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te d'un extrémiste norvégien »

« La Norvège ne faisait pas l'objet de menaces particulières ces dernières semaines, selon les services de sécurité norvégiens et le niveau de danger était au plus bas. Mais après les tentatives d'attentats déjouées ces dernières années au Danemark et l'attaque suicide en Suède en décembre 2010, où seul le terroriste avait trouvé la mort, il était devenu évident que même les pays scandinaves n'étaient plus à l'abri de la terreur.

Lorsqu'une terrible explosion a ébranlé Oslo, le 22 juillet à 15 h 26, il n'a donc pas fallu longtemps pour que la thèse de l'attentat soit avancée. Et avec elle, celle d'une possible piste islamiste. Avec une voiture piégée pour mode opératoire, la plupart des experts se sentaient en territoire connu. L'attaque, aveugle, contre le quartier symbolisant le cœur du pouvoir norvégien – celui des ministères – fut en outre suivie d'applaudissements et de revendications immédiates et péremptoires sur des sites islamistes stigmatisant l'engagement norvégien dès 2001 en Afghanistan et rappelant la publication de caricatures de Mahomet par certains médias norvégiens.

LA PISTE ISLAMISTE D'ABORD PRIVILÉGIÉE

Tous les ingrédients étaient donc réunis. On rappelait même qu'au lendemain de la mort d'Oussama Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri avait entre autres cité la Norvège comme cible potentielle. Le responsable d'Al-Qaida pourrait par ailleurs avoir des raisons personnelles d'en vouloir à la Norvège, car selon lui, des hommes des forces spéciales norvégiennes auraient participé à une opération ayant causé la mort de l'une de ses épouses et de l'un de ses fils.

Aussitôt après l'attentat, le premier montré du doigt est alors Mullah Krekar, un personnage sulfureux réfugié depuis vingt ans en Norvège. L'homme est présenté comme le chef d'Ansar Al-Islam, un groupuscule islamiste du Kurdistan irakien, responsable de plusieurs attentats dans cette région. Les autorités norvégiennes rêvent d'expulser Mullah Krekar, mais n'y parviennent pas car sa vie serait en danger en Irak. Il avait même déclaré que son expulsion éventuelle serait "un crime qui ne restera pas impuni". En dépit d'accusations selon lesquelles Mullah Krekar aurait proféré de nouvelles menaces en début de semaine, son avocat monte aussitôt au créneau pour le défendre.

Placée sous le signe de la terreur, cette journée du 22 juillet prend une nouvelle orientation, quelques heures plus tard lorsqu'éclate la fusillade sur l'île d'un lac situé non loin d'Oslo où se déroulait le camp d'été des jeunesses social-démocrates. Le procédé n'a plus rien de commun avec le mode opératoire traditionnel des commandos djihadistes.

"NORVÉGIEN DE SOUCHE"

Au cours de la soirée, le signalement du terroriste présumé qui serait responsable des deux opérations est rendu public : un homme d'environ 1,90 m, bien entraîné, blond, de type nordique. La police précise qu'il est "norvégien de souche", âgé de 32 ans. On découvre alors son nom, Anders Behring Breivik, et son cursus : ancien élève d'une école de commerce, un temps franc-maçon, nationaliste, conservateur, envoyant parfois des chroniques à un site islamophobe.

Sur son compte Twitter, il n'existe qu'une note datée du 17 juillet: "Une personne avec une croyance a la force de 100 000 personnes qui n'ont qu'un intérêt." Il possédait depuis deux ans une petite entreprise agricole qui, selon la police, aurait pu lui servir de couverture pour se procurer des produits chimiques servant à la fabrication d'explosifs.

Sverre Sponheim, responsable de la police norvégienne, a déclaré dans la nuit de vendredi à samedi que la police cherchait maintenant à établir si Anders Behring Breivik, interrogé depuis le début de la soirée, avait agi seul et s'il appartenait à un groupe organisé. "Il est prêt à avoir un dialogue avec la police. Il ne donne pas de motif pour l'instant", a déclaré M. Sponheim. Au cours de la nuit, le bilan devient de plus en plus effroyable : plus de 80 jeunes ont été fauchés par un Norvégien dont les sympathies vont à l'extrême droite.

