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Magnard

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aison donne une belle ampleur à l’apostrophe qui ouvre en beauté le poème. La seconde insiste non sur la fidélité de Pénélope mais sur sa ruse ; le poète joue ainsi le rôle d’un prétendant berné. En dehors de ces comparaisons, le poème se développe en jouant sur la régularité des rythmes, la force des parallélismes. 3. Le sonnet oppose la beauté des lieux longuement évoquée dans les dix premiers vers à la tristesse du poète exprimée en un vers et expliquée dans le dernier tercet. 4. Les deux derniers vers du poème surprennent en nommant ce qui fait le malheur du poète : Caliste. La longue description des beautés du château cachait donc un poème d’amour. La peine était-elle trop vive pour être dite d’emblée ? Ou le poète était-il surtout séduit par les beautés du château ? Il semble ne recourir au thème amoureux que pour la surprise attendue de la chute.

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Analyse 5. Malherbe a voulu faire de la poésie un discours vibrant, logiquement articulé. Racan rapporte qu’il voulait que « les élégies disent un sens parfait de quatre vers en quatre vers, même de deux en deux s’il se pouvait ». Cette rigueur se trouve pratiquée dans nos deux poèmes. Le poème « Dessein de quitter une dame… » est clairement articulé entre une demande : aimez-moi (cédezmoi), et une menace : je romps. La logique du poème est : si vous ne me cédez pas, je romps. Cette construction se reflète dans l’alternative marquée par la conjonction « ou » dans la première strophe, la conjonction « mais » dans la deuxième, et par les hypothétiques dans les deux dernières strophes. L’enchaînement logique sur lequel est construit le sonnet « Beaux et grand bâtiments… » n’est formulé que dans le dernier tercet : bien que ces lieux soient merveilleux, je ne suis pas heureux car je n’y vois pas celle que j’aime. « La corde sensible, écrit Francis Ponge, c’est la qualité différentielle. Quand elle vibre, c’est à la fois raison et réson. » (Pour un Malherbe) 6. La beauté que Malherbe célèbre dans ce sonnet est la beauté de l’art. Les « miracles de l’art » s’imposent contre la nature que l’art doit faire « céder » (v. 4). La « clôture » (v. 5) sépare l’espace maîtrisé par l’art des espaces qu’on abandonne à la nature désordonnée, sauvage, où se jettent les chasseurs, où se cachent les voleurs. Grâce aux miracles de l’art, les forêts sont transformées en « bois », les sources en « fontaines », les rivières en « canaux » (v. 10). Cette maîtrise de l’espace est aussi maîtrise du temps. Dans ces jardins bien clos, il y a « toujours » (v. 6) des fleurs et des ombrages verts et il faut imaginer un « démon » qui écarte les hivers (v. 7). La beauté contre nature échappe ainsi aux outrages du temps. Les attributs de la beauté sont la grandeur et la majesté : l’adjectif « superbe » signale une beauté éclatante, d’une très belle apparence, qui suscite l’admiration et sans doute aussi de l’orgueil (mais non de la vanité). Cette beauté est fondée sur la « structure » (v. 1) et c’est cette structure qui la fait échapper au temps, qui la rend éternelle. Comment ne pas penser au célèbre vers, qui exprime non une prétention mais une esthétique : « Ce que Malherbe écrit dure éternellement. » Vers l’oral Dans ces deux poèmes, le thème amoureux est traité de façon singulière. Dans « Dessein de quitter… », l’être aimé n’est évoqué que par des formules bien senties mais un peu vagues : « mon beau souci… » (v. 1), « vos yeux ont des appas… » (v. 5). La magnifique apostrophe « Beauté, mon beau souci » se nuance aussi d’un reproche que la suite précise en évoquant « l’âme incertaine » (v. 1) de celle qui est accusée de manquer de mémoire (v. 15) ou de foi (v. 16) ou de parole (v. 20). Caliste a la chance d’échapper à ces reproches et à toute précision : c’est le charme de sa présence qui est ainsi rendu sensible mais enfin le sonnet semble essentiellement consacré aux beautés du château, du parc et des jardins (voir réponse 4). Si le sonnet nous montre un poète amoureux que l’absence de l’être aimé rend chagrin et triste, et ces deux mots sont très forts au xviie siècle, le « Dessein de quitter une dame… » montre la rudesse un peu grondeuse d’un amoureux qu’on ne contente pas de promesses. Les exigences sont précises et tout le monde comprend ce que veulent dire les expressions « soulager ma peine » (v. 3), « l’amour » (v. 8), « l’effet » (v. 9) et les pronoms « cela » (v. 9), « l’ » (v. 14). L’amoureux réclame son dû, et accuse la beauté d’être coquette, et trompeuse. Si cette brutalité menaçante nous éloigne de l’expression habituelle du sentiment amoureux, elle n’en est pas moins ardente : il est la « prise » (v. 7) de la dame et a peur qu’elle se rie de lui (v. 14). Elle dit l’exigence du désir. « Ce qu’il veut, écrit Antoine Adam, il le veut avec passion. Il avoue la “fâcheuse inclination” qu’il a “d’aimer avec trop de violence”. Nous comprenons que ce qu’il appelle aimer, c’est ce que nous appelons “désirer”. »

