Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.
Commentaire d'oeuvre : Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar gwladyscharlotte • 31 Mars 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 598 Mots (7 Pages) • 478 Vues
Commentaire d'œuvre du Psautier de Charles le Chauve, IXe siècle, Latin 1152, BnF.
L'œuvre étudiée est le Psalterium Caroli Calvi ou Psalterium ad usum monasterii
Sancti Dionysii, dit Psautier de Charles le Chauve. C’est un psautier avec des enluminures
sur parchemin réalisé par Liuthard avant 869 à l’école du palais de Charles le Chauve dans
le scriptorium du palais carolingien. Il est est composé de bois de chêne, d’argent doré, de
gemmes et d’ivoire. Il mesure 24cm de hauteur et 19,5cm de largeur et comporte 173 folios
reliés. Il est conservé à la Bibliothèque nationale de France. Nous nous demanderons en
quoi cette œuvre est emblématique des psautiers enluminés et ornés de la période
médiévale. Ainsi après une description détaillée nous analyserons ce psautier dans le but de
le replacer dans son contexte historique et culturel mais aussi technique et artistique.
Le psautier de Charles le Chauve est un livre de psaume dont la reliure, d'origine, est
constituée de deux plats d'argent dorés sur des planches de chêne, décorés de pierres, de
perles et de pâtes de verre, encadrant deux plaques d'ivoire. Ces deux plaques sont
représentatives du « style Liuthard ». Les plats sont ornés de plaques d’ivoires gravées
(matériau rare et précieux dont l’usage est en plein essor à la période carolingienne) et de
gemmes serties dans des bordures en argent doré dans une orfèvrerie cloisonnée. Les
plaques d’ivoires sont décorées avec un pourtour en bas relief et des figures en haut relief.
Sur le plat supérieur, la plaque d’ivoire mesure 140 mm de hauteur et 90 mm de
large et y est sculptée une illustration du psaume 56, 5-6 dans un cadre de feuilles
d’acanthes. Divisée en quatre registres, la plaque raconte : “Mon âme [celle de David] est
couchée parmi les lions qui dévorent les fils d’Adam ; leurs dents, une lance et des flèches,
leur langue, une épée acérée. Ô Dieu, élève-toi dans les cieux !”. La bordure est en argent
doré et orné de gemmes (émeraude, calcédoine, saphirs, grenats, cristal de roche, quartz
rose, améthystes, perles fines, verres rouges, verts, bleus), de filigranes avec également
des granulations et des appliques soudées. La monture du plat supérieur est formée de
quatre plaques rectangulaires d'argent dont les bords sont repliés sur les chants de l'ais de
bois, la partie repliée sur les bords est clouée mais il y a peu de clous pour fixer les plaques
à leur support en bois. Aux angles extérieurs quatre clous d’argent doré à tête ronde ont
probablement été utilisés sur les quatres angles. Les autres fixations ne sont pas visibles.
Au plat inférieur, la plaque mesurant la même taille que la précédente est également
entourée de feuille d’acanthes et sur trois registre elle représente Nathan reprochant à David
et Bethsabée la mort d’Urie, sous forme de la parabole de l’homme riche volant la brebis de
l’homme pauvre (II Samuel 12, 4-15). La bordure d’argent est plus sobre que sur le plat
supérieur mais est également ornée de filigranes, granulations et de gemmes serties posées
en forme de fleurs.
Le montage général du psautier est d’une grande finesse puisque la plupart des
fixations sont invisibles même sous les bates. Chaque bordure est formée de plusieurs
plaques. Il y a peu de clous de réfection. Le montage des pierres est très minutieux, avec
des bandes filigranées soudées pour les maintenir et en souligner les contours ainsi que des
granulations. Certaines pierres ayant disparu, il a été constaté la présence de sable et d’un
matériau rouge, qui serait de la cire et de la brique pilée, permettant d’assurer l’assise du
montage.
Le livre est écrit dans son ensemble en lettre d’or : en onciale pour les psaumes et
en caroline minuscule pour le reste du texte. Les incipits sont écrits sur des bandes de
couleurs pourpre, les titres sont en capitale et les lettrines ornées marquent le début des
chapitres. Le manuscrit contient trois miniatures qui sont chacune accompagnée d’une
légende dorée sur un fond pourpre. Ainsi la première représente David et ses musiciens
jouant du psaltérion, des cymbales, de la cithare et des cordes, avec la légende : « Quattuor
hic socii comitantur in ordine David »; la seconde est un portrait de Charles le Chauve assis
sur un trône, tenant le globe et le sceptre et surmonté de la main de Dieu, avec la légende :
« Cum sedeat Karolus magno coronatus honore / Est Josiae similis parque Theodosio », la
troisième est un portrait de saint Jérômes, le traducteur des psaumes.
David et ses musiciens (folio 1v) Incipit Liber Psalmor. (folio 4v)
Le psautier de Charles le Chauve est donc un psautier d’une grande finesse qui
démontre une grande technique et une grande sensibilité artistique. Ainsi, ce manuscrit
interroge sur la technique mais aussi sur le contexte lié autour de sa création.
Représenté au folio 3 le destinataire du psautier est Charles le Chauve lui-même.
Petit fils de Charlemagne, son nom est évoqué plusieurs fois à la fin des litanies mais aussi
du psaume C. Il y est invoqué d’abord en compagnie de sa première femme Ermentrude
d'Orléans. En effet, la manuscrit est daté entre l’année du mariage en 842 et la mort de sa
femme en 869. Le copiste à laissé sa signature à la fin du manuscrit au folio 172 : « Hic calamus
facto Liuthardi fine quievit ». Liuthard est en effet responsable de la copie de plusieurs
manuscrits à cette même époque réalisés pour le même souverain : le Codex Aureus de
Saint-Emmeran en 870, ou des évangiles aujourd'hui conservée à Darmstadt (Landesbibliothek,
746). Des théories affirment que Liuthard est probablement l’auteur de la copie en lettre d’or, des
décorations sur le texte ainsi que des miniatures mentionnées précédemment. D’après les
litanies, le manuscrit aurait été donné par le souverain à la cathédrale Saint-Étienne de Metz
après son couronnement sur place en tant que roi de Lotharingie en 869 et au moment de la
mort d’Ermentrude. Le psautier sera conservé dans le trésor de la cathédrale jusqu’au XVIIème
siècle. D’après Etienne Baluze, il a par la suite été donné par les chanoines messins à
Jean-Baptiste Colbert en 1674. Sa collection sera acquis par la bibliothèque du roi en 1732,
ancêtre de la Bibliothèque nationale de France.
Les plaques d’ivoires révèlent une iconographie chrétienne intéressante. Aussi sur le plat
supérieur est représenté le psaume 56,5-6 qui illustre l’âme de David allongé parmi les lions qui
dévorent Adam. En effet, les psaumes 56 à 60 sont des “Mictam”. Ils
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