Cette extrême droite norvégienne est traditionnellement assez marginale. Dans son dernier rapport sur "L'évaluation des menaces ouvertes", daté de 2011, le PST (le service de renseignement norvégien) notait que "les extrémistes de droite – et de gauche – ne constitueraient pas de menace sérieuse en 2011 pour la société norvégienne". Tout au plus le PST précisait-il que l'extrémisme de droite avait connu un léger regain d'activité en 2010, et qu'il en irait de même en 2011.

Le service de renseignement relevait tout de même des contacts entre les extrémistes de droite norvégiens et le milieu de la criminalité organisée. "Cela peut donner aux milieux d'extrême droite un accès plus facile à des armes, notait le rapport, et ainsi à un potentiel de violence plus important." »

Olivier Truc

Article paru dans l'édition du 24.07.11

b- « Plus de 70 morts dans les deux attaques en Norvège »

« La Norvège était sous le choc, samedi 23 juillet, au lendemain de la mort d'au moins 76 personnes dans deux attaques sanglantes qui se sont déroulées vendredi. "Jamais depuis la seconde guerre mondiale notre pays n'avait été frappé par un crime de cette ampleur", a déclaré samedi le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, qualifiant les attaques de "tragédie nationale".

Une grande partie de la famille royale norvégienne, le chef du gouvernement et des ministres ont rendu visite aux rescapés de la fusillade sur l'île d'Utoya. Le roi Harald de Norvège, la reine Sonja et leur fils, le prince héritier Haakon, se sont aussi rendus sur les lieux.

Un bilan toujours provisoire. La police norvégienne a revu à la baisse, lundi, à 76 morts, le bilan des deux attaques perpétrées la veille. Vendredi après-midi à Oslo, un attentat à la bombe a dévasté un quartier abritant notamment le bureau du premier ministre, qui n'était pas sur place au moment de la déflagration, faisant sept morts selon la police. Les explosifs avaient été placés dans un véhicule, a précisé le commissaire de police Sveinung Sponheim.

Peu après, un homme s'est introduit dans un rassemblement de jeunes partisans du Parti travailliste, au pouvoir, sur l'île d'Utoya près de la capitale. Déguisé en policier et prétendant vouloir s'assurer de la sécurité des participants après l'explosion d'Oslo, il a tiré sur la foule, faisant au moins 86 morts.

Le bilan pourrait encore s'aggraver. Encore "quatre ou cinq" personnes sont portées disparues sur l'île d'Utoya, a déclaré samedi la police, qui a annoncé qu'elle allait recourir à un mini-submersible pour tenter de retrouver les corps d'autres victimes éventuelles.

Un suspect inculpé. Un homme, un Norvégien "de souche" âgé de 32 ans arrêté vendredi soir après la fusillade, a été inculpé samedi pour la tuerie sur l'île mais aussi pour l'attentat à la bombe d'Oslo, a annoncé la police norvégienne. Il a reconnu avoir ouvert le feu.

Sur la base des perquisitions et des recherches effectuées notamment sur ses activités sur Internet, les enquêteurs le présentent comme un"fondamentaliste chrétien". "Il a certains traits politiques penchant vers la droite et antimusulmans mais il est trop tôt pour dire si cela a été un motif pour son geste", selon Sveinung Sponheim.

Pour les besoins de l'enquête, la police se refuse toutefois à dévoiler le nom du suspect, identifié par les médias norvégiens comme étant Anders Behring Breivik. Sur son profil sur Facebook, l'homme à la chevelure blonde mi-longue se décrit comme "conservateur", "chrétien", célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que World of Warcraft et Modern Warfare 2.

Des attaques reconstituées. L'attentat à la bombe et la fusillade apparaissent comme une attaque concertée pour frapper au cœur le royaume scandinave. La fusillade a duré "environ 1 h 30", a indiqué le commissaire Sveinung Sponheim. "Le suspect s'est rendu dès que la police est arrivée sans opposer de résistance. Aucun coup de feu n'a dû être tiré", a-t-il ajouté, précisant que l'homme avait deux armes à feu, dont une de poing. Ses motifs ne sont toujours pas connus.

Les enquêteurs tiennent le suspect responsable des deux événements mais ils n'excluent pas de nouvelles arrestations. Interrogée sur la présence éventuelle d'un deuxième tireur, que laissent supposer certains témoignages, la police a répondu qu'elle n'en était "absolument pas sûre" et qu'elle enquêtait sur ce point. »

c- Norvège : le suspect reconnaît les deux attaques

« La Norvège était toujours sous le choc, dimanche 24 juillet, deux jours après la sanglante tuerie qui a tué au moins 76 personnes

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