Dissertation
Note de Recherches : Dissertation. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresation ou mais sur le préfixe eu, qu'on retrouve dans euphorie et qui veut dire bon. Eutopie veut dire par conséquent «le lieu du Bon».
Si de ces deux mots, seul le premier passera à la postérité, ils n'en sont pas moins complémentaires pour décrire l'originalité de l'Utopia de More. En effet, cette œuvre a pour caractéristique d'être, d'une part, un récit de voyage et la description d'un lieu fictif (utopia) et , d'autre part, un projet d'établissement rationnel d'une société parfaite (eutopia). Ces deux aspects du texte de Thomas More ont amené à qualifier d'utopie des œuvres particulièrement différentes.
Thomas More, 1527, Frick Collection, New York
Définition
L'utopie (eutopia) est la description d'une société parfaite. Elle procède d'ailleurs d'une tradition qu'on fait remonter à La République de Platon. Plus particulièrement l'utopie (utopia) est un genre littéraire s'apparentant au récit de voyage mais ayant pour cadre des sociétés imaginaires.
Ces deux définitions ne s'excluent pas : l'Utopie de Thomas More, La Cité du Soleil de Campanella ou La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon remplissent ces deux conditions et sont à la fois des récits et des descriptions de sociétés originales.
Cependant, dès le XVIIe siècle, de nombreux auteurs s'empareront de ce nouveau genre littéraire et en développeront l'aspect romanesque et satirique au détriment du projet politique. C'est ainsi que des œuvres telles que Les voyages de Gulliver (1721) de Jonathan Swift furent qualifiées en leur temps d'utopies.
Thomas More inventa le genre littéraire de l'utopie, il avait l'ambition d'élargir le champ du possible et non de l'impossible comme ce mot est synonyme actuellement.
Dans son essai consacré aux premières utopies, celles d'avant les récits de More, de Campanella ou de Cabet (les Premières utopies , les Primaires , 1938), Régis Messac donne une définition restrictive du terme Utopie. «Le mot d'Utopie, forgé par Thomas More, et de nom propre devenu générique, est d'usage courant pour désigner les œuvres littéraires qui, sous une forme fictive et narrative, nous offrent l'image d'un État parfait, où l'ensemble des maux et les torts de la société présente sont guéris et redressés. Ce genre littéraire fut longtemps le principal véhicule des idées réformatrices, mais ces rédigés se répètent énormément, on y retrouve cent fois les mêmes banalités, cent fois les mêmes lacunes ou les mêmes erreurs.»
C'est à dire, Régis Messac considère l'utopie comme une œuvre purement romanesque, obligatoirement progressiste, constituée de deux éléments : «le cadre, c'est-à-dire le récit d'aventures fantaisistes ou fantastiques, le roman merveilleux ou géographique ; le contenu, c'est-à-dire la représentation d'une société parfaite. » Cependant, si l'un ne va pas sans l'autre, «l'un ou l'autre des deux éléments peut prédominer». Pour Messac, il va sans dire que ne peuvent être reconnues comme de véritables utopies les œuvres où domine le second élément, le contenu, c'est-à-dire la représentation d'une société idéale ou du moins peaufinée.
C'est pourquoi Messac ne reconnaît ni la République de Platon ni la Cyropédie de Xénophon comme appartenant précisément au genre utopique ; il dissipe à ce propos certaines équivoques et considère ces œuvres comme relevant de la catégorie des traités de politique pareils à ceux de Bodin, Machiavel et Montesquieu. «Tout au plus, dit-il, peut-on ranger, si on veut, la Cyropédie dans la catégorie des utopies pédagogiques et le mettre à côté de Télémaque, auquel il servit d'ailleurs de modèle. »
D'autre part, Régis Messac observe que les récits utopiques
...