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Commentaire De La Lettre De Renan

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our Renan de relater des événements qui lui sont contemporains.

Par ailleurs, le recours à la modalité exclamative, dans la 1ère phrase du texte, traduit une certaine attitude subjective à l'endroit des événements qui ont eu lieu, attitude toute empreinte de regret. Les négations restrictives, employées au début du texte, confirment cette hypothèse de lecture et véhiculent la figure de l'antithèse (chants et folies vs deuils et fureurs). L’utilisation de l’interrogation directe, autre modalité d’énonciation, permet à l’énonciateur de modaliser son discours (cf. Et ils croient), de marquer sa distance par rapport à ses adversaires.

Structure périodique et cadence majeure

D’un point de vue rythmique, l’auteur adopte, dans son texte, une structure périodique (la période étant une unité de discours, en principe formée d’une seule phrase complexe et caractérisée par le souffle, l’ampleur), propice à la caractérisation et au développement de l’argumentation : L’orage est passé……………fureurs. ; Les personnes d’ordre………d’égoïsme de plus.

Le schéma intonatif de la phrase française étant circonflexe, la cadence majeure domine dans ce texte (la protase est plus longue que l’apodose). Elle produit, notamment, un effet de traîne dû à l’allongement de la seconde partie de la phrase, ménageant ainsi des effets de surprise et de retardement de l’information : L’orage est passé ma chère amie ; mais qu’il laissera après lui de funestes traces.

Cependant, la cadence mineure est aussi présente (dans ce cas, la protase est plus longue que l’apodose), ce qui permet de mettre en relief l’idée contenue dans la deuxième partie de la phrase et de rendre la chute plus brutale (la clausule) : la classe bourgeoise a prouvé qu’elle était capable de tous les excès de notre première Terreur, avec un degré de réflexion et d’égoïsme de plus. L’attitude inqualifiable de la classe dirigeante est ainsi fustigée et condamnée.

Par ailleurs le rythme se distingue par une construction syntaxique particulière : les couplages (groupements) binaires des syntagmes (des chants et des folies ; deuils et fureurs ; mitraille et fusillade).

Un lexique dysphorique, une caractérisation négative

Sur le plan lexico-sémantique, le texte développe, par le biais d'un lexique dysphorique, une isotopie lexicale (champ lexical) de la guerre et de la destruction : funestes traces – deuils – fureurs – atrocités – mitraille – fusillade – massacre – haine…Combinée à une forte caractérisation négative (cf. l'atrocité ; la haine ; les excès ; les représailles…), elle exprime une vision pessimiste des événements et une ferme condamnation de la répression violente qui s'est exercée à l'encontre des ouvriers.

La détermination et la caractérisation, qui sont deux procédés au service de l’actualisation, c’est-à-dire de l’emploi en discours des unités lexicales, contribuent à créer un univers obsessionnel, familier à l’énonciateur (Renan) et à l’énonciataire (sa sœur), qui se singularise par la violence et le conflit meurtrier (ex : l’époque des guerres de religion, la Terreur, les vainqueurs, le régime militaire…) et référant à une page sombre de l’histoire de France. La fréquence des articles définis, renvoyant à des réalités supposées connues, est remarquable.

Une appréciation affective et axiologique

Parmi les marqueurs affectifs et axiologiques, vecteurs privilégiés de la subjectivité langagière, il convient de réserver une place de choix aux adjectifs qualificatifs. La linguistique moderne les étudie dans une perspective à la fois syntaxique et sémantique et s’intéresse aux effets de sens qu’ils produisent dans les textes

Un certain nombre d'adjectifs non-classifiants (subjectifs) sont antéposés aux GN auxquels ils se rapportent (de funestes traces ; cette déplorable guerre ; de ridicules journaux ; l’invincible difficulté), bien que la phrase française affectionne, généralement, l’organisation et la progression des segments par masses croissantes. Cette antéposition connote un marquage stylistique évident (effet d'insistance). L'adjectif, ainsi antéposé, se charge davantage de valeur subjective.

D'un point de vue rhétorique, quatre figures de style contribuent à conférer plus de violence au texte :

-une métaphore : L’orage est passé ma chère amie…

-un chiasme : L’échafaud est abattu, on y substitue le massacre.

-une gradation ascendante (climax) : quelque chose de dur, de féroce, d'inhumain…

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