Malherbe

quatrains de Michel de Nostredame:

Ce qui vivra et n’ayant aucun sens

Viendra leser à mort son artifice...

On peut suivre le fil qui va de Mallarmé à Lycophron : il passe certainement par Malherbe.

Non que Malherbe cherche à se faire obscur. D’ailleurs il ne l’est pas ; mais la rigueur du verbe alliée à la précision quasi horlogère de la métrique donne à ce poème comme à tant d’autres un caractère monumental.

Dessein de quitter une Dame (Beauté, mon beau souci…)

Commentaire

De l’art de faire quelque chose avec pas grand’chose... On ne saurait en effet trouver prétexte plus convenu. Mais voilà :

Beauté, mon beau soucy ...

Et nous oublions volontiers qu’il s’agissait d’une beauté, pour y voir la Beauté.

Pourquoi pas ? Une lecture qui n’est pas plus mauvaise qu’une autre, après tout. La poésie, qui est l’acmé de la littérature, ne nous dit rien: c’est par nous et en nous qu’elle parle.

On peut certes voir là quelque chose comme un

Aboli bibelot d’inanité sonore...

cher à Mallarmé - mais quoi ! dans notre époque de rendement et d’efficacité, un peu d’inutile donne de l’air.

Et pour jouer sur une expression à la mode aujourd’hui : qui contestera que Malherbe ne se montre ici un « bon professionnel » ?

Consolation À Monsieur Du Périer

Commentaire

Introduction :

Le titre de cette poème est « Consolation à Monsieur Du Périer », et a été écrit en 1607 par François de Malherbe (1555-1628). Cet auteur du classicisme, qui base ses poèmes sur la rigueur et la bienséance, a notamment réformé la langue française de façon singulière.

Ce poème appartient à la poésie lyrique (thème de la mort). L'auteur écrit à son ami Du Périer car il vient de perdre sa fille de cinq ans. Malherbe, qui lui aussi a perdu deux garçons en bas âge, décide de lui écrire en s'inspirant du philosophe stoïcien Sénèque.

Nous allons essayer de voir comment François de Malherbe se montre sensible à la douleur humaine. Nous verrons d'abord comment l'auteur parle de la mort, d'une façon abstraite et d'une autre concrète. Ensuite, nous étudierons comment Malherbe tente de consoler un homme touché par la mort.

I- Deux morts différentes

A/ Une mort «fantastique»

- évocation de la mort atténuée par des euphémismes : « au tombeau disparu », « terminer sa carrière », « le pire destin », « elle a vécu ».

- évocation d'un paradis : « Maison céleste »

- utilisation de références mythologiques : « aussitôt que la Parque », « Ôte l'âme du corps », « la barque ».

- utilisation d'images adoucissantes pour désigner la fille : « Une rose », « où les plus belles des choses ». Il la compare à une jolie rose qui fane le lendemain de sa floraison.

B/ Une mort réaliste

- évocation réaliste de la mort : « tombeau disparu », « commun trépas », « cheveux blancs », « plus vieille », « poussière funeste », « vers du cercueil ».

- champ lexical de la mort : douleur, tombeau, trépas, carrière, cercueil, morts

→ Contradiction entre les deux morts perçues par l'auteur, opposition abstrait/réel.

II- Consolation d'un homme attristé par la mort

A/ L'homme et la mort

- Du Périer souffre beaucoup : champ lexical de la souffrance « douleur, tristes, malheur, peine, funeste, mort »

Commentaire Stances à Marquise

Introduction : Poème écrit par le dramaturge classique Corneille (XVIIème siècle), pour Thérèse Du Parc, comédienne de la troupe de Molière très courtisée, et que l'on surnommait « Marquise ».

1) Le poème traite du carpe Diem :

- thèmes traditionnels : la beauté (la rose : signe de la beauté + motif récurrent du Carpe Diem) ; le temps qui passe (métaphore de la rose qui fane + emploi du futur)

- s'adresse à une femme (« Marquise »)

- se termine par un conseil à l'impératif, sorte de morale de Carpe Diem (« Pensez-y »)

2) Sa structure :

- 1ère partie = 3 premiers quatrains : Le poète effraie Marquise (le temps attaque la beauté physique)

- 2ème partie= quatrains n°4 à 7 : Le poète célèbre sa propre gloire ; immortalité du poète contre beauté éphémère

- 3ème partie = 2 derniers quatrains : Conseil de Carpe Diem

3) Représentation du temps qui passe :

- la rose qui se fane v. 7 + front ridé v. 8 = ravages du temps sur les...

Corneille était un auteur épicurien du XVI° siècle, Stances à marquise est un de ses poème écrit en 1658 qui évoque bien cette notion de Carpe Diem. Il l’écrit à 52 ans à une femme de 26 ans pour l’inviter à la courtoisie et lui présenter le pouvoir du poète et des poèmes. Nous allons ainsi étudier, dans un premier temps comment Corneille évoque la fuite du temps, puis l’immortalité du poète et de ses poèmes, et pour finir comment il invite la Marquise par le chantage.

Le thème de la fuite du temps est d’abord