Etude de Libération, quotidien généraliste
Étude de cas : Etude de Libération, quotidien généraliste. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Elise Augustynen • 6 Novembre 2016 • Étude de cas • 2 176 Mots (9 Pages) • 1 095 Vues
Créé en 1973, Libération a fêté en 2013 ses quarante ans de journalisme. Quotidien généraliste, il embrasse tous les sujets de l’actualité nationale ou internationale, politique ou économique, culturelle ou futuriste. Média d’opinion, il suscite également polémiques et contestations. A l’époque de Sartre et July, Libération est situé à l’extrême gauche. Aujourd’hui, influencé par la gauche sociale-démocrate, il s’engage sur les plans politique et social. Par ailleurs, le journal doit se réinventer face à la crise médiatique, aux mutations des habitudes et à l’essor des nouvelles technologies. Depuis quelques années, comme le reste de la presse écrite le journal perd des parts de marché et voit ses équipes diminuer. Le défi des journalistes est de taille. Ils doivent résister à la pression des actionnaires, tout en trouvant un modèle économique fiable. Ils refusent aussi de voir leur rédaction transformée en réseau social ou en espace culturel. Comment Libération tente de se renouveler tant dans son contenu que dans sa forme ?
I Un journal engagé politiquement et socialement qui créé polémique.
A) Une ligne éditoriale discutée
Depuis le retour du directeur de la rédaction Laurent Joffrin en 2006, Libération se déclare comme étant la « maison commune des gauches, où toutes les sensibilités doivent se retrouver » . « Derrière cette expression, il y a l’affirmation d’un chantier ambitieux : faire vivre au-delà du seul Parti socialiste les débats qui agitent, secouent, fracturent, réconcilient toute la gauche ». La gauche est plurielle et n’hésite pas à s’invectiver sur la scène publique. Valls recadre Macron, Aubry demande une réorientation de la politique économique, Hidalgo dénonce le » terrible bilan » du quinquennat d’Hollande et Mélenchon déverse sa colère à chaque intervention médiatique ou manifestation de la CGT.
A l’image du parti, les journalistes de Libération débattent et s’opposent, sans que cela n’ait néanmoins de répercussions au sein des pages du journal. Ou du moins dans une moindre mesure. Prenons l’exemple de la construction européenne ou de l’économie de marché : Libération est attaché à cet idéal d’union des nations ainsi qu’au libre-échange et à l’économie de marché. De quoi faire frémir le parti communiste ou la force ouvrière, qui prônent un anticapitalisme.. Pour autant, certains membres de la rédaction restent fédéralistes. Or, cette confrontation idéologique des journalistes ne se retrouvent pas dans les pages du quotidien. Grégoire Biseau le regrette. Le journal ne peut en effet, être porteur d’une voix unifiée. Le parti pris de la rédaction fait donc polémique. Libération est-il un journal trop radical ou trop mou ? Trop conciliant ou trop critique ? Trop gauchiste ou trop social-libéral ? Toutes ces critiques sont certes contradictoires, mais elles mettent en lumière les différents problèmes que subit la rédaction. Son défi n’est donc pas « d’asséner une ligne éditoriale mais, au contraire, de creuser les différences tout en les expertisant et les confrontant ».
B) Des sujets à « cautions, débats, alternatives », des unes polémiques, des articles qui déçoivent.
Ainsi, en tant que média d’opinion, Libération n’échappe pas au flot de critiques. Politiciens, groupes médiatiques concurrents ou lecteurs reviennent régulièrement sur les unes provocatrices de Libération ainsi que sur les sujets tabous ou conflictuels. Au sein de la société, « tout est sujet à caution, débats ou alternatives », que ce soit sur les problématiques socio-économiques, géopolitiques ou environnementales. Il attise les houles de la droite, notamment en 2007 et 2008 où le quotidien remettait en cause les actions de l’ex chef d’état Nicolas Sarkozy (« Impôt sur la fortune : le soupçon » ; « Casse-toi pauvre con »). Récemment, Libération s’engage en faveur du mouvement Nuit Debout, qui divise la gauche et la droite.
