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Sidi Larbi Cherkaoui

Dissertation : Sidi Larbi Cherkaoui. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Mars 2017  •  Dissertation  •  3 155 Mots (13 Pages)  •  1 038 Vues

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Sidi Larbi Cherkaoui

Chorégraphe et danseur

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Sabine Garcin Lassaigne

3ème Année

2016-2017


Introduction

« difficile, chacun le sait, presque impossible, d’exprimer la beauté d’un geste artistique lorsqu’il nous a touché » Nicolas Roméas, le jeu de l être.

Caroline Millet « L’œuvre d’art devient un objet de transfert, le spectateur s’allonge sur le canapé imaginaire que l’artiste n’occupe plus. Vous pensiez que l’artiste était quelqu’un qui vous racontait des histoires. Pris au piège qu’il vous tend, vous vous rendez compte que c’est vous qui projetez vos histoires »

J’ai été ce soir-là comme une petite fille qui voit pour la première fois un feu d’artifice.

Temps arrêté, émerveillée, moments d’intensité émotionnelle plus puissants que je n’avais jamais éprouvé en assistant à un spectacle de danse, sans que je sois capable d’identifier la nature de cette intensité, j’étais juste transportée par une force qui me faisait visiter des mondes qui me remplissaient.  L’extrême délicatesse, la poésie archaïque de l’alliance de la musique et des mouvements, la grâce de l’instant suspendu pendant tout un spectacle. Il n’y avait plus de public, j’étais avec eux, dans eux je « vivais » le spectacle et ne le regardais pas.

Je suis sortie j’étais dans un état d’élévation et de sensation d’apesanteur, je ne pouvais pas arrêter de sourire, tout me semblait différent, des envies des désirs jaillissaient dans ma tête, qui était comme libérée, nue, vierge, nouvelle. Une énergie extraordinaire me traversait, tout devenait possible, ouvert.

Ma sensibilité a été touchée à un tel point qu’après ce spectacle je n’étais plus la même, j’ai vécu grâce à Sidi Larbi Cherkaoui une transformation. Comme si pendant ce temps puis un peu après, tout était en place, beau dans le sens de magique, grand, profond, juste…

Une force vive, ondoyante, millénaire, archaïque, éternelle, spirituelle, puissante m’a traversé.

Une phrase de Cherkaoui, dans laquelle il parle de Pina Bausch et de Bruce Lee, paradoxalement, illustre bien ce qui transpire de ses œuvres : « Il y a une certaine innocence dans la manière dont ces 2 artistes abordent leur art. Je pense que la vraie sagesse, celle qui s’impose naturellement, s’apparente à un retour à l’innocence ».

Je citerais une phrase de Bruce Lee qui correspond bien à la création et à la danse de Cherkaoui « Il faut être comme l’eau, car elle trouve son chemin, elle peut couler, jaillir, percuter, être versée…»

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  1. Partageons nos mondes.

« Quand mon monde rencontre le monde de l’autre : la création qui en résulte n’est ni de mon monde ni du sien mais d’un monde nouveau créé à nous deux ».

« Pour moi, le spectacle est une conversation, ni plus ni moins »

Il apprend de l’autre en restant dans sa sensibilité propre. (profs qui trouvaient que c’était bien mais jamais tout à fait ce qu’ils avaient montré). Dans ses multiples collaborations, il se nourrit de, se laisse traverser et transformer par cette pratique, et tout ce qu’elle amène avec elle (histoire, culture, origine… ex Shantala).

Pour lui l‘harmonie est une illusion, après la symbiose vient le moment où l’on apprend à cohabiter simplement dans le monde, ce qui est déjà bien.

« Aucun pays n’est éternel, tout n’est qu’histoires, croisades, schismes et mythes. Il n’y a pas un islam. Dans un pays d’Afrique, les femmes islamiques se retrouvent seins nus, alors que dans un autre elles portent le tchadni … »

D’où vient cette immense acceptation de la différence ?

Biographie

Il est bon élève et sage mais marocain => ne serait-il pas un peu voleur ?

Il est très gentil agréable bien élevé mais homosexuel => n’aurait-il pas un problème quand même ?

  • A toujours été confronté à cette schématisation de la société dans laquelle il n’était jamais comme il fallait jusqu’au bout

A cœur de partager son monde avec les autres, le leur rendre lisible, et aussi curieux et avide de découvertes de nouveaux monde.

