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Dissertation sur le Scandale de Panama

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Par   •  13 Janvier 2017  •  Dissertation  •  3 426 Mots (14 Pages)  •  1 447 Vues

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Le scandale de Panama

        En 1892, durant la III république, une affaire politico-financière éclate au plein jour. Une affaire qui vient éclabousser la réputation d’hommes politiques et industriels: une affaire couramment appelé le scandale de Panama.

Un scandale qui n’est ni le premier et dernier que connaît la troisième république puisque ce scandale vient se rajouter à une succession de crise que connaît le régime tel que le scandale des décorations en 1887, les tentatives du général boulanger, ou encore la crise économique de 1880. On retrouve toutefois une mécanique du scandale assez « traditionnelle » c'est-à-dire l’instrumentalisation du tapage provoqué dans l’opinion par les détracteurs et les « insatisfaits » du régime. Le contexte dans lequel aussi éclate le scandale du Panama, c’est-à-dire l’entrée dans une année électorale, va particulièrement déchaîner les « idéologies » politiques et sociales, qui tentent de saisir l’opportunité offerte, et va faire du scandale le point de départ d’un renouveau politique.

Qu’est ce vraiment le scandale de Panama et quel conséquences celui-ci aura t-il sur la vie politique de la troisième république?

Nous verrons dans une premier temps l’origine du scandale et ses révélations multiples, puis dans une deuxième partie nous verrons comment ce scandale va être instrumentalisé et donc avoir pour conséquence de raviver des idéologies et enfin pour finir nous aborderons les conséquences sur la vie politique française.

I)Le scandale et ses révélations multiples :

A) Aux origines du scandale:

En 1879, Ferdinand de Lesseps est choisi par un comité international pour lancer le projet de percement de l'isthme de Panamá : il doit relier l'océan Atlantique à l'océan Pacifique par l'Amérique centrale. L'objectif est que les bateaux évitent de contourner l'Amérique du Sud. Ferdinand de Lesseps envisage un canal long de 75 km, similaire au canal de Suez. La construction doit coûter 600 millions de francs. La Compagnie universelle du canal interocéanique de Panamá est alors créée. Les travaux débutent en 1881 et rencontrent plusieurs difficultés. Beaucoup d'ouvriers meurent suite à des épidémies de malaria et de fièvre jaune. Beaucoup d'accidents de terrain sont dus à la difficulté de traverser la cordillère montagneuse qui longe l'isthme. Les travaux sont plus coûteux que prévus. Du coup, les investisseurs préfèrent se retirer. Lesseps doit alors demander une souscription publique pour financer son projet. Une partie de ces fonds fut utilisée par le banquier juif Jacques de Reinach pour soudoyer des journalistes et obtenir illégalement le soutien de personnalités politiques. Celui ci devient, en 1886, responsable de la publicité de la Compagnie universelle de Panama. Reinach s'associe aussi avec Cornelius Herz, un docteur et homme d’affaire juif qui fréquence des cercles politiques et qui est lié avec George Clémenceau dont il finance le journal «la justice». Avec l’influence de Herz, Reinach lance donc une campagne pour encourager les petits épargnants à investir dans la société en s'appuyant sur les contacts dans la presse et dans la politique, puis il entreprend d'influencer les députés pour obtenir leur appui lors du vote d’une loi autorisant la Compagnie du canal de Panama à émettre un emprunt à lots remboursables (une loterie récompensant certains épargnants). Il s'appuie aussi pour cela sur un homme de confiance, Émile Arton un courtier et homme d’affaire juif, qui n'hésite pas à distribuer des pots-de-vin à des parlementaires qu’on nommera plus tard «les chequar. L'opération porte ses fruits : la loi est finalement votée en juin 1888, mais il est trop tard et en décembre de la même année la Compagnie du canal de Panama dépose son bilan.  La Compagnie fut mise en liquidation : 85 000 souscripteurs, petits épargnants pour la plupart, étaient ruinés. Faillite qui portait sur une somme colossale : un milliard trois cent millions de francs (presque la moitié du budget annuel de l’État). Actionnaires et obligataires portèrent plainte

B) Éclatement de l’affaire:

Le 6 septembre 1892, Édouard Drumont, journaliste antisémite et antiparlementaire qui avait reçu des documents confidentiels de Reinach, révéla le scandale dans son quotidien La Libre Parole. Incarcéré du 3 novembre 1892 au 3 février 1893 à la prison de Sainte-Pélagie pour une autre affaire, il révéla un à un, depuis sa cellule, les noms des politiciens et journalistes corrompus et révéla les mécanismes de l'escroquerie. Le 19 novembre, le journal La Cocarde dévoile le nom d'autres hommes politiques dont notamment Charles Floquet, président de la Chambre.

