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Réforme De l'Enseignement Au Maroc

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vement du processus de démocratisation de l’Etat, promotion des droits de l’Homme Alors que l’enseignement doit être la tête de pont de «la révolution tranquille» que connaît le pays, il a accumulé autant de retards dans la mise en œuvre de sa propre réforme.

Ainsi, SM le Roi, a procédé dans son discours à un profond travail de recadrage qualifiant la réforme de l’enseignement de «chantier décisif». «On ne saurait assurer un avenir pour les générations montantes sans s’armer de courage et de hardiesse pour prendre à bras le corps les problèmes de ce secteur et traiter ses carences», a annoncé le Souverain, en réaffirmant «la même volonté et la même détermination pour veiller, avec toute l’attention voulue, à la mise en œuvre optimale de la réforme de ce chantier». Une volonté qui dénote de l’intérêt majeur que représente le secteur de l’enseignement, considéré à juste titre comme la locomotive de tout développement escompté.

SM le Roi a donné un contenu à cette volonté en révélant un certain nombre de mesures à appliquer pour obtenir les résultats souhaités : renforcer la bonne gouvernance, trouver des solutions objectives aux questions en suspens, avec, au premier chef, la problématique du financement, la rationalisation de la gestion des ressources, les langues d’enseignement, la modernisation des programmes et des manuels scolaires, la focalisation sur l’alphabétisation. Une véritable feuille de route destinée à réhabiliter l’école publique, au même titre que l’enseignement privé, dans le strict respect du principe d’égalité des chances.

I - L’ENSEIGNEMENT AU MAROC

A) ETAT DES LIEUX ET « L’ECHEC »

Aujourd’hui au Maroc, un million et demi d’enfants ne vont pas à l’école et 225 000 quittent le primaire chaque année. Sur 100 enfants inscrits au primaire, seulement 13 ont des chances d’obtenir leur baccalauréat ! Le système scolaire marocain est en pleine crise et malgré des efforts, le taux d’analphabétisme était encore de 34% en 2008. Que dire d’autre du système de l’éducation nationale, si ce n’est que tout est à revoir! Les participants à la conférence-débat organisée le mardi 15 janvier 2008 au centre Links à la faculté de droit de Casablanca, autour du thème «L’école marocaine face aux défis de l’efficacité et de la qualité», l’ont bien constaté.

D’après Monsieur Akhchichine, même si l’accès à l’école a été généralisé pour les tranches d’âge de 6 à 11 ans (jusqu’à 100% dans certaines villes comme Casablanca, Rabat et Marrakech), les taux vont en s’amenuisant au fur et à mesure que l’on avance dans les tranches d’âge. De 12 à 14 ans, par exemple, le taux passe à 74,5%. De 15 à 17 ans à 48%, et de 19 à 23 ans à seulement 12%. Alors que dans d’autres pays ce dernier taux est bien plus élevé. Il est de 36% en Tunisie, de 24% en Algérie et de 43% en Europe. Ce qui est bien sûr révélateur de dysfonctionnements liés au passage d’un niveau scolaire à un autre, à relever et à traiter. Les chiffres liés à l’abandon et à l’échec scolaires sont, pour leur part, assez inquiétants. Le taux «moyen» de redoublement au primaire est de 13% (jusqu’à 20% dans certaines régions), de plus de 16% au collège, et de 17% au lycée. Concernant l’abandon scolaire, le constat est amer. Plus de 380.000 enfants ont quitté l’école avant l’âge de 15 ans en 2006.

Près de 40% des élèves ne terminent pas leurs études primaires. Ce qui veut dire que des centaines de milliers d’enfants restent livrés à eux mêmes durant des années, sans avoir aucun statut au sein de la société. Dans les milieux ruraux, ces enfants sont en majorité exploités dans des travaux agricoles non rémunérés. En matière d’éducation, un rapport de la Banque Mondiale classait le Royaume au 11ème rang, huit crans en dessous de la Tunisie et 3 rangs plus loin que l’Algérie.

Il y a 10 ans, l'Etat marocain avait lancé en octobre 1999, une Charte nationale de l’Education et de la Formation qui avait suscité de grands espoirs. Son but avoué était de réformer le système éducatif pour « offrir aux enfants du Maroc les conditions nécessaires à leur éveil et à leur épanouissement ». Cette Charte a permis une certaine évolution : 86% des Marocains sont officiellement scolarisés, et la parité garçons/filles serait atteinte, tous cycles confondus.