Multiples associations avec divers artistes ou non artistes…

Et surtout, avec une infinie délicatesse, un profond respect du monde de l’autre, sans doute grâce à cette difficulté première à être reconnu comme une personne valable avec son monde riche et beau, aussi par sa différence.

  • Les moines Shaolin avec lesquels il a travaillé dans le spectacle SUTRA ont déclaré qu’il était parmi les seuls artistes à n’avoir pas réduit leur art au côté acrobatique et pittoresque, mais à avoir su intégrer les moines dans son spectacle en embrassant l’ensemble de la symbolique, et en leur laissant « être eux même» sur scène, sans les contraindre et chercher à les faire entrer dans son monde. (ex : pas super « carré », spiritualité…).

« Dans les spectacles, je suis égoïste, je m’entoure des gens dont j’ai envie d’apprendre ».

Il sait ainsi se glisser dans le monde de l’autre et redevenir soi-même. Développer une empathie extrême, une forme de transparence aussi, qui lui permet de porter les masques des personnes qui l’entourent.

Collaborations intéressantes à évoquer :

  • Handicapés . spectacle OOK

« Ainsi il a pu arriver que l’art propose une remise en question de la conception du soin et du social, ainsi il a pu arriver que certaines conceptions du soin ou du social remettent en question certaines conceptions de l’art »Collectif, Des théâtres de l’Autre.

Dans Ook et Foi, participation d’un acteur trisomique, Marc Wagemans, issu de la troupe d’handicapés professionnelle « theater stap ». Ook avec la troupe.

Sidi Larbi Cherkaoui, qui avoue avoir trouvé un équilibre intellectuel, mais toujours être à la recherche d’un équilibre émotionnel, est séduit lors de sa rencontre avec le theater stap par la clarté émotionnelle de la troupe. Ces acteurs sont directement connectés à leurs émotions les plus pures, les plus justes. Une manière d’être au dessus des codes sociaux et du paraitre. Ces acteurs privilégient l’attitude avant le mot, ce qui parle à Cherkaoui, et leur transparence émotionnelle se traduit par le geste. Par cette expérience, Sidi Larbi Cherkaoui découvre son propre handicap pour se faire comprendre auprès d’eux, qui est le plus handicapé pour communiquer ? Il est « bluffé’ par leur force de vie, particulièrement par l’une des actrices handicapées qui parvenait à être heureuse malgré la mort récente de sa mère « Comment font ils pour être, malgré leur histoire personnelle ? Ils ont une telle force de survie ! ». Sidi Larbi Cherkaoui évoque un lien direct entre l’énergie donnée et le bonheur reçu « il n’y a pas de souci de retour, le retour est automatique »

Un autre chorégraphe Autrichien (Renato Zanella), dit encore « il leur faut un peu de sentient, de sensation, de ce que l’on leur donne vient du cœur, et ça ça fait des miracles »

Et je terminerai ce focus par une phrase de Jean Luc Godard « les marges, c’est ce qui fait tenir la page »

Dans le spectacle de Cherkaoui, l’interprète handicapé est présent sans exhibitionnisme, en dehors de toute approche caricaturale. La vulnérabilité sert un propos général autour des différences et de la violence humaine, sans tomber dans la sacralisation « comme chez Grotowski, où le fou du village prend la figure de la figure du christ ».

Sidi Larbi Cherkaoui aime particulièrement le mot Flamand qui définit les personnes handicapées : « andersvalied », qui ne veut pas dire moins valide mais « valide autrement ».

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  1. L’éclectisme et la liberté.

Bagage éclectique : il a débuté comme danseur dans des émissions de variété (imitation de Mickael Jackson), puis travaille avec une compagnie de hip hop, une compagnie de modern jazz. Il entreprend des études de danse au PARTS à Bruxelles (Directrice, Theresa de Keersmaeker) se laissant particulièrement traverser par l’approche de William Forsythe (influence notamment de Pina Baush), Pin Bausch et Trisha Brown. Il suit un stage de théâtre, ainsi que des cours de sociologie. Il passe également quelques temps à New York pour se former au Broadway Danse Center.

Dans ses différentes propositions artistiques, il a signé la chorégraphie d’un défilé de mode dansé en 1997 pour la styliste Belge Sarah Corijnen.

En 1995, il gagne le prix du meilleur solo en Belgique au concours créé par Alain Platel, ce qui l’amène à travailler avec Alain Platel avec lequel il va connaître un succès international (spectacle Iets op Bach). Il part ensuite en tourne avec Alain Platel pendant 3 ans tout en créant ses premiers spectacles, Atame et Fatalidad. Sa carrière est lancée.

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