Introduction à la sociologie
Cours : Introduction à la sociologie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Antoine Bayart • 4 Novembre 2015 • Cours • 7 404 Mots (30 Pages) • 1 094 Vues
LECON 1 :
QU'EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE ? A QUOI SERT-T'ELLE?
C'est une science particulière car les objets d'étude sont des objet sociaux / humains, et concernent les relations humaines.
La science : ensemble de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d'objets (…) qui obéissent à des lois (une cause crée nécessairement une conséquence) et qui se vérifient par des méthodes expérimentales.
F. LORDON : rôle des affects dans la société? On agit sans rationaliser les choses
La science se doit de créer des lois qui se vérifient par des expérimentations. Échange entre la théorie et la pratique.
Les sciences humaines (et sociales) sont bien des sciences, mais pas construites sur le même modèle que les sciences physiques ou naturelles, elles sont parcourues par de multiples paradigmes qui peuvent faire penser à une désorganisation des sciences humaines, mais qui en réalité permettent leur richesse.
Le mot 'Sociologie' a été inventé par Auguste COMTE (philosophe). Du latin socio-logos : science de la société, logique. La sociologie est une discipline assez jeune à l'époque et prise en étau entre d'autres disciplines déjà existantes : les sciences 'dures' et la philosophie / histoire.
Robert NISBET dans La tradition sociologique (1966) situe l'âge d'or de la sociologie entre 1830 et 1900, période où elle est vue en tant que science (c'est l’institutionnalisation), et querelles entre les sociologues.
Raymond AARON : « Les sociologues ne sont d'accord entre eux que sur un point : la difficulté à définir la sociologie. »
Ainsi , pourquoi la sociologie est-elle perçue comme une science?
Pour le sens commun : est moderne ce qui est scientifique.
Le scientifique est du coté de celui qui a raison, et la science apporte la connaissance et le pouvoir. Idée de progrès humain par rapport au progrès scientifique.
Lorsque la science se développe, elle semble le faire au détriment d'autre choses, et au détriment des croyances (religieuses). Il y a donc un phénomène de 'sécularisation' (perte d'emprise des explications du monde). Les sciences sont multiples, en réalité elles sont imbriquées les une dans les autres.
→ Quels liens entre elles ?
Normalement, toute connaissance scientifique se construit contre l'évidence.
Gaston BACHELARD : « La science se construit contre l'évidence ». C'est la philosophie du 'Non'.
Toute démarche scientifique doit commencer par un non, il y a donc une idée de construction dans la science. L'Homme doit alors construire ses sciences, donc toutes les sciences sont humaines car crées par l'Homme.
Est-ce que la science n'apporte QUE du progrès humain?
Le même développement scientifique a permis aujourd'hui à l'humanité de créer les capacités technologiques de sa propre destruction. Mais tous progrès scientifique ne semble pas être du progrès humain.
Ulrich BECK dans La société du risque dénonce le paradoxe des sociétés modernes : il y a toujours de plus en plus de progrès scientifique pour se sentir en sécurité. Mais en réalité, ce progrès crée du risque et l'insécurité.
1. LE DEVELOPPEMENT SCIENTIFIQUE : UN LONG FLEUVE PAS TRES TRANQUILLE
A. LA SOIOLOGIE OU L'ETUDE DE LA MODERNITE ET DU CHANGEMENT SOCIAL
Pas de date précise de la naissance de la sociologie, mais il y a des instabilités début 19ème , dues à la révolution industrielle : bouleversement économique (urbanisation croissante), politique et démographique (vagues d'immigration), donc contexte de changement social rapide.
Avec la concentration urbaine, plus les individus se regroupent, plus les liens sociaux sont impersonnels et marchands. Création des premiers 'laboratoires' sociologiques en Amérique.
Face à ces changements, les réponses des premiers sociologues vont être opposées.
Il y a ceux plutôt conservateurs qui regrettent les changements, tel que :
- Frédéric LE PLAY qui parle de la transformation de la famille souche (grands-parents / parents / enfants) à la famille nucléaire (parents / enfants).
- Ferdinand TONNIES : De la communauté à la société (1987). Tout le monde se connaît, inter-contrôle entre individus, le lien social se dégrade et il n'y a plus de solidarité.