Selon une étude menée dans le cadre du programme «Enseignement pour tous», seuls 16% des élèves de la 4e année du primaire maîtrisent les connaissances de base dans toutes les matières enseignées. Cela veut dire que plus de 80% de ces élèves ne comprennent pas ce qu’on leur enseigne! Dans certaines villes, ce taux est catastrophique. À Ifrane par exemple, il n’est que de 0,7%. Cette même catégorie d’élèves à même été classée dernière, par une étude internationale portant sur 25 pays (TIMSS[2]-2003), en mathématiques, et 24e en sciences. Les élèves du collège ont, quant à eux été classés 40e, sur 45 pays testés. Plus de la moitié d’entre eux (sur un total de 3.000) n’ont pas obtenu la note de référence la plus basse. Une autre étude (PIRLS[3] 2006) a également fait état d’une «honte internationale». En lecture, les élèves de 4e année du primaire sont classés 43e sur 45 pays traités, en 4e année, plus de 80% n'assimilent pas leurs cours. À peine un quart d’entre eux a atteint le niveau minimum requis pour le test PIRLS. De quoi donner des sueurs froides; quelles seraient alors les raisons profondes de ces résultats décriés par tout le monde ?

B) LES CAUSES DE L’ECHEC

Le mal lui était apparu si profond que Feu SM Hassan II avait pratiquement délivré, en mars 1999, un certificat de décès à l’éducation nationale : « Le système éducatif actuel, conçu pour répondre aux nécessités urgentes, apparues au lendemain de l’indépendance, avait-il tranché, a épuisé son objet. » Son impératif devenait désormais « de bâtir un nouveau système éducatif à même de faire face aux défis du prochain siècle ». Le défunt Souverain en confia la charge à la Commission spéciale éducation Formation. Dès son avènement, SM Mohammed VI confirma la COSEF[4] dans sa mission en faisant d’une réforme du système, « gérée de manière rigoureuse, centrée sur des objectifs déterminés », une priorité nationale juste après l’intégrité territoriale, tout en lui fixant un échéancier précis. Après la formation de la commission, force est de constater que l’on est encore loin du résultat escompté.

La COSEF a auditionné, disséqué, diagnostiqué, déduit... Elle a pu ainsi élaborer aux fins de la réforme une Charte nationale. Et on ne peut pas dire que les principes fondamentaux ainsi que les espaces de rénovations et leviers de changement qu’elle a déclinés manquaient de pertinence ou d’intentions louables. D’où cette question si simple et si vitale : pourquoi alors on en est encore là ? Il en découle une autre question : A quand remonte réellement le début de l’échec d’un enseignement qui, malgré ses imperfections, a pendant un temps fourni au Maroc ses meilleurs cadres ?

Plusieurs facteurs sont en jeu, mais un trio infernal va dans les années soixante-dix s’abattre sur le système éducatif du pays ; la marocanisation, l’arabisation, les dysfonctionnements structurels. Elles constitueront avec quelques facteurs secondaires, le corps du délit qui va donner lieu, malgré lui, à toutes les déviances.

1°) La politique d’Arabisation : Enjeu d’un débat intérieur très dense, l’arabisation ne peut être intrinsèquement incriminée. L’illogisme de sa mise en œuvre vient plutôt de la brutalité de l’ici et maintenant avec laquelle elle a été appliquée. La réussite de pareille reconversion supposait la préexistence de trois maîtrises chez le « convertisseur » : celle de la matière à convertir, celle de la langue d’origine de cette matière et celle de sa langue de réception. L’approche aurait dû en même temps œuvrer pour la consolidation de l’enseignement des langues de la recherche à savoir l’anglais et accessoirement, pour des raisons historiques, le français.

Afin de réaliser un tel objectif, l’état a arabisé l’enseignement comme on traduirait un acte notarial. Pour certains, la question linguistique est à la base de la médiocrité de l’enseignement. En effet, depuis les années 1970, le Maroc a opté pour une politique d’arabisation de l’ensemble du système scolaire, tandis que le français reste la langue d’enseignement à l’université. Beaucoup d’étudiants ne pouvant suivre les cours dans cette langue sont contraints d’arrêter leurs études. Selon certaines opinions, l’arabisation n’aurait fait alors que creuser les inégalités.

2°) La Marocanisation : la mise en place d’une arabisation improvisée a été précédée par la marocanisation de l’enseignement. L’une comme l’autre répondaient naturellement à une revendication politique mal assimilée, mais la marocanisation était aussi forcée par le désengagement de la France qui avait entamé le rapatriement de ses coopérants, encouragée, semble-t-il à l’époque, par le FMI[5] qui estimait le temps arrivé pour les pays récemment décolonisés de se prendre entièrement en charge. Et là où il aurait dû avoir négociation d’un plan de substitution étalé dans le temps, le Maroc

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