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Lantier refuse le sacrifice de Morlac

Chronologie : Lantier refuse le sacrifice de Morlac. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  14 Juin 2019  •  Chronologie  •  1 554 Mots (7 Pages)  •  835 Vues

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LA n°11 : Lantier refuse le sacrifice de Morlac 

 

Introduction. Travailler à situer l’extrait dans l’intrigue : il faut expliquer l’essentiel de l’intrigue en imaginant que l’examinateur n’a pas lu le roman. Il ne faut ni en dire trop, ni pas assez. 

Cet extrait met en scène les deux personnages principaux du roman : Morlac, un soldat qui a fait la guerre. Il est en prison pour avoir décoré son chien de la légion d’honneur au défilé du 14 juillet 1919, un geste de révolte contre la guerre. L’autre personnage est Lantier qui a lui aussi fait la guerre et qui mène l’instruction pour décider de la peine de Morlac. Nous sommes à la fin du roman : Lantier s’apprête à clore son enquête et s’entretient une nouvelle fois avec Morlac. Lantier vient de relire à Morlac le rapport fait par les gendarmes suite à son action criminelle et vient le moment d’évoquer la sanction à appliquer. L’extrait montre un duel verbal dans lequel les deux hommes débattent du futur de Morlac.  

 

        I)         L.1 à 16 : un désaccord persistant entre les deux personnages 

Les deux personnages ne sont pas du tout d’accord concernant la façon dont l’enquête doit se conclure.  

 

1) Morlac veut être condamné 

  • Morlac incite Lantier à le condamner durement : la répétition du verbe de décision « vous voulez » montre qu’il ne s’opposera pas au choix de la sanction. Il lui suggère même des sanctions lourdes en lui parlant à l’impératif à deux reprises : « faites-moi fusiller » (l.6), « envoyez-moi au bagne » (l.11).  
  • Des expressions mettent en valeur le côté sans concession, intransigeant de Morlac : CCManière L.2 : « avec le même sourire las », l’expression « peu m’importe » (l.6) et la phrase affirmative « j’y suis prêt » (l.11) montrent qu’il veut à tout prix être condamné et que cela soit rapidement décidé, sans en débattre.  

 

2) Lantier l’a compris mais ne le veut pas 

  • A l’inverse, Lantier ne veut pas que Morlac soit condamné et il cherche encore à le faire changer d’avis : aux phrases brèves et affirmatives de Morlac s’opposent le développement des explications de Lantier qui montre qu’il cherche à avoir un effet sur Morlac : la phrase interrogative (l.4-5) et la phrase explicative (l.8-10) visent à décrire précisément à Morlac ce qu’il risque.  
  • Lantier fait aussi preuve de bienveillance vis-à-vis de Morlac quand il insiste sur le fait qu’il l’écoute et qu’il a compris sa position : jeu de répétitions : « J’y suis prêt / Vous y êtes prêt », répétition du verbe « comprendre » à la première personne du singulier (l.13). Le CCT « depuis le début » rend encore plus explicite sa bienveillance : de la sorte, Lantier montre qu’il cherche à le protéger, qu’il ne souhaite pas sa condamnation.  
  • Enfin, Lantier insiste sur le fait que c’est Morlac qui ne veut pas de son aide et non pas Lantier qui refuse de l’aider. Opposition entre « je » et « vous » dans la phrase à la ligne 14 : « vous refusez » / « je vous ai proposées ». L’adjectif « toutes » insiste sur le fait que Lantier a maintes fois cherché à aider Morlac. Lantier formule donc explicitement le désaccord qui oppose les deux hommes et finalement son impuissance à aider Morlac. Pourtant il ne s’avoue pas vaincu puisqu’il relance la conversation : « parlons de cela justement » en l’invitant à se justifier : « pourquoi voulez-vous être condamné ? ».  

 

        II)         l.17 à fin : un débat sur les motivations de Morlac à se sacrifier 

 

1) La thèse de Morlac 

  • L.20 à 22 : thèse : Morlac exprime l’idée que sa condamnation montrera au peuple la vérité de la guerre. Il pense pouvoir déclencher « le dégoût de la guerre ». Il se justifie en exprimant son point de vue très négatif sur la guerre.  
  • Morlac dénonce la guerre de façon virulente : la guerre est un mensonge : il répète deux fois l’adjectif « prétendus » : les héros ne sont pas des héros, la victoire n’est pas une victoire. La guerre est détestable : utilisation d’un vocabulaire virulent : « abjects » (l.23), « boucherie » (l.24). Haine contre les dirigeants : périphrase « ceux qui ont organisé cette boucherie », « les capitalistes qui l’ont voulue ». L’utilisation du terme « capitalistes » montre que la prise de position de Morlac est aussi politique.  
  • Morlac engagé dans un vrai combat contre la guerre : il utilise de façon assez paradoxale un vocabulaire militaire : « je défends, victoire, gagner, contre (x2) ». Dernière phrase :

Allitération en « v », « gu » et « qu » : sonorités dures qui témoignent de sa détermination.  

