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Rebecca

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ns cette adaptation cinématographique de Rebecca, j'ai choisit d'accorder une importance primordiale au personnage de Mrs Danvers, qui a un traitement particulier, souvent par contraste avec l'héroïne : la nouvelle Mrs de Winter. Nous signalerons ici, qu'Hitchcock a repris le procédé de Daphné du Maurier qui est celui de ne pas donner de nom à cette jeune fille, alors que le nom de Rebecca est partout, dans le titre, dans le film à travers le personnage de Mrs Danvers qui entretient le souvenir de Rebecca, à travers Manderley qui est rempli de sa présence, à travers les R brodés partout,... Mon analyse se construit sur deux scènes que j'ai choisi, celle de la rencontre entre la nouvelle Mrs de Winter et Mrs Danvers, puis sur celle de la fin de Mrs de Winter dans les flammes de Manderley, et qui sera enrichie que quelques plans intéressant sur ces deux personnages et qui m'ont paru essentielles à leurs caractérisations. J'essaierai d'analyser par quels moyens Hitchcock reste le plus fidèle au roman de du Maurier, tout en y mettant sa signature (bien qu'il ne revendique pas la paternité de cette oeuvre), et si l'on peut remarquer des différences importantes entre l'écrit de du Maurier et les choix d'Hitchcock.

Dès la première scène de rencontre entre la jeune mariée nouvellement Mrs de Winter et la servante Mrs Danvers, le malaise s'installe. En premier lieu, la caméra étant subjective, et du point de vu de Mrs de Winter, le spectateur peut s'identifier à elle et ressentir alors ce sentiment d'oppression qui la gagne quand elle se retrouve devant cette marée de serviteurs, se sentiment d'identification se retrouve aussi dans le roman car la narratrice est Mrs de Winter elle-même, ce qui la rend donc plus proche du lecteur grâce au point de vu interne. Ici avec un champ/contre-champ, Hitchcock rend bien l'atmosphère qu'avait créé Daphné du Maurier dans son roman. En effet voici le début du texte que traduit cette séquence d'Hitchcock : « et là, en vagues alignées les unes derrière les autres, débordant dans les couloirs de pierre et dans la salle à manger, une mer de visage aux bouches ouvertes, me regardant, comme une foule autour d'un échafaud, moi la victime aux mains liées. » Hitchcock rend cette impression de marrée humaine par un plan de demi-ensemble, dans lequel les personnages sont nombreux et serrés.

Image 1 Image 2

En effet, nous pouvons voir (image 2) que les personnages sont serrés et qu'ils semblent même ne pas tenir dans le cadre comme dans la description du roman : « alignées les unes derrière les autres, débordant dans les couloirs de pierre et dans la salle à manger ». La première image correspond à la surprise de Mrs de Winter de voir autant de monde l'observer : « me regardant, comme une foule autour d'un échafaud, moi la victime aux mains liées. », on peut donc ici bien sentir son malaise qui est à la fois présent dans le roman et dans le film, à travers les différents procédés que nous venons de voir, car son arrivée est obstruée. Cette « installation » du décor met en scène l'arrivée de Mrs Danvers, qui semble surgir de nul part car elle n'est pas présente dans le plan sur les serviteurs (image 2).

L'apparition de Mrs de Winter est particulière. En effet, elle est hors champ (image 2), et semble comme venir de nul part (image 3 ). « Quelqu'un se détacha de cette mer humaine, une personne grande et maigre, vêtue de noir mat, et dont les pompettes saillantes et les grands yeux creux lui faisaient une tête de mort d'un blanc de parchemin. » Cette description de Mrs de Winter dans le roman est plutôt bien reproduite dans le film.

Image 3 Image 4

L'étrangeté de sa description dans le roman est rendu par une insistance sur son apparition dans le film. En effet on peut voir qu'elle entre par le côté gauche du cadre (image 3 ) pour finir par venir au milieu du cadre et le remplir presque entièrement de sa présence comme une sorte de puissance (image 4 ). La tenue et la coupe de cheveux sévère correspondent bien à la description qu'en fait du Maurier à travers la narratrice Mrs de Winter. Ces vêtements noirs comme ceux d'un deuil, le teint blanc comme une revenante, tout est présent pour rendre ce personnage effrayant, « une tête de mort d'un blanc de parchemin ». Il s'en suit un champ/contre-champ de quatre plans (image 5 et 6 comme exemple) entre Mrs de Winter qui est ruisselante, gênée, et Mrs Danvers qui tranche par sa droiture et sa fixité; alors que Mrs de Winter esquisse un mouvement pour s'essuyer le visage (image 5), Mrs Danvers reste impassible, imperturbable, plus figée qu'une image (image6).