L'affaire fit grand bruit : le baron de Reinach fut retrouvé mort le 19 novembre (suicide) et Cornelius Herz s'enfuit en Angleterre où il échappe à la justice.

Le 21 novembre 1892, au lendemain de la découverte du corps de Reinach, la presse se déchaîna contre les “chéquards” et les “panamistes”, et le député nationaliste Jules Delahaye dénonça à la tribune de la Chambre les compromissions de la classe politique.

Une commission d'enquête fut alors créée. Le ministre de l'Intérieur, Émile Loubet, démissionna ; le ministre des Finances, Maurice Rouvier, fut mis en cause, ainsi entre autres que l'ancien ministre de Gambetta Antonin Proust et Georges Clemenceau qui en perdit le 5 septembre 1893 son siège de député du Var. En tout, ce sont 104 parlementaires qui auraient touché des sommes entre 1 000 et 300 000 francs.

C) Procés

Le scandale déboucha finalement sur deux nouveaux procès (au début 1893): l’un aboutit à des peines de prison contre certains administrateurs de la Compagnie (dont Lesseps et Eiffel). Ferdinand de Lesseps, Gustave Eiffel et leurs associés sont condamnés à 5 ans de prison, mais échappèrent à la prison grâce à un vice de forme. Charles de Lesseps, fils de Ferdinand, fut condamné à la même peine que son père, et écopa dans un autre procès d'une condamnation à un an de prison pour corruption. Condamné le 9 février 1893 par la Cour d'appel de Paris à deux années de prison et 20 000 francs d'amende, Gustave Eiffel fut finalement réhabilité par une enquête qui montrait qu'il n'était pas impliqué dans les malversations, le 15 juin 1893 par la Cour de cassation. ; en revanche, le procès contre les parlementaires soupçonnés de corruption n’aboutit qu’à la condamnation d’un lampiste, le naïf Baïhaut (par sa condamnation à cinq ans de prison, ancien ministre des travaux publics), seul à avoir avoué. L’acquittement des autres accusés fit scandale.  . La presse fut épargné par les procés mais passé le premier temps des effets salutaires du dévoilement des opérations politico-financières de la compagnie, les lecteurs des quotidiens d’information vont découvrir un aspect plus gênant de l’aventure du canal : la corruption et la vénalité de la presse française. Celle-ci aurait reçu de « 12 à 13 millions sur les 22 consacrées par Panama à sa publicité ». Si le « vampirisme » du 4ème pouvoir frappe moins l’opinion que celle de la corruption des parlementaires (sur laquelle insistèrent les journaux), il n’en reste pas moins qu’avec Panama, la presse « est éclaboussée puis recouverte d’un manteau d’infamie dont elle aura bien du mal à se débarrasser » (Yves Mollier). « Acteur et victime du drame, la presse risquait de subir les contrecoups de ses enquêtes » !!

        À Panamá, l’effacement des Français profita aux Américains. En novembre 1902, ils provoquèrent la sécession de la province de Panamá, qui se sépara d’une Colombie en pleine guerre civile, et se firent attribuer pour quatre-vingt dixneuf ans une bande de part et d’autre du futur canal. Les travaux commencèrent en 1904, et le canal (à écluses) fut inauguré en 1914.  Peu à peu cependant, “le Panamá” ou “le scandale des chèques”, comme on disait, s’apaisa faute d’éléments nouveaux ; la vie politique retrouva sa médiocrité et sa léthargie, d’autant que l’expansion économique revint à partir de 1896.


        
II) Une instrumentalisation du scandale qui à pour conséquence de réanimés des idéologies:

A) Des réminiscences boulangistes

 

        L'ombre du général Boulanger plane encore très fortement sur le monde politique car le souvenir de la crise a été marquant. Le scandale le révèle : Rouvier et Floquet, tous deux impliqués vont jusqu’à justifier la corruption par la nécessité de lutter à l’époque contre le boulangisme. Quelques années auparavant, pour combattre la candidature du général les deux hommes avaient contractés des dettes et accepté l'aide financière d'un Reinach pour les rembourser...

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