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Esthétique du cinéma Adele H

Étude de cas : Esthétique du cinéma Adele H. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  11 Novembre 2022  •  Étude de cas  •  1 010 Mots (5 Pages)  •  288 Vues

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PARTIEL – Esthétique du cinéma M1

Vincent Amiel

Devoir de : William Girard

Extraits de L’Histoire d’Adèle H. (François Truffaut, 1975).

        Le premier extrait du film de François Truffaut cadre dans son premier plan une lettre manuscrite - vraisemblablement celle qui sera lue par Adèle en surimpression sur la mer – et recadre par un travelling panoté cette photographie en noir et blanc du lieutenant Pinson. Ce premier plan et mouvement de caméra met en scène, dès le début de l’extrait, deux images qui semblent agir de manière autonome dans la séquence et sur la séquence. Dans le deuxième extrait, la technique de recadrage sur l’image enchâssée -  celle du miroir avec l’inscription manuscrite « Victor Hugo » - est beaucoup plus évidente puisqu’elle s’effectue par un cut. Voyons comment ces images enchâssées agissent au sein de la séquence.

        Si cette première lettre manuscrite n’est cadrée que furtivement et apparaît visuellement à peine quelques secondes, son contenu lui, le texte rédigé de la plume d’Adèle H. ou devrai-je dire Madame Pinson, sera entendu et représenté visuellement d’une toute autre manière. Cette lettre qui visuellement et intrinsèquement ne porte aucun intérêt, des lignes noires sur fond blanc fatigantes à lire sera mise en scène pas moins d’une minute plus loin, par une symphonie visuelle et sonore tout à fait originale. Succession de surimpressions superposant le visage d’Adèle lisant son texte à haute voix en s’adressant à ses parents dont nous, spectateurs, prenons le rôle, mis en scène, par un regard caméra. Nous qui connaissons la vérité, comme si elle nous mentait en toute impunité. Cette mise en scène en fond de surimpression avec la mer qui avance, ou cette carte qui se déplace – deux images exhibées, fragmentées et déplacées – illustre le voyage que parcours le courrier en bateau pour arriver jusqu’en Europe. Cette image muette, terne et immobile de la lettre posée sur le bureau se métamorphose au cours de cette séquence en un parcours audiovisuel superposant et alternant des images mobiles (les vagues qui se déplacent, la carte mouvante), colorées, et sonores (la voix d’Adèle lisant la lettre, la musique orchestrale en fond). Finalement cette image de la lettre en début d’extrait n’est pas manuscrite mais devient cinématographique. Elle n’est plus enchâssée dans l’image de cinéma mais s’insère dans le flux filmique et devient une véritable instance visuelle et narrative.

        Cette métamorphose de l’image de la lettre manuscrite entre en opposition avec l’image du miroir dans le deuxième extrait qui opère la transformation réciproque. En effet, alors que nous attendons une réponse orale à la question « Qui est votre père? », François Truffaut nous offre une réponse visuelle et muette. Il met en scène le nom du père sur cette vitre de miroir poussiéreux - perdant dès lors sa fonction usuelle qui est de refléter – à travers une écriture manuscrite. L’effet de surimpression se retrouve cependant cette fois-ci sur trois couches, une première avec l’écriture manuscrite, une seconde avec la couche de poussière et la surface du miroir et enfin une dernière qui est le reflet d’Adèle procédant à l’écriture. Ici le procédé n’est plus cinématographique et ne fait plus appel à une technique particulière mais plastique et le fruit des utilisations des éléments du cadre. Encore une fois, le discours, ici l’écriture, est dirigé vers le spectateur par un positionnement frontal de la caméra face au miroir (il s’avère même difficile pour le personnage interlocuteur de lire l’inscription sur le miroir étant donné son positionnement). Enfin si la lettre voyage à travers le film et les pays, l’inscription sur le miroir quant à elle se veut éphémère et ne perdurera que dans cet unique plan, aussitôt écrite, aussitôt effacée dans le plan suivant. C’est bien là la confrontation de deux identités qui est mise en scène entre ces deux extraits. Une identité mensongère et recherchée, celle dont elle ose prononcer fièrement le nom et se veut perdurer: Madame Pinson ; et la véritable identité d’Adèle H., cette identité qui n’existe qu’à travers le nom de son père. Cette identité qui se reflète sur elle à travers un miroir poussiéreux. Cette identité dont elle tait le nom et cherche à effacer le plus rapidement possible.

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