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Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.

Commentaire d'oeuvre : Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  31 Mars 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 598 Mots (7 Pages)  •  495 Vues

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Commentaire d'œuvre du Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.

L'œuvre étudiée est le Psalterium Caroli Calvi ou Psalterium ad usum monasterii

Sancti Dionysii, dit Psautier de Charles le Chauve. C’est un psautier avec des enluminures

sur parchemin réalisé par Liuthard avant 869 à l’école du palais de Charles le Chauve dans

le scriptorium du palais carolingien. Il est est composé de bois de chêne, d’argent doré, de

gemmes et d’ivoire. Il mesure 24cm de hauteur et 19,5cm de largeur et comporte 173 folios

reliés. Il est conservé à la Bibliothèque nationale de France. Nous nous demanderons en

quoi cette œuvre est emblématique des psautiers enluminés et ornés de la période

médiévale. Ainsi après une description détaillée nous analyserons ce psautier dans le but de

le replacer dans son contexte historique et culturel mais aussi technique et artistique.

Le psautier de Charles le Chauve est un livre de psaume dont la reliure, d'origine, est

constituée de deux plats d'argent dorés sur des planches de chêne, décorés de pierres, de

perles et de pâtes de verre, encadrant deux plaques d'ivoire. Ces deux plaques sont

représentatives du « style Liuthard ». Les plats sont ornés de plaques d’ivoires gravées

(matériau rare et précieux dont l’usage est en plein essor à la période carolingienne) et de

gemmes serties dans des bordures en argent doré dans une orfèvrerie cloisonnée. Les

plaques d’ivoires sont décorées avec un pourtour en bas relief et des figures en haut relief.

Sur le plat supérieur, la plaque d’ivoire mesure 140 mm de hauteur et 90 mm de

large et y est sculptée une illustration du psaume 56, 5-6 dans un cadre de feuilles

d’acanthes. Divisée en quatre registres, la plaque raconte : “Mon âme [celle de David] est

couchée parmi les lions qui dévorent les fils d’Adam ; leurs dents, une lance et des flèches,

leur langue, une épée acérée. Ô Dieu, élève-toi dans les cieux !”. La bordure est en argent

doré et orné de gemmes (émeraude, calcédoine, saphirs, grenats, cristal de roche, quartz

rose, améthystes, perles fines, verres rouges, verts, bleus), de filigranes avec également

des granulations et des appliques soudées. La monture du plat supérieur est formée de

quatre plaques rectangulaires d'argent dont les bords sont repliés sur les chants de l'ais de

bois, la partie repliée sur les bords est clouée mais il y a peu de clous pour fixer les plaques

à leur support en bois. Aux angles extérieurs quatre clous d’argent doré à tête ronde ont

probablement été utilisés sur les quatres angles. Les autres fixations ne sont pas visibles.

Au plat inférieur, la plaque mesurant la même taille que la précédente est également

entourée de feuille d’acanthes et sur trois registre elle représente Nathan reprochant à David

et Bethsabée la mort d’Urie, sous forme de la parabole de l’homme riche volant la brebis de

l’homme pauvre (II Samuel 12, 4-15). La bordure d’argent est plus sobre que sur le plat

supérieur mais est également ornée de filigranes, granulations et de gemmes serties posées

en forme de fleurs.

Le montage général du psautier est d’une grande finesse puisque la plupart des

fixations sont invisibles même sous les bates. Chaque bordure est formée de plusieurs

plaques. Il y a peu de clous de réfection. Le montage des pierres est très minutieux, avec

des bandes filigranées soudées pour les maintenir et en souligner les contours ainsi que des

granulations. Certaines pierres ayant disparu, il a été constaté la présence de sable et d’un

matériau rouge, qui serait de la cire et de la brique pilée, permettant d’assurer l’assise du

montage.

Le livre est écrit dans son ensemble en lettre d’or : en onciale pour les psaumes et

en caroline minuscule pour le reste du texte. Les incipits sont écrits sur des bandes de

couleurs pourpre, les titres sont en capitale et les lettrines ornées marquent le début des

chapitres. Le manuscrit contient trois miniatures qui sont chacune accompagnée d’une

légende dorée sur un fond pourpre. Ainsi la première représente David et ses musiciens

jouant du psaltérion, des cymbales, de la cithare et des cordes, avec la légende : « Quattuor

hic socii comitantur in ordine David »; la seconde est un portrait de Charles le Chauve assis

sur un trône, tenant le globe et le sceptre et surmonté de la main de Dieu, avec la légende :

« Cum sedeat Karolus magno coronatus honore / Est Josiae similis parque Theodosio », la

troisième est un portrait de saint Jérômes, le traducteur des psaumes.

David et ses musiciens (folio 1v) Incipit Liber Psalmor. (folio 4v)

Le psautier de Charles le Chauve est donc un psautier d’une grande finesse qui

démontre une grande technique et une grande sensibilité artistique. Ainsi, ce manuscrit

interroge sur la technique mais aussi sur le contexte lié autour de sa création.

Représenté au folio 3 le destinataire du psautier est Charles le Chauve lui-même.

Petit fils de Charlemagne, son nom est évoqué plusieurs fois à la fin des litanies mais aussi

du psaume C. Il y est invoqué d’abord en compagnie de sa première femme Ermentrude

d'Orléans. En effet, la manuscrit est daté entre l’année du mariage en 842 et la mort de sa

femme en 869. Le copiste à laissé sa signature à la fin du manuscrit au folio 172 : « Hic calamus

facto Liuthardi fine quievit ». Liuthard est en effet responsable de la copie de plusieurs

manuscrits à cette même époque réalisés pour le même souverain : le Codex Aureus de

Saint-Emmeran en 870, ou des évangiles aujourd'hui conservée à Darmstadt (Landesbibliothek,

746). Des théories affirment que Liuthard est probablement l’auteur de la copie en lettre d’or, des

décorations sur le texte ainsi que des miniatures mentionnées précédemment. D’après les

litanies, le manuscrit aurait été donné par le souverain à la cathédrale Saint-Étienne de Metz

après son couronnement sur place en tant que roi de Lotharingie en 869 et au moment de la

mort d’Ermentrude. Le psautier sera conservé dans le trésor de la cathédrale jusqu’au XVIIème

siècle. D’après Etienne Baluze, il a par la suite été donné par les chanoines messins à

Jean-Baptiste Colbert en 1674. Sa collection sera acquis par la bibliothèque du roi en 1732,

ancêtre de la Bibliothèque nationale de France.

Les plaques d’ivoires révèlent une iconographie chrétienne intéressante. Aussi sur le plat

supérieur est représenté le psaume 56,5-6 qui illustre l’âme de David allongé parmi les lions qui

dévorent Adam. En effet, les psaumes 56 à 60 sont des “Mictam”. Ils

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