Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolutions. La dimension politique de la guerre : des conglits interétatiques aux enjeux transnationaux
Cours : Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolutions. La dimension politique de la guerre : des conglits interétatiques aux enjeux transnationaux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar navi2134 • 9 Janvier 2024 • Cours • 2 647 Mots (11 Pages) • 245 Vues
Lycée Blaise Pascal Spécialité HGGSP
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THEME II - FAIRE LA GUERRE, FAIRE LA PAIX : FORMES DE CONFLITS ET MODES DE RESOLUTION.
AXE 1 – LA DIMENSION POLITIQUE DE LA GUERRE : DES CONFLITS INTERETATIQUES AUX ENJEUX TRANSNATIONAUX
Jalon I – La guerre, « continuation de la politique par d’autres moyens »
Guerre absolue/guerre réelle
Montrer la remise en question du rationalisme des Lumières. Cf Kant : l’idée que la guerre n’est pas rationnelle. + R. Aron = la guerre sera toujours contenue par la raison humaine (« paix improbable, guerre impossible »)
Guerre absolue (un concept) = la guerre est un duel entre deux adversaires : « chacun cherche, en employant sa force physique, à ce que l’autre exécute sa volonté ; son but immédiat est de terrasser l’adversaire et de le rendre incapable de toute résistance. La guerre est un acte de violence pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté ». → La guerre porte en elle « la montée aux extrêmes » qui conduit à l’anéantissement de l’ennemi.
On parle de « guerre idéale » (idéal-type qui va permettre d’identifier les gradations de la guerre).
→ « La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par l’immixtion d’autres moyens » = la guerre est limitée à l’atteinte d’objectifs politiques.
Guerre réelle. Dans la réalité, les guerres sont le fait d’États qui proportionnent leur effort et leur stratégie militaire à l’objectif. C’est ce qu’il nomme la guerre réelle. Exemple : Clausewitz évoque la Guerre de Sept Ans (1756-1763), guerre « classique » opposant deux coalitions. C’est l’une des premières guerres « mondiales » car les belligérants s’opposent en Europe mais aussi dans les colonies. C’est une guerre régulière.
La guerre de Sept Ans, à laquelle le père de Clausewitz a participé dans l’armée de Prusse, est souvent citée dans son ouvrage pour illustrer sa théorie de la « guerre réelle ».
Nous nous demanderons donc dans quelle mesure la guerre de Sept Ans correspond bien au modèle de la « guerre réelle » défini par Clausewitz.
I - Une guerre moderne, la Guerre de Sept ans
La guerre de Sept Ans (1756-1763) est un conflit armé interétatique à dimension géopolitique mondiale qui a opposé deux coalitions de belligérants : la Grande-Bretagne, la Prusse et leurs alliés face à la France, l’Autriche et la Russie. Le royaume uni d’Angleterre et le royaume de France qui s’affrontent en ce que l’on a appelé « la seconde guerre de Cent Ans ».
Les raisons de la guerre sont multiples et les combats s’inscrivent en Europe autant que dans les colonies françaises et anglaises.
A – La guerre de sept ans : continuation de la politique par d’autres moyens ?
- Les causes
« Continuation de la politique par d’autres moyens », le conflit l’est tout d’abord dans ses causes. Fruit d’un renversement des alliances traditionnelles s’expliquant par le contexte politique du milieu du XVIIIe siècle – la France et l’Autriche, longtemps ennemies se rapprochent pour contrer l’essor de la Prusse, cette guerre s’explique aussi par des ambitions politiques et territoriales. L’Autriche souhaite ainsi récupérer la Silésie, obtenue en 1747 par la Prusse quand la France et la Grande-Bretagne – aidée par l’Espagne - sont à la lutte pour la domination d’espaces coloniaux en Amérique du Nord et dans les Indes (cf. 1 p. 108). Le conflit est soumis au politique dans son déroulement.
- Démographie : Goliath contre David.
Avec environ 24 millions de sujets en 1750, le royaume de France est l’Etat le plus peuplé à l’Ouest de l’Oder, contre 10,4 millions aux îles britanniques (dont 6 millions d’Anglo Gallois). Certes, la natalité française est peu dynamique comparée à celle d’outre-Manche mais la masse humaine acquise intimide et permet à Paris d’entretenir une armée considérable, la première d’Europe par son nombre. Jamais Louis XV ne manquera de soldats, un atout certain dans la guerre sur le continent. En revanche, en termes d’empire, la balance est pro-britannique, notamment grâce à la croissance spectaculaire des colonies Nord-Américaines : 900 000 colons en 1740, 1,6 million en 1760. Soit 12 à 20 fois la population du Canada français !
- Absolutisme à la dérive contre monarchie parlementaire.