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Malherbe

Prière pour le roi allant en Limousin

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Objectifs

– Étudier le lyrisme officiel – Le thème de la paix

Repères Une grande partie de l’œuvre poétique de Malherbe répond à des commandes passées à l’occasion des événements qui rythment la vie de la cour et des grands : départs en guerre, victoire, naissances des enfants princiers, ballets de cour, entrées royales. En 1600, il avait accueilli la nouvelle reine Marie de Médicis à Aix-en-Provence et c’est avec la « Prière pour le roi allant en Limousin » que commence la carrière officielle de Malherbe à la cour. Pour être de commande, ces vers n’en sont pas moins sincères, car Malherbe était profondément convaincu de la nécessité d’un ordre qui assurât la paix du royaume. Et le poète se montrait aussi exigeant et rigoureux pour ces vers d’apparat que pour ses consolations ou ses poésies amoureuses. En témoignera cette anecdote rapportée par Racan : « Il avait aversion contre les fictions poétiques, et en lisant une élégie de Régnier à Henri le grand qui commence : Il était presque jour, et le ciel souriant et où il feint que la France s’enleva en l’air pour parler à Jupiter et se plaindre du misérable état où elle était pendant la Ligue, il demanda à Régnier, en quel temps cela était arrivé, et disait qu’il avait toujours demeuré en France depuis cinquante ans, et qu’il ne s’était point aperçu qu’elle se fût enlevée hors de sa place. » La lecture des quelques strophes retenues ici justifiera les formules de Francis Ponge : « Quelque chose de magistral. Un ton de supériorité qui ne trompe pas. Quelque chose aussi de mâle : une certaine complétude (même, une certaine abondance, mais aristocratiquement dominée). Le goût, revenu de tout. » Réponses aux questions

Observation 1. Chaque strophe est consacrée à un thème qui lui donne son unité, sa carrure. La première strophe évoque la vie civile, la deuxième la vie morale, la troisième la vie religieuse. Dans la première strophe, l’autorité royale garantit l’ordre dans les villes, le travail dans les campagnes. Dans la deuxième strophe, l’autorité royale garantit les valeurs morales, la récompense des mérites, le développement des arts et des techniques. Le roi défendra et développera la religion légitime. 2. Le poète s’adresse à Dieu : « ton amour et ta crainte » (v. 13), « ta gloire » (v. 16), « ton obéissance » (v. 17), « tu », « te » (v. 18), « Tu » (v. 19). Le roi est désigné par la troisième personne du singulier : « son » (v. 1 et 7), « il » (v. 7 et 18), « ses » (v. 11 et13), « sa puissance » (v. 16), « le » (v. 18). Le poète se mêle à la masse des sujets du roi, des croyants, de tous ceux qui aspirent à la paix : « nos » (v.1, 3, 19, 22 et 23), « nous » (v. 9, 19 et 20). Se mêle-t-il au « peuple » (v. 5) ? 3. La distribution des accents en 3/3//3/3 dans les deux vers (comme dans le vers précèdent qui développe le même thème) est d’une frappante régularité, célébration solennelle des bonheurs de la paix. Le retour du son /s/ dans les deux vers et l’allitération en /p/ unifient les vers et le retour du son /f/ dans « fleurs » et « fruits » lie par le son les deux mots déjà liés par le sens.

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Analyse 4. La figure royale est d’abord l’autorité légitime qui sait imposer un ordre : si son nom répand la terreur (v. 1), c’est que sa force est respectée, et respectable. À cette force qui protège la paix s’ajoute la justice, « ses justes faveurs aux mérites donnés » (v. 11), qui sait reconnaître et encourager les vraies valeurs et favorise le progrès. La troisième vertu dont il doit faire preuve est le respect du dieu de ses ancêtres, « la foi de ses aïeux » (v. 13). Si le nom du roi inspire la terreur à ses sujets, le nom de Dieu est craint (et aimé) du roi. Si le roi déploie « sa puissance » (v. 16), il relève de ce que Pascal appelle l’ordre de la chair, il doit défendre la « gloire » (v. 16) de Dieu. Gloire à Dieu dans

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