L'autre, cet inconnu
Cours : L'autre, cet inconnu. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Arion • 14 Février 2019 • Cours • 1 230 Mots (5 Pages) • 905 Vues
SEQUENCE I : L’autre, cet inconnu…
Lecture analytique du texte 3. Ionesco, Rhinocéros, Acte II, tableau 2.
De « Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous » à « ça gratte ».
La seconde guerre mondiale a été une période où les régimes totalitaires tels que le nazisme, le fascisme ou le communisme se sont répandus à travers l’Europe, créant un climat d’injustice et de grande violence. Les populations n’ont pris la pleine mesure des exactions commises lors de ces conflits, comme l’Holocauste, qu’après l’Armistice, entrainant une prise de conscience horrifiée de ce que l’humain est capable de faire à son prochain. C’est dans ce climat que les auteurs ont choisi de s’éloigner des canons classiques de la littérature, pour réinventer de nouveaux genres, mettant ainsi en lumière l’absurdité de certains aspects de la civilisation. Ainsi est né le théâtre de l’Absurde, sous l’égide de Samuel Beckett et Eugène Ionesco, dans lequel les personnages, ou même l’intrigue, perdent toute velléité de vraisemblance ou de cohérence pour mieux mettre en lumière le chaos de la société. A travers Rhinocéros, Ionesco veut dénoncer la prise croissante qu’a une dictature sur les populations, souvent à leur insu, en la matérialisant par une maladie : la rhinocérite, qui change petit à petit les humains en animaux violents et aveuglés par leurs instincts primaires. Dans le second tableau de l’Acte II de la pièce, le spectateur assiste à la transformation, sur scène, de Jean, pourtant un des personnages les plus cultivés de la pièce, devant son ami Bérenger, impuissant à l’aider. On peut se demander quelle est la portée symbolique de cet extrait. La progression de la métamorphose de Jean est mise en évidence par des procédés dramatiques, qui aboutissent ici à un renversement des valeurs morales traditionnelles.
- La progression de la métamorphose de Jean
- Une métamorphose physique
- Evolue au fur et à mesure des passages dans la salle de bain « Jean est devenu tout à fait vert […] corne de rhinocéros » (l. 47-48) « Je ne vous reconnais plus » (l. 51).
- Il se déshabille.
- Une métamorphose de la parole
- Plus on avance dans le texte, plus il y a de didascalies, moins sa parole est compréhensible. « soufflant bruyamment » (l.23) ; onomatopées « Brrr » (l. 29-31). « Il barrit de nouveau » (l. 31), « Parlez plus disctinctement. Je ne comprends pas. Vous articulez mal. » (l. 41). « paroles furieuses et incompréhensibles ». (l. 50). « sons inouïs » (l.50). « à peine distinctement » (l. 52).
- Berenger lui-même finit par ne plus le comprendre.
- Il ne fait plus de phrases, à la fin. (ligne 52-53).
- Il utilise de moins en moins de pronoms « je », et de plus en plus de phrases à tournures impersonnelles. « il faut » (l. 10, 20 et 21) ; « pourquoi ne pas être rhinocéros ? » (l. 44)
- Une métamorphose du comportement et du raisonnement
- Il fait des allers-retours croissants dans la salle de bain, et s’agite (voir didascalies l. 5-12-14-20-27-31-37-42-49)
- Il se contredit : disant être ouvert, il renonce au dialogue. Refuse les humains. Veut retourner à « l’intégrité primordiale » (l. 21) / puis « j’aime le changement ».
- Les procédés dramatiques utilisés : La théâtralité
- Du burlesque…
- Les effets farcesques : Le déguisement en rhinocéros, les stichomythies.
- Les onomatopées « Brrrr ».
- Monstruosité tournée en ridicule par la comparaison avec un « poète » (l. 28 et 30). Le contraste entre les personnages crée un décalage comique entre la subtilité de la poésie et la grossièreté des barissements.
- Phrases à double sens « loi de la jungle » « je veux respirer ».
- … Au tragique
- Un malaise croissant.
- Bérenger est effrayé (l. 47).
A la fin, Jean fait preuve d’une sauvagerie primaire, incapable d’articuler une phrase, il a des gestes laissant supposer une grande violence « se précipite, jette les couvertures par terre, sons inouïs » (l. 49-50).
- La double destination théâtrale.
- Les effets sonores et visuels.
- Le spectateur comprend avant Bérenger ce qui se passe, et avant Jean lui-même.
- Texte métadiscursif. A travers ce « dialogue » de Jean et Bérenger, c’est Ionesco qui invite le spectateur/lecteur à s’interroger sur les totalitarismes.
- Un renversement des valeurs.
- L’impossibilité du dialogue, l’impuissance de Bérenger.
- Jean est fermé au dialogue, il ne l’écoute pas, l’interrompt. (voir didascalies oranges).
- Il change de pièce fréquemment, n’est pas dans la même pièce que Bérenger (salle de bain), ce qui prouve son refus de communiquer.
- Bérenger ne peut pas développer ses arguments (points de suspensions qui marquent l’interruption l. 19 ; 25 33 ; 35 ; 46).
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