A Versailles règne en principe Louis XV, et sans partage. Travailleurs et plein de bonne volonté, le roi rechigne cependant à jouer le rôle de directeur et coordonnateur qu’assurait le légataire fondateur de l’absolutisme total, Louis XIV. Le résultat de ce désengagement royal est désastreux. Versailles est un bourbier d’intrigues où naviguent temporairement des ministres ballotés par des factions rivales dominées par la marquise de Pompadour, favorite royale.
Le système politique de Londres apparaît comme bien supérieur. Après une révolution et plusieurs guerres civiles sanglantes, l’Etat est désormais solidement organisé autour d’un parlement. Pas question de démocratie à Westminster : les députés font partie d’une oligarchie de grande noblesse et les places s’y achètent. Ces élites sont cependant parties prenantes de l’empire commercial, colonial et maritime qui s’organise et elles ont tout intérêt à le développer. Souveraine en termes de décision fiscale, le parlement impose de plus une réelle limite à l’arbitraire royal et empêche ainsi que les préoccupations personnelles du souverain – le Hanovre, dont il est grand-électeur – n’affectent la conduite de la guerre.
Au sein du cabinet, coordonné par le grand chef qu’est William Pitt, on discute certes, mais on travaille en équipe au service d’une stratégie commune.
- Economie et finances : ruralité archaïque contre capitalisme pré industriel.
La France en 1755 est un pays rural appuyé sur une agriculture aux méthodes archaïques : il y a deux sévères disettes 1750 et en 1752 et l’on meurt encore de faim. La production manufacturière proto-industrielle et le système financier, discrédité par des « affaires » comme la banqueroute de Law en 1720, ne décollent pas. Il faut dire que le pouvoir, détenu sans partage par une noblesse arc-boutée sur ses privilèges ne favorise guère l’ascension d’une bourgeoisie d’affaires.
Le tableau est totalement différent outre-Manche. Le développement d’une économie proto-industrielle aux débouchés tant coloniaux qu’européens favorise une urbanisation rapide, mais aussi le développement de la banque et de la finance d’affaires. Cette bonne santé économique permet à l’Etat d’envisager sereinement la conduite d’une guerre. Il peut en effet emprunter considérablement, sans remettre en cause sa solvabilité, et sans écraser d’impôt les classes aisées.
B – La guerre de sept ans : une guerre totale ?
- C’est un « duel à grande échelle « entre des adversaires de taille comparable,
Des Etats modernes dont les armées, essentiellement composées de soldats de métier, sont soumises à l’autorité du souverain qui se fait parfois chef de guerre comme c’est le cas de Frédéric II de Prusse, qui prend part aux combats et décide de la stratégie militaire – l’usure – comme des renversements d’alliance (cf. 4 p. 109). Les moyens employés sont d’autre part proportionnés aux objectifs politiques poursuivis comme le rappelle Clausewitz à propos de ce conflit : « Dès que la dépense d’énergie devient trop importante [par rapport) à la fin politique, la paix doit s’ensuivre ». Ainsi, Frédéric II a adopté une stratégie défensive et économisé ses forces afin de ne pas payer un tribut trop lourd à cette guerre en cherchant davantage à décourager ses adversaires qu’à les détruire (cf. 3 p. 109). Il s’agit donc bien d’une guerre limitée (avec des effectifs relativement faibles) qui ne visait en aucun cas l’anéantissement de l’ennemi
- Reste qu’on constate lors de la guerre de Sept Ans un début de ce que Clausewitz qualifie de « montée aux extrêmes ».
- D’abord par la volonté de fer de Frédéric II
A la fois souverain et véritable chef de guerre.
- La révolution industrielle balbutiante donne toute sa place à l’artillerie
Tant dans les batailles que dans le siège ou le bombardement des villes et garnisons (Breslau en 1757, Le Havre en 1758)
- Une guerre d’embuscade en Amérique du Nord
On observe donc bien dans la guerre de Sept Ans les prémisses d’une montée aux extrêmes que constituent, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, les guerres révolutionnaires et impériales.
- Le succès de la stratégie britannique.
Comme l’a dit Pitt, le commerce est tout. Et pour s’assurer de la suprématie mondiale, il faut contrôler les océans. D’où l’importance accordée à la Royal Navy. Grâce à sa présence permanente en mer, Londres vise le contrôle définitif de l’Atlantique du Nord, mais aussi de tout ce qui y transite (vers l’Inde notamment). Versailles a parfaitement perçu le dessein britannique. C’est pour cela que la France entretient à grands frais des établissements au Canada, guère rentables, à l’exception notable de la pêche : ils ne servent que d’entrave à la puissance anglaise, et permettent à la France de garder en Europe même le premier rang.
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