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Au Bonheur Des Dames

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que publie Le Figaro les campagnes de presse contre la République et les Juifs. Convaincu que le véritable coupable de l’affaire Dreyfus est le commandant Esterhazy, qui est acquitté à l’unanimité le 11 janvier 1898, Zola publie dans L’Aurore deux jours plus tard l’article J’accuse. Condamné à un an d’emprisonnement et à 3 000 francs d’amende, il doit quitter la France le 18 juillet 1898. A son retour, en 1899, injurié, radié de l’ordre de la Légion d’honneur, abandonné par une grande partie de ses lecteurs, il meurt asphyxié par le poêle de son bureau. Une foule rendit hommage pendant ses obsèques à celui qui avait osé mettre en jeu sa notoriété au nom de la morale.

En octobe 1864, Denise, qui a vingt ans, arrive à Paris avec ses deux frères, Jean, qui a seize ans et Pépé, qui en a cinq, dont elle a la charge depuis la mort de ses parents. Elle vient de Valognes, en Normandie, où elle était vendeuse chez Cornaille, «le premier marchand de nouveautés de la ville». Elle pense que son oncle Baudu, patron d'un magasin de draps et flanelles, pourra l'engager. Mais les affaires du boutiquier vont mal. Il accompagne sa nièce dans une autre boutique, en vain. Ils apprennent qu'une place est libre au “Bonheur des dames”, grand magasin installé de l'autre côté de la rue. Denise décide de s'y présenter le lendemain. Hébergé chez les Baudu, les trois jeunes provinciaux découvrent le quartier avec étonnement.

Le lendemain, à 7 heures 30, Denise, trop matinale, attend devant le magasin. Elle assiste à l'arrivée des employés et à celle d’Octave Mouret, ancien commis au “Bonheur des dames”, qui a récemment perdu sa femme, Mme Hédouin, patronne du magasin dont il assume maintenant la direction. Il fait, en compagnie de son lieutenant et ami, Bourdoncle, sa tournée de la maison : il a plein d’idées sur le commerce, procède à des innovations, annonce une grande vente prochaine. Au rayon de la confection où Denise, effarée, est enfin arrivée, on la trouve triste et laide ; mais Mouret, qui survient à ce moment, est sensible à son charme caché. Elle est engagée grâce à lui.

Le samedi, à l'heure du thé, Mme Henriette Desforges est entourée de ses amies, toutes clientes du “Bonheur des dames”. Elles ne parlent que du magasin et de la grande vente prochaine. Mouret, l'amant de la maîtresse de maison, arrive et retrouve un de ses amis du collège de Plassans, Paul de Vallagnosc, petit employé à trois mille francs par an au ministère de l'Intérieur. Les deux hommes exposent leurs philosophies totalement opposées : Vallagnosc, son pessimisme, et Mouret, sa gaieté et sa passion de la vie. Il est venu pour rencontrer le protecteur d'Henriette Desforges, le baron Hartmann, directeur du Crédit Immobilier. Il lui expose sa conception du nouveau commerce et ses projets. Il désire le convaincre de soutenir sa politique d'agrandissement. Cette conversation met en relief le lien qui existe entre les banques, les grands travaux d'urbanisme et le développement des Grands Magasins.

Le lundi se tient la grande vente des nouveautés d'hiver dans les différents rayons, autour desquels c’est la cohue des acheteuses. C’est la première journée de Denise comme vendeuse. Engagée au pair, elle ne peut compter, pour payer la pension de Pépé, que sur la guelte. Mais ses collègues se liguent contre elle pour ne lui laisser aucune vente. Elle est, de plus, la cible de leurs moqueries, de celles, aussi, de l'élégante Mme Desforges, avertie «par un instinct» de l'attirance que Mouret éprouve pour la vendeuse. Ce dernier, toutefois, joint ses moqueries à celle des autres. La recette de la journée est énorme, 87742.10 francs. Denise remonte dans sa chambre, ivre de tristesse et de fatigue.

