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R. Smithson - Asphalt Rundown

Étude de cas : R. Smithson - Asphalt Rundown. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Décembre 2021  •  Étude de cas  •  1 987 Mots (8 Pages)  •  1 011 Vues

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Robert Smithson est un artiste américain né le 2 janvier 1938 aux États-Unis dans le New Jersey. Il meurt le 20 juillet 1973 lors d'un accident d'avion dans lequel il se trouvait afin de prendre des photos d'une de ses œuvres en construction. Dés son plus jeune âge, Robert Smithson développe un attrait et une fascination particulière pour la nature. Ayant habité avec ses parents dans la ville de Clifton, il passait beaucoup de temps à l'American Museum of Natural History.

Après avoir suivi des cours de peinture et de dessin à la Art Students League of New York et à l'école du Brooklyn Museum, Robert Smithson se lance dans une carrière de peintre. Il se tourne tout d'abord vers la peinture expressionniste abstraite. Il va ensuite se tourner vers l'art minimal. Et c'est seulement à partir de 1966 qu'il décide de sortir des sentiers de l'art conventionnel pour se tourner vers un art qui utilise la nature à la fois comme support et/ou matériau.

Dans les années 60, nous sommes dans une période où les artistes ont besoin de s'émanciper des institutions muséales traditionnelles et des ateliers. Ils rejettent toutes les formes conventionnelles de l'art pour se tourner vers des mouvements avant-gardistes.

Robert Smithson devient donc un des grands fondateurs du Land Art. En 1968, il écrira d'ailleurs dans Art Forum un essai qui s'intitule A Sedimentation of the Mind: Earth Projects dans lequel il théorisera et fera la promotion du Land Art.

Avec lui, Walter de Maria, Michael Heizer, Robert Morris, piliers de ce nouveau mouvement, voulaient créer un art qui serait typiquement américain, inspiré par les grands espaces états-uniens. C'est dans cet optique que naît le Land Art.

La première exposition, qui a eu lieu en 1968 à la Dwan Gallery de New York, était appelée Earthworks ou aussi Back-to-the-Landscape. Elle marquera un tournant important dans l'émergence du mouvement.

En 1969, Robert Smithson créé une œuvre nommée Asphalt Rundown. C'est une œuvre qui marquera un tournant important dans la carrière de l'artiste. Grâce à cette dernière, nous allons voir quel message l'artiste veut-il faire passer au travers de sa pratique du Land Art ?

L’œuvre Asphalt Rundown a été réalisée en Italie, pas très loin de Rome dans un lieu appelé la Cava di Selce qui est en fait une carrière abandonnée. Le lieu est totalement désertique et très difficile d'accès. Il n'y a que très peu de plantes y poussent à cette époque et du sable à perte de vue. Le lieu est dépourvue de tout signe de vie.

C'est dans ce lieu particulier que Smithson va faire venir un camion et le placer en haut d'une colline. Sa remorque est pleine d'une étrange substance noire qu'il va laisser se déverser. Sur le flanc de la colline va donc couler, de manière totalement aléatoire, cette substance qui par la suite va se figer et donner cette espèce de sculpture.

Le matériau utilisé par Robert Smithson dans cette œuvre, qui est la première œuvre in-situ de sa carrière, est de l'asphalte. C'est un matériau assez particulier. En effet, c'est à la fois une matière qui se compose de résidus industriels mais c'est aussi une matière naturelle que l'on retrouve le plus souvent sous forme de gisements dans lesquels on a pu par exemple retrouver des animaux préhistoriques pétrifiés. L'asphalte est, en fait, une sorte de bitume, de pétrole. L'utilisation de ce matériau par l'artiste peut nous rappeler cette fascination qu'il avait pendant son enfance pour l'American Museum of Natural History.

Aujourd'hui, l’œuvre n'est plus visible, elle a été détériorée par la nature. En effet, aujourd'hui, la Cava di Selce est couverte d'une herbe verdoyante et n'a plus rien à voir avec l'état dans lequel elle se trouvait à l'époque. C'est souvent ce qui arrive pour la plupart des œuvres du Land Art. Il ne reste le plus souvent que des images photos ou vidéos, des documents d'archives qui attestent de l'existence de l’œuvre.

On peut souligner ici le clin d’œil que fait Robert Smithson au célèbre artiste Jackson Pollock et à sa pratique du dripping qu'il utilise beaucoup dans les années 1950. Jackson Pollock pose ses toiles horizontalement et applique la peinture à même le pot. On retrouve des similitudes au niveau de la coulée, de la notion de hasard mais aussi du pouvoir de l'apesanteur sur les corps et sur les choses.

Asphalt Rundown est la première œuvre de l'artiste dans le cadre du Land Art. On peut donc encore constater qu'il reste encore accroché à son passé expressionniste dans le monde de la peinture. C'est une œuvre charnière dans laquelle il transpose le geste de la peinture. La sculpture minimale qu'il a aussi beaucoup pratiquée lui a servi de tremplin pour sortir de la galerie. Il a d'ailleurs fait un croquis intitulé Asphalt on erroded cliff en 1969 qui ressemble beaucoup à Asphalt Rundown. Nous sommes donc face à une œuvre pivot dans l'appréhension de l'art pour Robert Smithson.

Au cours de mes recherches, j'ai pu constater qu'il y avait deux grandes notions qui se dégageaient distinctement au travers de cette œuvre et qui se retrouvaient dans le travail en général de l'artiste. C'est sur ces dernières que nous allons nous pencher.

La première et la plus remarquable est la notion de l'entropie. Selon le dictionnaire, l'entropie a une définition physique qui la qualifie comme « une fonction qui exprime le principe de la dégradation de l'énergie, processus exprimé par cette fonction ». Mais il y a aussi une autre définition qui est celle de l'entropie négative, aussi appelée « néguentropie » qui est une « augmentation du désordre, affaiblissement de l'ordre ». Finalement, dans l'entropie de Robert Smithson ce que l'on va retenir, ce sont les notions d'énergie et de désordre.

L'utilisation de l'asphalte pour Smithson est un moyen de capturer l'énergie. C'est une matière qui se veut être selon lui : un « piège énergétique ». Elle ramène aussi à la notion de réseau de flux puisque l'on utilise l'asphalte pour faire des routes qui permettent de se déplacer. L'asphalte est aussi une énergie fossile qui est, en quelque sorte, dégradée quand elle se solidifie au contact de l'air et de l'humidité.

On peut aussi voir le côté entropique d'Asphalt Rundown avec les moyen utilisés afin de la mettre en place. Si Smithson utilise un camion avec une remorque ici, on a pu aussi le voir œuvré avec des moyens mécaniques et des appareils de chantier dans d'autres œuvres comme par exemple Spiral Jetty en 1970. Ce sont des moyens de construction mais aussi de destruction puisque ces engins sont capables de détruire tout sur leur passage, y compris la nature et ainsi y perturber l'ordre naturel des choses, voire le détruire.

C'est finalement la même chose pour l'asphalte qu'il utilise, puisque même si c'est une matière de prime à bord naturelle, il ne faut pas oublier qu'elle reste aussi un élément chimique et industriel très puissant et polluant. La notion d'entropie est donc également présente à travers ce matériau ambigu.

Le choix du site où se trouve l’œuvre est également un facteur très important dans la compréhension de la présence de l'entropie dans le travail de Robert Smithson. Dans cette œuvre et dans son travail en général, on remarque que l'artiste a tendance à investir des lieux

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