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Psycho Interculturelle

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interlocuteur peut donner naissance à un malentendu. Ainsi, quand l’enseignante demande aux apprenants d’écrire « un petit mot », c’est-à-dire un message, ceux-ci se demandent quel mot court ils doivent écrire.

Dans ces deux cas, il y a « illusion de compréhension » (Hérédia-Déprez, 1986). En fait, le malentendu se distingue de la simple incompréhension par l’existence d’interprétations divergentes qui provoquent le report dans le temps de la négociation du sens. Comme l’explique F. François, « celui qui parle en second reprend quelque chose du discours de l’autre et le déplace, surprend l’autre et se surprend lui-même. » (François, 1990). Pendant un temps plus ou moins long, l’échange se poursuit néanmoins.

Le malentendu est le plus fréquent des conflits et, heureusement, le plus facile à résoudre. Il résulte toujours d’une erreur d’interprétation. Il est d’abord unilatéral, mais peut devenir réciproque à partir des réactions de la personne offensée. Le malentendu émerge au moment où les paroles ou les actions d’une personne sont mal comprises par son interlocuteur parce qu’elles atteignent un point sensible chez ce dernier. Comme cette interprétation erronée est blessante ou menaçante, elle suscite une réaction de défense (fermeture, évitement ou contre-attaque). Cette réaction perpétue ou envenime le désaccord en privant les interlocuteurs des éléments qui permettraient d’en identifier l’origine ou la source.

Les ingrédients essentiels pour créer un malentendu sont donc: une vulnérabilité, une action dont la signification réelle n’est pas totalement évidente, une interprétation qui attribue une signification négative à cette action, un lien direct entre cette signification et ce point sensible et une réaction d’auto-protection (évitement ou attaque).

Il est important de noter que le malentendu n’est pas nécessairement réciproque (contrairement aux autres types de conflits). Il arrive souvent qu’une personne se retrouve ainsi en conflit à l’insu de l’autre car l’interprétation ne correspond pas à la signification que celle-ci donnait à son action. Il arrive aussi que le conflit soit réciproque. C’est le cas lorsque les réactions de la première personne à l’attaque qu’elle croit avoir subi provoquent à leur tour des réponses défensives chez l’autre (qui croit alors subir une agression gratuite). Le malentendu devient donc souvent réciproque à cause des réactions d’auto-protection qu’il engendre. Et de réaction défensive en contre-attaque, un cercle vicieux peut s’installer à demeure et compliquer la situation à l’infini. Il devient alors très difficile de retrouver l’origine du conflit qui ressemble de moins en moins à un malentendu et de plus en plus à une guerre sans merci.

Le malentendu trouve toujours sa source dans une incompréhension. La personne interprète l’action de son interlocuteur à travers ses propres craintes. Autrement dit, elle attribue à l’autre des reproches qu’elle se fait déjà, qu’elle croit mériter ou qu’elle craint de subir même si elle ne les croit pas justifiés. Son interprétation est l’expression de sa vulnérabilité. Dans le malentendu, c’est le fait de ne pas connaître le point de vue de l’autre qui nous permet d’attribuer des significations erronées à son comportement. En l’absence d’information claire, nous inventons les détails qui nous manquent : nous imaginons le pire, précisément ce que nous craignons le plus ou ce que nous nous reprochons déjà.

Confrontons maintenant les trois phases du malentendu (Hérédia, 1986).

La phase préventive consiste en une demande directe ou indirecte de répétitions, de reformulations, d’éclaircissements, elle permet une vérification systématique des interactants vis-à-vis de leur propre compréhension.

La seconde phase est la prise de conscience du problème par l’un des interlocuteurs. À défaut de précautions préliminaires, un indice peut permettre à l’un des partenaires de l’interaction de prendre conscience de la différence de codage. La détection du malentendu peut être d’ordre pragmatique (geste), peut être liée à la vraisemblance (connaissances préalables), à la contradiction situationnelle ou contextuelle, au caractère inadéquat des réponses et enfin au refus de l’hétéro-reformulation.

La troisième phase, la levée du malentendu, se manifeste par une séquence latérale de négociation du sens. Elle peut se réaliser sous différentes formes : geste, monstration, écriture, traduction, reformulation....

Pouvons-nous réellement résoudre un malentendu ? En comprenant bien la nature du conflit, pour nous le malentendu, nous sommes en mesure de concevoir des solutions appropriées. Il suffit de comprendre le mécanisme et le jeu de forces pour identifier les cibles sur lesquelles il faut intervenir. Commençons par définir le principe général sur lequel reposera la solution. Il sera plus facile ensuite d’imaginer les façons de le concrétiser dans diverses situations. Comme le malentendu repose sur une information incomplète et sur l’interprétation erronée qui vient combler ce vide, la solution reposera nécessairement sur une meilleure circulation de l’information. Si les faits réels et leurs véritables significations sont connus, la projection de la culpabilité et des craintes prendra moins de place. La réalité regagnera son importance et exercera une influence salutaire pour corriger les perceptions. Mais ce n’est pas tout à fait aussi simple car il s’agit de craintes bien réelles qui reposent sur des vulnérabilités importantes. Il n’est pas toujours facile de les abandonner en se fiant tout simplement à la parole de la personne dont on craint les réactions. Une bonne méthode de résolution des malentendus doit donc tenir compte de la vulnérabilité qui s’y manifeste pour y apporter une réponse adéquate. La solution efficace doit donc à la fois compléter l’information sur la situation et soulager l’inquiétude réelle qui alimente la projection. Dans la mesure du possible, il est préférable de toucher d’abord à la vulnérabilité pour garantir que l’information nouvelle soit reçue et utilisée adéquatement. Autrement, la méfiance et la crainte peuvent facilement conduire à de nouvelles interprétations erronées qui viendront renforcer le malentendu au lieu de le résoudre. Le soutien que nous trouvons dans notre environnement est souvent l’ingrédient principal qui permet d’entreprendre rapidement cette démarche. La complicité même silencieuse d’un proche au moment où nous venons de subir un affront peut souvent nous aider à réagir immédiatement et à prévenir le malentendu en demandant des explications. Cependant, le support et la compréhension d’un tiers ne suffisent pas à régler le malentendu: il faut aussi obtenir l’information exacte pour remplacer celle que nous avons imaginée à partir de nos craintes. La rencontre avec l’interlocuteur dont les actions nous ont semblé blessantes est donc nécessaire même lorsque l’intensité de notre inconfort s’est atténuée grâce à la compréhension d’un proche. Si, au contraire, nous y introduisons notre vulnérabilité et notre désir de savoir, nous fournissons à l’autre des raisons de mieux nous informer sur sa propre perception. Notons enfin qu’il arrive souvent que le protagoniste (la personne qui est blessée par son interprétation des actions de l’autre) soit aussi l’interlocuteur (celui dont le comportement a été interprété à son insu). C’est le cas lors que le malentendu persiste parce qu’aucun des acteurs ne réussit à le résoudre. Les réactions du premier deviennent alors les occasions pour l’autre d’interpréter la situation comme une agression (ce qui est en partie justifié mais sans qu’on en comprenne les causes réelles). Les deux personnes impliquées deviennent alors des protagonistes, mais à partir de moments

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