Par ailleurs, il déçoit aussi ceux qui ont créé l’image de marque de Libération. Certains regrettent, comme Philipe Gravi, le Libération des années 1980, où les idées de Sartre baignaient encore dans les couloirs de la rédaction. Selon lui, le quotidien s’est banalisé, oubliant ses racines et ce qui fit sa puissance et son originalité. La critique est de nouveau paradoxale. Libération : journal polémique ou politiquement trop correct ? Le débat reste ouvert.
C) Un journal conscient des enjeux sociétaux, défenseur des libertés et des minorités.
Dans le contexte qui est le nôtre, où la croissance peine à rester positive, où le taux de chômage atteint des records, où la lutte contre le terrorisme fait rage, l’actualité est incontestablement perturbée. L’Etat-providence s’essouffle, la mondialisation est de plus en plus rejetée, les inégalités se creusent, le pays souffre d’une fracture socio-identitaire. Les enjeux sociétaux et les questions sociales ont d’autant leur place au sein des éditoriaux et des articles du quotidien.
Libération se revendique toujours comme un défenseur des libertés et des minorités, même si cela est moins perceptible qu’à sa création. Dans sa charte, il précise : « Libération n'est pas neutre. Il prend chaque jour le parti du citoyen et de ses droits contre toute forme d'injustice et de discrimination, individuelle ou collective. » Par conséquent ses articles dénoncent racisme, xénophobie, homophobie et conservatisme. Ils mettent aussi en lumière les abus patronaux , prônent l’égalité des sexes et reviennent sur les questions d’immigration et d’inégalités sociales. Ainsi Libération s’engage en faveur du mariage pour tous en 2012 et défend la place des femmes en 2016. Parmi toutes ces unes symboliques, se trouve aussi celle du 9 février 2014 « Nous sommes au 21ème siècle : souvent sans boulot, souvent sans argent quand on a un boulot, friands d’espaces à vivre de plus de 9m², avec un mobile, comme seule possession, et trois mois de visibilité, exploités ou ignorés. On aimerait bien avoir un journal de gauche qui nous défende.
II Le règne de la culture et de l’image
A) Une grande place accordée aux articles culturels
Libération accorde une grande place aux articles culturels au sein de son journal. Tous les arts sont représentés : cinématographie, musique, danse, photographie, arts plastiques, littérature, jeux vidéo… Le journal tient également des carnets de voyages, proposent des lectures au public et remplacent la publicité traditionnelle en dernière page par le portrait d’une personnalité publique. Chaque premier du mois, il est également possible d’acheter Next Libération, un magazine dédié à la mode et à la culture, qui est souvent négligée en temps de crise. Elle retrouve ainsi toute son importance tant dans le journal lui-même que sur le site web de Libération.
Certaines éditions sont davantage placées sous le signe de la culture, à l’exemple de celle du 16 novembre 2015. Sous l’appellation de « Génération Bataclan », la rédaction a dressé le portrait des victimes des attaques terroristes : de jeunes gens, festifs, ouverts et cosmopolites. Frédéric Worms, professeur de philosophie à l’Ecole normale supérieure a rédigé un article passionnant. Il montre toute la portée intellectuelle que peut atteindre un simple quotidien.
B) L’image au cœur de l’information
L’image occupe une place importante au sein du journal, que ce soit au niveau de sa une que de ses articles. Certaines couvertures ont marqué les esprits. Le 5 octobre 2008 au moment de l’élection de Barack Obama, le vendredi 7 octobre 2011 à la suite de la mort de Steve Jobs ou encore le 8 janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo. Pages noires, dégradés de couleurs, images en page entière, phrases chocs, jeux de police et de lumière, Libération attire l’œil en kiosque, suscite la curiosité du public, choque. Véritable stratégie de marketing, la une permet surtout d’adresser un message clair et vif à son lectorat. Conscient de ses atouts, le journal publie la veille au soir la une du lendemain et est diffusée parallèlement sur les réseaux sociaux. Vitrine de l’édition, cela permet déjà de convaincre de potentiels lecteurs.
Les photographies sont intégrées à l’information, dans le contenu même du journal. Dans certaines éditions, elles constituent les trois quarts voire l’intégralité d’une page. Ce ne sont pas de simples
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