Fiche sur ART ET EROTISME de Stefano Zuffi
Fiche de lecture : Fiche sur ART ET EROTISME de Stefano Zuffi. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar ANGEL VY • 15 Novembre 2020 • Fiche de lecture • 2 260 Mots (10 Pages) • 753 Vues
ART ET EROTISME – Stefano Zuffi
LE XVII EME SIECLE
Une caractéristique du baroque : la création d’œuvres sacrées marquées par la même sensualité et le même érotisme que des œuvres profanes.
LE XVIII EME SIECLE
Fragonard, L’escarpolette, 1766 François Boucher, L’odalisque brune, 1745
Déf péjorative du libertin par Crébillon : lié au plaisir égoïste, la satisfaction d’une vanité propre, le triomphe d’une fantaisie au détriment de la compagne. Logique libertine qui « soumet le sentiment à la raison ».
Tournant du XVIIIe : un nu de femme n’a plus besoin d’être légitimé par des justifications bibliques et mythologiques, la représentation du nu féminin se suffit à elle-même, s’autonomise.
Fragonard, La chemise enlevée, v.1765 : présence d’un petit Cupidon, qui semble incarner la réalité étymologique même de la divinité : « ce qui enlève la chemise de cette femme est proprement le désir érotique, et non le dieu de la mythologie gréco-latine. » Watteau, La Toilette, 1717 : la place du regardeur, son inscription dans la scène par le point de vue et le regard de la femme. Symbolique du chien. Canova, La Surprise, 1789 : possible rapprochement avec La Toilette, dans le rapport de la figure au regardeur (cpt situation inverse, l’une se dévêt, l’autre se rhabille). La femme, surprise par le regard de celui qui découvre le tableau, se cache avec ses vêtements. Pourtant expression malicieuse du visage : cette situation ne semble pas lui déplaire.
LE XIX EME SIECLE Angleterre (société victorienne) et France marquées par la modération des sentiments, la sobriété, la maîtrise de soi et de ses pulsions. On peut rarement dessiner des nus d’après nature. Cpt la littérature et l’art vont répondre à cette hypocrisie bourgeoisie, mœurs de façade : c’est l’influence du romantisme.
Edouard Manet, L’Olympia, 1863 : œuvre présentée au Salon de 1865, provoque un grand scandale. Accusée comme un ensemble d’œuvres littéraires de l’époque d’ « offense à la morale publique ». La redondance de la figure féminine noire, garante d’un certain érotisme. Le pouvoir évocateur de la main cache-sexe. L’érotisme de la pantoufle à moitié enlevée. La carnation non-académique, avec plus de jaune, moins édulcorée (par ex que la Vénus de Cabanel). Le jeu de regard : implique le regardeur dans la scène, fait de nous peut-être celui qui entretient cette femme. Franchise du regard scandalise encore plus.
Francisco Goya, La Maja vêtue et La Maja nue, v.1803 : il semble que les deux œuvres aient été à l’origine superposées, avec un dispositif à ressort pour permettre le déshabillage de la figure. Thématique du voilement/dévoilement et de l’œuvre de cabinet. Pas de légitimation culturelle par la référence à une déesse ou une héroïne (A mettre en parallèle avec les photos de Pierrina Carlotto par Haviland, 1909)
Corpus d’œuvres : le nu féminin de dos : qu’est-ce qu’implique l’anonymat de la figure, le mystère procuré Puvis de Chavannes, Jeunes filles au bord de la mer, 1879 Gustave Courbet, Les Baigneuses, 1853 Ingres, La baigneuse de Valpinçon, 1808 : Baudelaire exprime : « Une des choses, selon nous, qui distingue surtout le talent de M. Ingres est l’amour de la femme. Son libertinage est sérieux et plein de conviction. M. Ingres n’est jamais si heureux ni si puissant que lorsque son génie se trouve aux prises avec les appas d’une jeune beauté. » => l’art de la suggestion, représentation d’une beauté idéale. Ingres inspirera grandement les symbolistes, dont Redon, mais aussi d’autres artistes comme Cabanel ou Gérôme.
Gérôme, Phryné devant l’Aéropage, 1861 : Réactions qui traduisent le désir refoulé, la contenance comme façade. Les visages des membres de l’Aéropages sont un reflet de ceux des bourgeois de l’époque devant l’œuvre elle-même : à la fois scandalisés et fascinés par cette représentation d’un corps sensuel, désirable, d’une blancheur éclatante. Forme de pudeur respectée par le visage caché. + Mouvement du dévoilement par l’avocat, très théâtral.
