L'art ne s'adresse-t-il qu'à nos sens ?
Dissertation : L'art ne s'adresse-t-il qu'à nos sens ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar clem.dubois • 10 Mai 2020 • Dissertation • 1 851 Mots (8 Pages) • 2 358 Vues
PHILOSOPHIE - Terminale STMG
L’art ne s’adresse-t-il qu’à nos sens ?
Introduction :
Définition de l’art : ensemble des oeuvres humaines qui n’ont pas avant tout une finalité utilitaire mais esthétique
Contrairement à la majorité des créations humaines qui ont comme finalité la satisfaction d’un besoin, l’art s’adresse à la contemplation.
Problématisation du problème : La notion d’art est très généralement liée à celle des beaux-arts, nouant directement un lien entre la beauté et l’oeuvre. En effet, dans son histoire l’art a toujours été marqué par sa recherche de la beauté, de l’esthétique visuelle ou encore de l’émotion. Il semble évident de penser que l’art ne s’adresse qu’à nos sens, en effet on ne peut imaginer une oeuvre d’art qui ne sollicite pas l’usage de nos sens, c’est à dire qui ne soit ni auditive, ni visuelle, ni tactile, ni gustative. Comment apprécier une oeuvre si on ne peut la “sentir” ? De plus, une oeuvre d’art s’adresse aussi à nos sens de manière plus réfléchie, sous la forme de sentiments éprouvés, d’émotions ressenties. Toutefois il serait réducteur de dire que l’art ne fait pas réfléchir au sens intellectuel, qu’une fois la perception de l’oeuvre terminée on ne tire rien d’une oeuvre, aucun enseignement, aucune rétroaction dépassant le domaine propre du sensible. L’art est également connu pour faire passer des messages, pour permettre d’exprimer ces idées. Alors, l’art ne s’adresse-t-il vraiment qu’à nos sens comme le laisse croire le précepte bien connu ? L’artiste lors de la création de son oeuvre n’a-t-il que la quête du beau en tête ? Le spectateur s’arrête-t-il à l’agréable lors de son appréciation de l’oeuvre Nous nous demanderons donc ….
Problématiques possibles : L’art ne se limite-t-il qu’à la quête de l’esthétique ?
La visée de l’art s’arrête-t-elle au “beau” ?
L’art n’existe-t-il que pour ses qualités esthétiques ?
Plan détaillé :
L’oeuvre d’art, un appel direct aux sens
L’art comme vecteur de beauté
Dans un premier temps il paraît évident que l’art s’adresse à nos sens. En effet, lors de sa création, l’oeuvre d’art est réalisée pour être esthétique, belle, plaisante, agréable. Cela est vrai pour les oeuvres visuelles comme auditives, réalistes ou abstraites. Hume décrivait la beauté comme une caractéristique de certains objets concrets qui “réjouissent nos organes sensoriels”. Devant la beauté d’une oeuvre il est donc normal de ressentir des sentiments diverses liés à la beauté de celle-ci et au plaisir éprouvé lors de sa contemplation. En outre, il a été prouvé scientifiquement que la contemplation d’une oeuvre d’art ou l’écoute d’une musique produit dans notre corps de la dopamine, la même hormone générée lorsque l’on est amoureux. L’art permettrait donc à l’Homme de mettre en accord ses sens et sa raison et lors de ce “libre accord des facultés” (Aristote), de ressentir un plaisir esthétique ou auditif.
Cette recherche de la beauté pour aiguiser les sens se retrouvent dans les vocations de certains courants artistiques tels que le classicisme, un courant dans lequel “rien n’est beau que le vrai” (Boileau). Les artistes appartenant à ce courant cherchent à recréer dans leurs oeuvres une beauté objective et réelle qui rappelle la beauté du monde. L’artiste serait donc un technicien qui copie le beau déjà présent dans le cosmos. Le mot cosmos en grec désigne d’ailleurs à la fois le monde et le beau.
Selon d’autres courants de philosophie auxquels appartient par exemple Kant, le travail de l’artiste consiste à ajouter du beau à la nature au travers de sa propre interprétation. “L’art est la belle représentation d’une chose et non la représentation d’une chose belle” - Kant
Dans les deux cas, la finalité est la même : l’art cherche à atteindre une beauté telle qu’elle pourrait stimuler les sens humains, que ce soit en copiant le réel ou en y apportant sa propre vision.
Au-delà de la beauté, l’utilisation de la laideur et la recherche du sublime
Même si cela représente la grande majorité des oeuvres, l’art ne s’adresse pas aux sens qu’au travers de la beauté. Dans certains cas, l’artiste cherche à exploiter les sens au delà du simple plaisir auditif ou visuel. On peut par exemple penser à des oeuvres évoquant la tristesse ou la douleur. Ici, l’objectif n’est plus de satisfaire le spectateur mais de lui créer des émotions, de le submerger de sentiments bien différents. Ainsi l’art peut susciter des vertiges, de la pitié, de la peur, de la tristesse, de l’angoisse, du dégoût, de la colère…
Les sens peuvent donc être déclenchés par un autre vecteur que la beauté, notamment par la laideur. C’est le cas pour le poème Une charogne, de Charles Baudelaire, qui invoque tous les sens par la description d’un cadavre en décomposition. Ici, il est question de repenser l’esthétique, de l’appliquer à des sujets inhabituels afin de questionner le spectateur, de l’inviter à une expérience sensorielle et cognitive. Il ne s’agit pas d’un appel à la beauté mais d’une quête de l’originalité dans la figuration artistique pour éprouver des sentiments nouveaux provoqués en quelque sorte par le goût du dégoût.
Ce même type de sensation est provoquée par l’art sublime. Ce type d’oeuvre fait appel aux sens dans un mélange de plaisir et de sérieux. L’art est ici transcendant, il est le médiateur d’un retour sur soi. Face à un poème sur l’Enfer par exemple, l’Homme est amené à se remettre en question, à réaliser qu’il n’est rien par sa force ou sa taille face à l’immensité de l’extérieur. L’artiste fait ici appel à des sens nouveaux, des émotions jamais ressenties auparavant. Devant ce type d’oeuvre, le spectateur est invité à réfléchir sur sa destination, sur son essence.
L’art fait donc bien appel aux sens, au travers de la beauté, ou d’autres sentiments plus profonds tels que la laideur ou le sublime qui mêlent douleur, tristesse et incertitudes.
Néanmoins, ce n’est pas la seule aspiration de l’art. Ce dernier peut également être une fin au service de moyens divers.
L’art comme dépassement de la simple quête esthétique
L’art instrumentalisé
Tout d’abord, l’art peut être instrumentalisé au service d’une cause. Il devient ainsi un messager, un vecteur d’une idée quelconque. L’art peut porter un message, viser un enseignement du spectateur. Cette instrumentalisation peut être un choix pleinement assumé de l’artiste mais dans un sens négatif cela peut également évoquer un détournement d’oeuvres au services d’intérêts tels que la propagande politique.
On peut tout d’abord s’appuyer sur l’art sacré qui, au-delà de l’appréciation esthétique, vise la pédagogie religieuse ou sacrée. C’est le cas des peintures des grottes de Lascaux ou encore des vitraux des églises permettant aux fidèles d’apprendre la vie du Christ. L’art transcende donc sa première approche
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