 

2) Lantier contre-argumente alors le point de vue de Morlac en développant plusieurs arguments - Thèse de Lantier : votre condamnation est un sacrifice inutile car :  

  • Argument développé deux fois, l.40 et l.66-68 : l’action de Morlac est un cas isolé qui ne peut avoir trop de poids : « votre petit coup d’éclat (l.41), en décorant son chien devant un préfet (l.67) » / « changer la face du monde (l.41), renverser l’ordre établi (l.67) » : antithèses pour minimiser l’action de Morlac par rapport à l’idéal poursuivi.
  • 2ème argument : Morlac ne pourra plus être utile à sa cause. Lantier établit un lien logique entre Morlac et la cause qu’il défend : utilisation de la métaphore de la mort et du temps du futur pour Morlac : « vous allez disparaître, vous n’en reviendrez pas » (l.45-46) / champ lexical de l’échec pour la cause : « aura perdu », « sans atteindre personne », « n’aura pas avancé d’un pouce » (l.49-51). Lantier veut montrer l’inutilité d’être condamné pour la cause.  
  • 3ème argument : Le peuple n’a plus envie de se battre : l.55 et 57 : deux phrases interrogatives qui mettent en question la certitude de Morlac. L.59 à 63 : utilisation du présent et du futur de certitude. « fatigué », « avec indifférence » : champ lexical de l’inaction.  

 

        III)         Lantier passe à l’offensive  

 

1) Lantier prend le dessus et s’oppose explicitement à Morlac : 

  • L.31 à 68 : Morlac ne s’exprime qu’avec des phrases courtes, sans développer d’arguments. Il s’exprime à travers des certitudes mais sans se justifier : l.35 : « je le crois, voilà tout » : verbe de certitude au présent, L.43, l.54. « se révoltera » : futur de certitude mais phrase brève. A l’inverse, Lantier parle beaucoup plus que Morlac, développe des arguments et s’oppose explicitement à lui.  
  • L.37-38 : « Vous avez construit votre argumentation et vous vous y tenez. Mais vous n’y croyez pas. » : l’opposition introduite par la conjonction « mais » a pour but de faire réagir Morlac :

Contradiction explicite de Lantier qui montre que le raisonnement de Morlac ne tient pas.  

  • Il s’oppose explicitement à Morlac : l.35-36 : « Je le crois, voilà tout » / « Eh bien moi, je vous dis que non » (insistance sur le pronom « moi » pour montrer son désaccord) ; l.43-44 : « C’est un début. » / « Non c’est une fin. ».
  • Utilisation de questions qui remettent en cause ses affirmations : l.53-55. De la sorte, Lantier adopte une attitude offensive : il se bat contre Morlac.  

 

2) Mais c’est pour son bien  

  • Proximité physique voulue par le juge qui montre qu’il est de son côté : l.292-30 : « en face de Morlac », « se touchaient presque ».
  • Lantier centre son argumentation sur Morlac : utilisation récurrente de la 2ème personne du pluriel : « vous » : montre que c’est le sort de Morlac qui importe à Lantier : il cherche à le « sauver ». l.47-48 : Morlac essaye de détourner la conversation mais Lantier revient sur lui.  
  • L.69-70 : commentaire du narrateur qui souligne l’estime de Lantier pour Morlac. De même l.40 : « vous n’êtes pas assez naïf ».  
  • La tactique de Lantier est efficace : l’effet sur le prisonnier est souligné : « se troubla » (l.34). On constate qu’il évolue : « Je le crois » (l.35)  « mais sans conviction » (l.72). Description physique l.73.  

 

Pour conclure : quelques pistes de réflexion : (ce n’est pas une conclusion de LA) 

Un entretien étonnant puisque c’est le juge qui souhaite l’acquittement de l’accusé alors que ce dernier souhaite être condamné. Un texte qui témoigne de l’évolution de la relation entre les deux personnages. Un texte qui montre encore que la guerre transforme les hommes.  Un texte qui fait réfléchir sur l’utilité du sacrifice (écho avec l’actualité !).  

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