Corpus d’œuvres : le mythe de la sensualité orientale. Fascination de l’Orient, lié au mystère, à la sensualité, à l’exaltation de lourds parfums, de riches étoffes… Delacroix, La mort de Sardanapale, 1827 : l’amour voisine avec la mort, la luxure se mêle au meurtre. Position ambiguë dans laquelle on ne comprend pas si le souverain « est en train d’aimer ou de faire exécuter ses concubines ». Symbolique de la lame qui entre dans le corps des femmes, peut-être métaphore sexuelle (lecture postfreudienne). Lawrence Alma-Tadema, Dans le Tepidarium, 1881 : attributs décoratifs de l’orientalisme, objet d’apparence phallique dans la main droite, artifice de la plume qui couvre le sexe. Visage très expressif : le corps est lascif mais la bouche et les yeux semblent exprimer la jouissance. Ingres, La grande Odalisque, 1814
Paul Gauguin, Tu es jalouse ?, 1892 : l’érotisme se trouve dans l’attrait de la diversité, le goût pour la nouveauté, l’exotisme. La quête érotique de la découverte de sensations nouvelles. Séduction exercée par un monde qui est encore à découvrir. Atmosphère ambiguë : les deux femmes sont-elles des amantes ? Importance du regard, malicieux, explicite.
LE XX EME SIECLE Dès le milieu XIXème, apparition de certaines revendications paritaires et féministes qui commencent doucement à redéfinir la place de la femme (et sa représentation dans l’art), jusqu’à la révolution sexuelle des années 1960. Début XXème : prolifération et diffusion accrue du récit érotique et de la pornographie, de plus en plus ouvertement acceptés.
René Magritte, La philosophie dans le boudoir, 1947 Toulouse-Lautrec, Les deux amies, v. 1894 : rare représentation d’un homo-érotisme féminin. Rappelle Gauguin (Tu es jalouse ?) avec une femme devant, regard fixe, et l’autre de dos, ou allongée derrière. Présence de la symbolique chevelure rousse, sulfureuse. Réalisme assumé, laissant apparaitre la laideur du visage de la première femme.
Corpus d’œuvres (à compléter) : érotisme et mort, érotisme et malaise Franz von Stuck, Le Péché, 1895 : visage dans l’ombre VS blancheur surnaturelle du corps Edvard Munch, Madone, 1902 : inquiétant fœtus dans le coin de l’œuvre, cadre complété par une frise de spermatozoïdes. Traitement du sujet qui rend la femme plus inquiétante : est-elle morte ? Griffes marquées, figure réduite à ses plus simples courbes, aspirée par la noirceur du fond, blancheur morbide de la peau.
Corpus d’œuvres : l’origine du monde Marcel Duchamp, Etant donné : 1. La chute d’eau. 2. Le gaz d’éclairage, 1944-66 : position du corps féminin : évocation à L’origine du monde de Courbet de 1866. Pas de visage visible, anonymat conservé : le corps incarne la Grande Mère, la Nature, impénétrable et mystérieuse. André Masson, La Terre, 1939 Idée de la vulve comme caverne, du corps de la femme comme un ensemble de montagnes, d’aspérités et de relief qui s’élèvent et s’abaissent au rythme de la respiration. Lien entre nature, vie, et sexe féminin.
THEMES, SYMBOLES ET SIGNIFICATIONS
1 – Un certain je-ne-sais-quoi…
- Titien, Portrait de jeune fille à la pelisse et Portrait de jeune fille avec un chapeau à plumes, 1536-8 : Titien fait poser le même modèle sur deux œuvres différentes, avec la même posture, regard, composition, faisant uniquement varier les parures et les habits. Il invite le spectateur à comparer les deux versions et à choisir la plus attirante, par la puissance de suggestion des habits et accessoires. Expérience des objets qui augmentent ou non la dimension érotique, la sensualité ou le charme d’un modèle.
Les vêtements peuvent avoir une dimension sensuelle variable en fonction de la société, de l’époque, des références visuelles. CPT on observe une forme d’universalité de certains signaux du corps :
Corpus d’œuvres : la femme à la main contre la poitrine Quatre œuvres de Raphaël, Sebastiano del Piombo, un anonyme de l’école de Fontainebleau et Le Greco, toutes réalisées au XVIe entre 1513 et 1580 (voir les images). Dans les quatre : utilisation d’un fond noir neutre avec un cadrage à mi buste, qui enlève toute superficialité aux figures. La main remonte vers la poitrine : permet de tenir le vêtement mais aussi de mettre en valeur la poitrine. Le toucher de la main sur le textile évoque un stimulus tactile sensuel. Pourtant la recherche d’une « détermination scientifique de la beauté » telle qu’elle se faisait à la Renaissance est un échec : chacun des tableaux joue sur des individualités propres.
Corpus : masques, voiles, éventails et chapeaux Rubens, Le chapeau de paille, 1630 : intensité du regard renforcé par l’ombre porté du chapeau, portrait plein de vie. A mettre en parallèle avec : Rembrandt, Saskia au chapeau rouge, v.1635 : posture identique, répond à des gestes, des codes de l’époque, une mode similaire. Alexandre Roslin, Jeune femme à l’éventail, 1768 : goût du mystère.
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