L'Assommoir
Mémoires Gratuits : L'Assommoir. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresest un mouvement littéraire qui prolonge le réalisme et qui s'attache à peindre la réalité[->1] en s'appuyant sur un travail de documentation minutieuse et en s'inspirant des sciences expérimentales[->2].
Dans ce passage de l'Assommoir, septième roman d'Emile Zola de la fresque des Rougon-Macquart paru en 1877, Zola met en scène une protagoniste, Gervaise, qui est aussi l'héroïne misérable au destin tragique du roman.
L'examen de cet extrait de texte tiré du roman « l’assommoir » portera d'abord sur l'écriture naturaliste puis sur le pathétique du passage.
Zola, tout au long de cet extrait de l’Assommoir, nous livre une scène avec un point de vue omniscient et nous révèle les pensées intimes de Gervaise. D’une écriture extérieure et insensible, l’écrivain ne donne pas son point de vue et reste impassible. Dépourvu d’émotions devant le déroulé de cette scène Zola nous dévoile la descente aux enfers d’une femme prostituée et dépendante à l’alcool. Cependant, on devine la tourmente de cette femme, tiraillée entre pulsion de vie et pulsion de mort. Zola dérange en mettant en scène deux sujets tabous de l’époque que sont l’alcoolisme et la prostitution. Ces deux déviances sont toujours des sujets sensibles à notre époque. Nous observons un champ lexical corporel avec « cheveux » « cœur » « ventre » « jambes » et « bras » venant s’opposer à la noirceur morbide présente dans le texte. En effet, ces quelques membres traduisent encore une infime étincelle de pulsion de vie chez ces femmes. A contrario, la pulsion de mort est omniprésente. Un champ lexical inanimé tels que « immobiles, raidies, glacé » cherche à étouffer le peu de souffle de vie présent dans le texte. Zola nous plante ici la caricature d’un décor d’agonie. Une palette de couleurs sombres, nous livre un univers glauque dans une atmosphère emplie de noirceur ou l’on sent la présence de la faucheuse de la mort. Les personnages sont décris sous deux modes : l’immobilité de l’arbre pour les personnages déjà morts ou la lenteur dans les déplacements pour ceux dont la mort approche.
Ce texte nous bouleverse, nous chavire par le pathétique de la condition humaine de Gervaise : « L’homme nait pour souffrir comme l’étincelle pour voler » telle fut la réponse d’Eliplihaz de Théman à Job. Ainsi, cela traduit le bilan d’une vie noire marquée par le destin tragique de l’héroïne (par jeu de mot à la substance stupéfiante). Cette poudre, illusion de l’oubli, permet à Gervaise d’accéder au souffle de vie en consommant de « l’eau de vie ». Quel étrange paradoxe que de rapprocher la mort à l’eau de vie ! C’est donc une image tronquée qui pousse Gervaise à s’oublier en se rapprochant d’un Thanatos très présent dans son parcours de vie et dans son hérédité. Le noir symbolise ce désespoir et se renforce par la nuit omniprésente dans ce texte. On peut percevoir une dépression de la protagoniste aspirée par la mort mais disposant d’un souffle de vie « l’Eros » l’empêchant de passer à l’acte et de disparaître.
« Mektoub », peut-être que ce terme d’origine Musulman résume à lui seul l’itinéraire de vie d’un destin tracé, en l’occurrence, celui de Gervaise. Ainsi, combattre ou se révolter contre la condition humaine, n’est-ce pas mission impossible ? C’est peut-être l’intention de Zola à travers ce texte et principalement l’hérédité des Rougon Macquart. Frappé d’impossible de bonheur, cette famille semble payer le prix d’un écart de conduite d’un ancêtre ? Par ironie, ne peut-on pas rapprocher l’isolement de ce parcours maudit à celui des enseignants, et principalement des professeurs qui s’épuisent à transmettre des sensations subtiles à des élèves désabusés ? En conclusion, Freud dans une citation dit « tant que l’homme souffre, il peut encore faire son chemin » , c’est peut-être cette attente d’un bonheur inespéré
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