Le lendemain, Denise est convoquée par Mouret qui veut la tancer sur sa façon de se coiffer et de s'habiller. Mais, ayant repris courage, elle a passé une partie de la nuit à rétrécir sa robe d'uniforme. Elle est transformée et Mouret se montre très bienveillant. Les mois suivants, elle subit le martyre physique de toute vendeuse débutante et la sourde persécution de ses camarades. Elle arrive à grand-peine à payer la pension de Pépé et à satisfaire aux exigences incessantes de son autre frère. Elle trouve cependant réconfort et aide financière auprès d'une vendeuse du rayon lingerie, Pauline Cugnot, qui lui conseille de faire comme toutes les autres, de prendre un amant. Denise refuse, malgré sa détresse. Elle accompagne toutefois Pauline et son ami Baugé un dimanche à Joinville. Six mois ont passé, Mouret est surpris et charmé de la transformation de la jeune fille qu'il rencontre un soir.

La morte-saison d'été est le temps des renvois en masse : cinquante sur quatre cents employés. Le 20 juillet 1865, Denise, toujours en butte à la méchanceté de ses camarades, rencontre l'inspecteur Jouve dont elle repousse les avances et est renvoyée. Mouret, qui d'habitude ne s'occupe pas des questions concernant le personnel, est très vivement irrité en apprenant son renvoi, mais il ne revient pas sur la décision prise.

Fâchée avec son oncle Baudu depuis son entrée au “Bonheur des dames”, Denise se retrouve sans argent et sans logement. Elle loue une chambre misérable dans la vieille maison du marchand de parapluies Bourras. Forcée de reprendre avec elle Pépé dont elle ne peut plus payer la pension, sans travail, elle passe six mois terribles et surmonte sa misère grâce à la générosité de Bourras qui en fait son employée. Elle est enfin engagée en janvier 1866 par Robineau qui, depuis septembre, a acheté un magasin du quartier. Soutenu par le fabricant Gaujean, Robineau engage contre “Au bonheur des dames” une lutte qui le ruine. Bourras, à son tour, essaie de tenir tête au Grand Magasin, mais en vain. Un soir de juillet, Denise, qui promène Pépé aux Tuilleries, rencontre Mouret. Ils ont les mêmes conceptions sur le commerce. Séduit par ses «idées larges et nouvelles», troublé par son charme grandissant, il lui propose de revenir au “Bonheur des dames”, ce qu'elle refuse. Baudu se réconcilie avec elle et l'invite pour le lendemain. Mouret achète la maison de Bourras.

Denise défend, devant son oncle complètement buté, «l'évolution logique du commerce», «la grandeur de ses nouvelles créations». Elle surprend la douleur de la fille des Baudu, Geneviève. Son fiancé, Colomban, commis chez ses parents, aime une des vendeuses du “Bonheur des dames”, Clara. La misère gagne leur maison de Rambouillet. Leurs dernières clientes les quittent. Denise, irrésistiblement attiré par le Grand Magasin, malgré les ruines qu'il provoque, se décide en février 1867 à quitter les Robineau dont les affaires vont de plus en plus mal. Elle rentre au “Bonheur des dames” avec cent francs d'appointements.

Le 14 mars 1867, a lieu l'inauguration des nouveaux magasins du “Bonheur des dames”. Mouret fait visiter le magasin à Paul de Vallagnosc en lui expliquant ses idées et ses buts : trois cent mille francs de publicité, de nouveaux procédés de vente, des aménagements intérieurs, des commodités offertes aux acheteurs. Mme Desforges est là : jalouse, elle veut voir la maîtresse de Mouret dont on lui a parlé. Il s'agit en fait de Clara, mais elle croit que c'est Denise. La jeune vendeuse, que ses collègues traitent désormais avec politesse et qui est passé seconde, est présente dans le cabinet de Mouret lorsqu'on monte la recette de la journée. Mouret tente de la séduire, comme d'autres, avec son argent. Denise, blessée, se sauve.

Malgré une entorse, Denise descend travailler. On lui remet une lettre de Mouret : il l'invite à diner le soir même, comme il l'a fait pour d'autres vendeuses qui lui plaisaient. Parce qu'elle l'aime, et non par coquetterie, elle refuse

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