Image 5 Image 6

Cet échange pourrait apparaître comme une adaptation particulière de la poignée de main qui est décrite dans le roman comme suit : « Elle vint à moi et je lui tendis la main, enviant son air de dignité, mais lorsqu'elle prit ma main je sentis la sienne molle et lourde, d'un froid mortel, posée sur mes doigts comme un objet inanimé » puis plus loin « elle se mit à parler, laissant cette main morte dans le mienne, ses yeux cernés ne quittant pas les miens qui au bout d'un instant, voulurent fuir mais alors sa main s'agita dans la mienne, la vie y revint, et j'éprouvai une sensation de malaise et de honte ». Ce qui m'invite à penser que c'est cette partie de la rencontre entre les deux femmes qu'Hitchcock retranscrit par ce champ/contre-champ plutôt tendu, c'est d'une part du fait de l'étendu même de ces deux passages qui est plutôt long et qui installe ainsi le sentiment de malaise, et d'autre part qu'en dehors de la poignée de main, tout ce qui est écrit se ressent dans ce qu'en a fait Hitchcock (le sentiment d'inanimé retranscrit par la fixité du personnage, le regard qui ne se détourne pas pour Mrs Danvers et qui semble vouloir fuir pour Mrs de Winter). Le trouble est vraiment présent chez Mrs de Winter car elle en fait même tomber sa paire de gant, qui va introduire une scène très importante qui va montrer que la relation entre dominant et dominé est inversée entre Mrs de Winter et Mrs Danvers.

Image 7 Image 8

Image 9

Cette séquence est particulièrement intéressante car nous pouvons voir, dans un premier temps que la caméra est toujours subjective mais cette fois ci du point de vu de Mrs Danvers (image 7) qui sonne comme un air de reproche à l'imperfection et la maladresse de Mrs de Winter, ce que l'on retrouve dans le roman dans ces mots : « laissant tomber mes gants, dans ma confusion. Elle se baissa pour les ramasser, et quand elle me les tendit, je vis un petit sourire de mépris sur ses lèvres et je compris immédiatement qu'elle ne me trouvait pas à la hauteur de ma situation. Puis dans un second temps, l'intérêt se porte sur le fait qu'elles descendent toutes les deux en même temps pour ramasser les gants (image 8), ce qui montre clairement que Mrs de Winter n'assure pas et ne pourra pas assurer son rôle de maîtresse de maison. C'est donc ici que l'on peut voir que la place du dominé et du dominant sont inversés, ce qui se confirme encore plus quand Mrs de Winter est plus petite et plus « ramassée » que Mrs danvers qui se tient droite (image 9), on pourrait interpréter cette image comme un signe de soumission de la part de Mrs de Winter envers Mrs Danvers. Mrs de Winter est sauvée dans le roman par le discours de remerciement de son mari et dans le film par l'invitation de son mari à venir prendre le thé (image 10), cependant la transition avec la séquence suivante va nous permettre de voir que l'échange étrange entre les deux femmes ne fait que commencé, ce qui est présent dans le roman par le sentiment qu'à Mrs de Winter : « Quelque chose dans son expression me donnait un sentiment d'inquiétude, et même quand elle eut été reprendre sa place parmi les autres je continuais à distinguer cette silhouette noire du reste de la foule, et, malgré son silence, je savais que ces yeux ne me quittaient pas. ».

Image 10 Image 11

Image 12 Image 13 Image 14

Nous allons pouvoir remarquer qu'ici la transition a un rôle primordial et est une façon original de représenter en images les sentiments et ressentiments qui sont décrits dans le roman par la narratrice à son propre sujet (que nous avons cité ci-dessus). La transition commence à mon avis au mouvement de caméra (travelling avant- fin du mouvement (image11)) qui permet de fixer son attention sur le personnage de Mrs Danvers. La transition s'effectue par un fondu enchaîné entre Mrs Danvers (image 12) et la pendule (image 13), puis avec ce même fondu entre la pendule et la chambre de Mrs de Winter (image 14), dans laquelle est se trouve avec une femme. L'image de la pendule est importante, elle peut être interpréter comme une sorte de compte à rebourd de ce que va faire endurer Mrs Danvers à Mrs de Winter jusqu'à temps que l'une des deux finissent par faire un acte de folie (en l'occurrence Mrs Danvers en mettant le feu à Manderley, dans le film).

Nous allons, après cette analyse de la séquence de la première rencontre entre Mrs de Winter et Mrs

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