affirmations préalables de la morale. Cette répétition et amplification passant par la structure retient l’attention et accentue la force de conviction d’un texte dont les deux étapes se rejoignent. Ainsi les vers de transition 14-15 « Comme on verra par cette fable, / Ou plutôt par la vérité » articulant la fable achèvent de lui donner cohérence et cohésion. On peut relever une structure très rigoureuse, un thème de réflexion posé dès la morale dans les 16 premiers vers et l’illustration reprenant les mêmes étapes de réflexion.

b) L’art du récit passe aussi par le mélange des registres

Dès le titre est introduit un thème douloureux : le deuil conjugal, par « la jeune veuve ». Ce thème occasionne un registre tragique passant par le champ lexical de la mort et du deuil. Il est à noter que pour évoquer cette réalité douloureuse, La Fontaine recourt à des euphémismes (« la perte d’un époux » vers 1, « partait pour l’autre monde » vers 17) et à l’expression du chagrin (« tristesse » vers 3, « inconsolable » vers 12). Le vocabulaire reste discret, atténué, et le registre tragique demeure limité à l’évènement seul de la mort. Ce registre tragique limité s’accompagne d’un léger pathétique naissant du discours rapporté de la femme vers 18-19 « Attends-moi, je te suis ; et mon âme, / Aussi bien que la tienne, est prête à s’envoler. » et par l’expression de l’inquiétude paternelle vers 23 « pour la consoler » et 45 « le père ne craint plus ce défunt tant chéri ». La pitié, compassion éveillée reste modérée, limitée. Malgré le thème douloureux se construit progressivement un registre lyrique. Le domaine sentimental est délivré par le père à titre d’hypothèse. Ce registre nait aussi de la référence mythologique vers 40 « Toute la bande des amours » et de l’évocation des plaisirs de l’existence vers 41 « les jeux, les ris, la danse ». Enfin c’est sur une évocation lyrique que se clos cette fable au dénouement ouvert (la résolution laisse entendre d’autres éléments à venir) : avenir amoureux évoqué avec le jeune mari promis. Le jeu sur les registres s’enrichit d’un registre humoristique dans le traitement des personnages et des évènements que La Fontaine aborde légèrement sur le ton de la plaisanterie. Cela se ressent par les métaphores, l’hyperbole du torrent vers 22 ou au contraire l’assimilation du deuil à une contrariété. Malicieusement, La Fontaine met en cause la réalité du chagrin exprimé et il montre le personnage féminin dans sa contradiction vers 47-48. La Fontaine, par le registre humoristique, se moque gentiment de la superficialité, la frivolité de son personnage féminin occupé de coquetterie un mois après son deuil. Ainsi par ce mélange de registres il joue des attentes du lecteur et éveille en lui des sentiments divers et variés.

c) L’art du récit passe aussi par le dynamisme narratif

Dès la morale, l’évolution psychologique de la veuve est résumée par un parallélisme de construction vers 5-6. L’évolution dans une durée assez brève (1 an) est récapitulée vers 9 « L’une fait fuir les gens, et l’autre a mille attraits », les deux hémistiches de cet alexandrin opposent deux personnages : l’un repoussant l’autre attirant. Le récit, de la même façon donne à voir la rapidité de l’évolution en recourant à des procédés d’accélération. On observe une durée dans la description du deuil, puis une première accélération qui se fait. Le récit retrouve son dynamisme mais cela s’accentue par une rupture du système de temps : le présent de narration fait son apparition pour la troisième étape de consolation. Enfin le projet d’existence intervient brutalement par le discours rapporté sur lequel se clos le texte. Ces procédés d’accélération sont soulignés par des connecteurs temporels marquant la brièveté. On constate que les procédés d’accélération servent à la fois à l’efficacité du récit mais aussi à souligner la réflexion à l’œuvre sur le rôle et l’efficacité de temps consolateur. Sur le plan narratif, les actions s’enchaînent rapidement comme l’évolution psychologique de la veuve. Malgré la longueur de cette fable et le sérieux du thème abordé, La Fontaine séduit son public par les procédés narratifs mis en œuvre.

2) Les personnages en présence

a) La jeune veuve

Le personnage féminin n’est pas identifié sauf pour sa jeunesse et son statut de veuve, c’est un personnage positif plutôt plaisant éveillant rapidement la compassion du lecteur. La Fontaine ne caractérise ce personnage que par son évolution psychologique, il est à noter que rien ne laisse supposer un personnage hypocrite, le chagrin semble sincère. C’est un personnage typique du récit bref auquel le lecteur peut s’identifier facilement. La Fontaine lui prête un tempérament passionné, elle exprime sa renonciation à l’existence vers 18-19. Le tempérament créé est avant tout sentimental tourné vers les plaisirs de la vie. Elle se distingue par sa coquetterie, son souci de l’apparence, mais aussi par son caractère heureux, enjoué. Enfin le tempérament sentimental achève d’être montré par l’oubli du sentiment amoureux. La jeune femme apparait alors comme représentative d’une société qui dépasse les douleurs de l’existence et envisage l’avenir avec confiance. Si le personnage peut être superficiel, il n’en est pas moins plaisant par son naturel et sa spontanéité.

b) Le père, porte parole de l’auteur

Le père apparait dans sa relation au personnage principal comme protecteur réinvesti de son autorité par le décès de son gendre. Il est caractérisé par son expérience de la vie, sa sagesse. Il se signale par sa capacité à surplomber les événements, mais aussi par son esprit de stratégie vers 24 à 32. Les consolations du père contiennent une série d’arguments :

- Les réalités de l’existence

- Les charmes de la jeune femme (vers 25)

- les qualités d’un futur mari (vers 31)

Ainsi l’habileté paternelle se caractérise par la flatterie de sa fille et le dénigrement du défunt. Comme La Fontaine, il possède l’expérience de la vie et se caractérise par sa patience. Le dialogue s’interrompt après le refus de la femme vers 33, mais le père demeure en observateur de la situation. Ainsi l’opinion paternelle rejoint la thèse de La Fontaine.

Conclusion de partie : De façon moins courante pour la fable, une mise en scène d’humains est présentée, il s’agit donc d’une épreuve classique de l’existence. De ce schéma réduit se dégage des fonctions, la femme apparaissant comme représentative d’un lecteur encore naïf, le père apparaissant lui en homme averti des réalités de la vie comme La Fontaine.

3)

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