C'est dans la pratique aussi grâce à de nouveaux instruments de lecture de réalité que se met en place la sociologie.
- Laurent MUCCHIELLI : La découverte du social : la sociologie apparaît grâce à des instruments techniques et statistiques.
- Le rapport VILLERME (1840) : situation des classes laborieuses.
→ Création d'une nouvelle condition sociale (ouvrière), la pauvreté est de plus en plus vue comme un problème de société et non individuel.
B. VOYAGE AU COEUR DES « QUERELLES DE METHODE »
Comment faire de la science ?
→ Opposition superficielle entre idéalisme et matérialisme (déjà du temps de Platon et Aristote).
→ Est-ce que le monde des idées est premier ? Doté d'une existence propre? Ou au contraire est-ce la matière qui est première et qui génère des idées / théories?
- Platon (idéaliste) : Il existe des formes parfaites qui préexistent à l'expérience. Le monde des idées (Logos) a une réalité supérieure au monde sensible (au matérialisme). Le monde sensible est en partie illusoire car nous sommes tout le temps perpétué par nos sens.
- Aristote et Marx (matérialistes) : La réalité matérielle existe indépendamment de la pensée. Marx : « Le mouvement de la pensée n'est que réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'Homme.
Au 18ème siècle, le matérialisme se développe sous l'effet du recul de l'idéalisme religieux. Adoption de la théorie du reflet : la pensée n'est que le reflet passif de la réalité matérielle.
→ opposition entre empirisme et rationalisme.
- Descartes (rationaliste) : Seul la raison peut fonder les connaissances. Elles ne peuvent provenir de nos sens, car l'accès au 'vrai' ne se fait que par la pensée logique et non par le corps (l'essence).
- Francis BACON , John LOCK et David HUME (empiristes): la connaissance naît des perceptions, dans un primat des faits. Le débat se porte sur l'opposition de l'inductivisme (du terrain aux généralités, tirer une théorie d'une étude de terrain) et de l'hypothético-déductivisme.
Ces oppositions sont politiques (intellectuellement parlant), mais la réalité de la production scientifique se fait dans un entre-deux.
→ opposition science de la nature / science de l'esprit
William DILTHEY : affirme l'existence d'une coupure radicale entre sciences naturelles et sciences de l'esprit (humaines). L'objet d'étude est différent, et ça fait que les 2 sciences ne peuvent pas vraiment se comparer car les objets étudiés sont extérieurs aux chercheurs, donc le discours objectif est possible.
Dans les sciences de l'esprit, le chercheur est forcément en interaction avec son objet, donc on ne peut distinguer les jugements de fait et de valeur. → C'est une posture critiquable car elle peut amener à un relativisme absolu et dangereux.
Position critiquée par BOURDIEU, DASSERON et CHAMBOREDON : même ceux qui font des sciences dures ont des rapports particuliers avec leur objet d'étude. Pour eux les sciences sont des sciences, sans clivage dures / humaines. Les discours scientifiques se portent sur le sens commun, du discours des évidences.
C. DE LA SOCIOLOGIE A LA SCIENCE, A LA SOCIOLOGIE DES SCIENCES.
Auguste COMTE (1798 – 1857) : La sociologie doit devenir la meilleure science. Il adopte une vision positiviste ou évolutionniste. Toute société doit passer par 3 états intellectuels :
- Une pensée théologique où les explications religieuses dominent.
- Une pensée métaphysique : détachement du religieux.
- Une pensée positive, logique, scientifique, matérialiste.
→ Classification des sciences : de la plus simple à la plus complexe : Maths, Physique, Biologie, sciences Humaines, Sociologie.
Le positivisme de A.COMTE mène à des dérives : frontière fragile entre positivisme et scientisme (faire en sorte que la science soit une nouvelle religion. Croyance générale voire totalitaire pouvant amener à la destruction de l'Homme lui-même).
Aussi des dérives politico-religieuses ou sécuritaires (Georges ORWELL 1984).
Émile DURKHEIM (1858 – 1917) : père fondateur de la sociologie Française. Lors de la fondation de la 3ème république on cherche à massifier l'école et à faire rentrer de plus en plus de gens à l'université en leur donnant la possibilité d'étudier.
...